Enquête 2001 sur la qualité de service des réseaux de téléphonie mobile en France Editorial de Jean-Michel Hubert Pour la cinquième année consécutive, l’Autorité de régulation des télécommunications a mené, en concertation avec les opérateurs et les associations de consommateurs et d’utilisateurs, une enquête d’évaluation de la qualité de service des réseaux de téléphonie mobile en France métropolitaine, telle qu’elle peut être perçue au quotidien par les clients des trois opérateurs. Cette enquête, conduite par Thales Idatys, s’est déroulée sur 6 semaines, entre mi-octobre et fin novembre 2001. Plus de 26 000 appels et 2 800 envois de messages courts ont été réalisés, dans les conditions d’utilisation courantes du téléphone mobile. Les problématiques " couverture " et " qualité de service " Ainsi que je l’annonçai l’an dernier, l’Autorité a réalisé en 2001, pour la première fois, deux types d’enquêtes pour mieux rendre compte de deux problématiques distinctes, mais complémentaires, de la téléphonie mobile : Principales évolutions par rapport à l’enquête menée en 2000 L’enquête menée en 2001 a évolué sur un certain nombre de points par rapport à celle menée en 2000 : tout d’abord, une innovation importante réside dans les services de données qui sont présents pour la première fois dans l’enquête 2001 : les mesures SMS ont ainsi permis d’évaluer la qualité de ces messages courts, notamment leur délai de réception et leur intégrité. Il devenait en effet nécessaire, dès lors que de nombreux consommateurs utilisent régulièrement un service, de l’intégrer dans cette campagne de mesures. Cette approche devrait être poursuivie et développée dans les prochaines enquêtes.
Au vu des résultats de l’enquête, il est possible de tirer plusieurs enseignements :
Je tiens par ailleurs à remercier, pour la qualité de son travail, Thales Idatys qui a réalisé l’enquête. Jean-Michel Hubert Remarques générales L’objet de cette enquête, menée sur une base annuelle, est d’apprécier la qualité de service des réseaux de téléphonie mobile en France. Les opérateurs concernés par l’étude, à savoir France Télécom, SFR et Bouygues Télécom, ainsi que des associations de consommateurs et d’utilisateurs ont été associés à la définition du cahier des charges de l’étude. Limites de l’exercice L'évaluation porte sur la qualité des services de téléphonie mobile perçue par les clients, dans les conditions où ceux-ci les utilisent au quotidien. Toutefois, cette évaluation est menée sur une période limitée, qui demeure donc la seule sur laquelle il est rendu compte du fonctionnement de ces services. Il convient de souligner que les opérateurs apportent en permanence des améliorations à leur réseau, tant en matière de qualité de service que pour accroître la couverture. Les travaux qu'ils mènent dans ce but peuvent, pendant leur durée d’exécution et sur des zones géographiquement limitées, entraîner une dégradation momentanée de la qualité de service. Afin notamment de rendre l’étude plus représentative de l’usage des services de téléphonie mobile, chacun des trois réseaux a été testé avec deux terminaux bi-bande correspondant aux meilleures ventes récentes de packs de chaque opérateur. Les différences de performances existant naturellement entre les terminaux ont pu avoir une incidence, difficile à évaluer, sur les résultats des mesures effectuées sur chaque réseau. Précision statistique et arrondis Enfin, il convient de rappeler que, comme dans tout sondage, les résultats de la présente enquête comportent une marge d’imprécision. La précision statistique indiquée en dessous de chaque résultat est l’intervalle qui contient le résultat selon une probabilité de 95%. Toute comparaison entre les différents indicateurs doit donc tenir compte de cet intervalle de confiance. Par ailleurs, pour être en cohérence avec cette imprécision statistique, les résultats de la présente enquête ont été arrondis au % le plus proche. Il convient de rappeler que :
I. Caractéristiques techniques de l’enquête 1. Configuration générale de l’enquête Les enquêteurs munis de téléphones mobiles et les enquêteurs munis de téléphone fixe s’appellent entre eux sur les différents réseaux de téléphonie mobile à tester. Ils testent l’obtention de l’appel (absence d’échec), le maintien de la communication pendant 2 minutes (absence de coupure) et la qualité auditive de la communication. Les appels sont passés pour partie du fixe vers le mobile (33%), et pour partie du mobile vers le fixe (67%). Plusieurs situations d’utilisation sont testées :
Un complément de mesures est réalisé pour les SMS (service de messages courts). Pour toutes les situations d’utilisation, les mesures sont menés simultanément sur les trois réseaux, au même endroit géographique. Chaque réseau est testé par un " binôme " d’enquêteurs, l’un mobile et l’autre fixe. Pour les SMS, les messages sont envoyés simultanément de chaque réseau à tester vers le même réseau et toujours au même endroit géographique. En voiture, dans les trains de banlieue ou dans les TGV, un kit oreillette est utilisé. En mode piéton, le mobile est tenu à la main. Les mesures piétons en intérieur (bureaux et habitations privés) sont réalisées en 1er jour (pièces avec fenêtres), à moins de 3 mètres des ouvertures. Elles sont réparties entre les rez-de-chaussée et les étages de manière équitable, les sous-sols étant exclus. Les horaires de mesures sont réparties de la manière suivante :
Les appels ont été effectués, à même proportion, avec deux types de mobiles bi-bande pour chaque réseau :
Le choix des mobiles correspondent aux " packs " les plus vendus de chaque opérateur au cours des mois de mai, juin et juillet 2001. Pendant tout le déroulement de l’enquête, les opérateurs ne connaissaient ni les jours, ni les lieux où s’effectuaient les mesures. Ils ne connaissaient pas non plus la liste des villes tirées au sort parmi les agglomérations de moins de 400 000 habitants et les abonnements utilisés dans le cadre de l’enquête. L’échantillon a été construit de manière à :
Les mesures pour chaque opérateur sont réparties de la manières suivante
Le nombre total de mesures est de : 8946 appels téléphoniques et 937 SMS pour chaque opérateur. 2.1 Sélection des agglomérations Les grandes agglomérations, de plus de 400 000 habitants, sont, depuis le recensement de la population française de mars 1999, au nombre de 12 : Paris, Marseille-Aix-en-Provence, Lyon, Lille, Nice, Toulouse, Bordeaux, Nantes, Toulon, Douai-Lens, Strasbourg et Grenoble. Toutes ont été retenues et testées, en distinguant les " zones très denses " et " autres zones denses " selon les critères suivants :
Pour les agglomérations 50 000 à 400 000 habitants, un tirage au sort a été effectué selon la même méthode que les années précédentes :
Cette méthode de tirage renforce volontairement la représentation des petites agglomérations par rapport à un tirage où chaque agglomération aurait été affectée d’une probabilité proportionnelle à sa population. Les 20 villes tirées au sort sont par ordre alphabétique : Amiens, Angers, Bayonne, Beziers, Bourg-en-Bresse, Bourges, Calais, Clermont-Ferrand, Dunkerque, Le Havre, Maubeuge, Meaux, Montluçon, Montpellier, Nancy, Niort, Rouen, St-Nazaire, Tours et Valence. La sélection des agglomérations est récapitulée dans le tableau suivant :
2.2 Conditions de mesures dans les agglomérations Après avoir ainsi déterminé la localisation et le nombre des mesures, un certain nombre de conditions supplémentaires ont été prises en compte :
D’une façon générale, l’extension de chaque agglomération testée correspond à la définition de l’INSEE donnant la liste des communes appartenant à l’agglomération. Les grandes agglomérations de plus de 400 000 habitants sont subdivisées en " zones très denses " et " autres zones denses " comme il est expliqué plus haut. Dans les autres agglomérations, sont distinguées la " ville ", qui est la commune principale, et la " banlieue " qui correspond au reste de l’agglomération.
Dans les grandes agglomérations de plus de 400 000 habitants, le territoire à tester est divisé en zones de surfaces équivalentes, avec un certain nombre d’appels à effectuer. Certains points de passage obligés sont déterminés. Les enquêteurs ajustent leurs parcours en fonction du terrain (circulation et sens interdits), l’objectif étant de couvrir équitablement la zone. Dans les autres agglomérations, les mesures sont réparties pour 2/3 en ville et 1/3 dans le reste de l’agglomération. Elles sont effectuées sur des parcours incluant les axes principaux et, dans les zones bâties (centre ville, aéroport, gare, lieux touristiques, zones d’activités), avec certains points de passage obligés établis pour chaque agglomération.
La répartition des mesures effectuées à pied à l’extérieur et à l’intérieur des bâtiments est donnée par le tableau du début du §2. Dispositions communes aux mesures piéton en extérieur et en intérieur Dans les grandes agglomérations de plus de 400 000 habitants, les mesures sont réparties selon le même principe de division en zones de surfaces équivalentes que pour les mesures en voiture. Dans les autres agglomérations, les mesures sont effectuées dans les zones bâties, avec une répartition 2/3 en ville, 1/3 dans le reste de l’agglomération. Partout, il a été évité de faire des mesures aux mêmes endroits que celles effectuées en voiture et ces mesures ont été dispersées le plus possible sur le territoire à tester. Mesures piétons en extérieur Les mesures sont faites pour 2/3 en déplacement et 1/3 à l’arrêt. En chaque point mesuré, une seule mesure est réalisée de façon à obtenir la meilleure dispersion géographique. Les emplacements sont choisis parmi les zones fréquentées par les piétons (zones bâties, parcs et jardins, plages, ...). Mesures piétons en intérieur Tous les appels sont passés en 1er jour (pièce avec fenêtre) à moins de 3 mètres des ouvertures, sans se déplacer, aux rez-de-chaussée et dans les étages, les sous-sols étant exclus. Dans certains lieux publics (gares par exemple) la notion de 1er jour n’a pas de sens particulier. Les mesures se font alors dans les emplacements fréquentés. Aucune mesure n’est faite en sous sol. Les mesures sont réparties selon le type de bâtiment : 50% dans les lieux publics, 30% dans les immeubles de bureaux privés, 20% dans des locaux d’habitation privés. La dispersion des mesures est assurée de la façon suivante :
2.3 Sélection et conditions de mesures dans les trains de banlieue des grandes agglomérations L’importance du réseau de banlieue est très inégale selon les agglomérations. Seules Paris, Lyon, Marseille-Aix-en-Provence et Lille ont des réseaux de banlieue importants, par rapport à toutes les autres. Les mesures ont donc été réalisées dans ces quatre agglomérations, selon les proportions suivantes : 64% à Paris, 14% à Marseille-Aix-en-Provence, 13% à Lyon et 9% à Lille. Les différentes positions des enquêteurs
dans les rames ont été testées : fenêtre
ou couloir, bas ou haut dans les rames, un côté de la voie
à l’aller, puis l’autre au retour. Les trois enquêteurs sont
toujours groupés pour évaluer les trois réseaux dans
les mêmes conditions Les lignes de TGV testées dans les 2 sens sont : Paris - Lille, Paris - Bordeaux, Paris - Arras, Paris - Lyon, Paris - Rennes, Paris - Nantes, Paris - Calais (Eurostar), et enfin Lille - Lyon. Les différentes positions des enquêteurs dans les rames ont été testées : fenêtre ou couloir, bas ou haut dans les rames, un côté de la voie à l’aller, puis l’autre au retour. Les trois enquêteurs sont toujours groupés pour évaluer les trois réseaux dans les mêmes conditions. 2.5 Sélection et conditions de mesures pour les SMSPour chaque opérateur, les mesures sont réalisées pour des messages SMS envoyés depuis et vers des mobiles du réseau de l’opérateur. Le mobile de réception est situé en zone couverte et reste statique. Le message SMS envoyé est identique pour tous les opérateurs et pour toutes les mesures. ; il est constitué de 26 caractères remplis par les lettres majuscules de l’alphabet (" ABCD … XYZ "). La durée entre l’émission et la réception du message est mesurée ; le contenu de ce message est aussi vérifié sans erreur lors de sa réception ; et enfin, l’horodatage du message reçu permet d’identifier le message émis de manière certaine. Sur le mobile de réception, le message reçu est effacé avant l’envoi du message suivant. Les mesures sont réparties aléatoirement et de façon homogène sur l’ensemble des 12 grandes agglomérations et pour tous les opérateurs en même temps. Les séries d’appels sont faits des " NOKIA 3310 " de chaque opérateur vers les " Siemens A36 / Alcatel One Touch 501 / Nokia 3210 " de ces opérateurs (50%) et inversement (50%). Ces séries de mesures sont redécoupées en 2 scénarii avec une répartition de 50% chacun :
Au delà d’une durée de 5 minutes, le message est considéré comme non reçu. Tout message non envoyé par refus du réseau est considéré comme non reçu. La qualité auditive est notée par les enquêteurs mobiles et fixes, selon une échelle à 4 niveaux :
Chaque enquêteur, mobile et fixe, porte une appréciation sur les communications maintenues 2 minutes. N’est retenue que l’appréciation la plus sévère des deux. La particularité du " handover " (cliquetis lors du changement de cellule) est exclue de l’appréciation de la qualité auditive. Des dispositions ont été prises à la fois pour garantir une appréciation objective de la qualité de la part des enquêteurs, et pour éviter les divergences d’évaluation et leurs conséquences sur les résultats. Les enquêteurs ont été formés spécifiquement pour identifier les perturbations typiques pouvant survenir sur les réseaux de téléphonie mobile et qualifier les communications de façon rigoureuse. Les mesures prises pour garantir un étalonnage objectif et homogène de la qualité auditive sont :
Avant le début de l’enquête, tous les matériels utilisés ont été vérifiés par le consultant .La vérification consiste à contrôler le bon fonctionnement comme le ferait un usager classique en vérifiant notamment le bon accrochage du réseau, le contrôle de la batterie et les premières communications. Au cours de l'enquête, l'apparition d'éventuels problèmes de fonctionnement est surveillée en temps réel. S’il en apparaît et qu'ils proviennent du matériel utilisé, les mesures sont marquées de manière spécifique dans la base pour ne pas être prises en compte dans les résultats. Ces mesures sont alors refaites après correction du problème Les mesures ont été effectuées entre le 22 octobre et le 30 novembre 2001 :
5. Equipes et déroulement de l’enquête Un chef de projet, deux superviseurs et une assistante assurent la formation des équipes, l’organisation des itinéraires, le respect des modes opératoires et le bon déroulement de l’enquête. Les mesures en agglomérations sont réalisées par trois équipes de 7 personnes (1 chauffeur, 3 enquêteurs mobiles, 3 enquêteurs fixes), les mesures dans les trains de banlieue par une équipe de 6 personnes (3 enquêteurs mobiles et 3 enquêteurs fixes), les mesures dans les TGV par une équipe de 6 personnes (3 enquêteurs mobiles et 3 enquêteurs fixes) et les mesures des SMS par deux équipes de 2 enquêteurs mobiles. Au plus fort de l’enquête, 37 personnes ont été mobilisées pour réaliser l’enquête terrain. Les enquêteurs fixes étaient situés dans le siège social du consultant à Plaisir (Yvelines). Le travail de chaque équipe est guidé et sécurisé par une application informatique qui notamment rythme les appels et indique le sens de l’appel. Chaque enquêteur fixe effectue la saisie des résultats de mesures et des repères topographiques, selon ses propres informations et celles que lui communique l’enquêteur mobile pendant les communications. Les positions en voiture sont repérées par un système de localisation GPS automatique, et celles à pied par un système de localisation GPS manuel, ce qui permet de vérifier le respect des consignes concernant les trajets, de repérer les mesures, et d’aider au diagnostic en cas de problème. Au cours de l’enquête, l’apparition d’éventuels problèmes de fonctionnement affectant anormalement la qualité sur un ou plusieurs réseaux est surveillée en permanence. S’ils proviennent du réseau d’un opérateur et sont non-récurrents, ils sont considérés comme des inconvénients subis par les clients, et les mesures sont prises en compte. S’ils sont récurrents (panne totale d’un réseau dans une zone par exemple), ils sont immédiatement signalés à l’Autorité de Régulation des Télécommunications, qui définit la conduite à tenir (suspendre les mesures puis refaire les mesures par exemple). Le matériel utilisé par les enquêteurs (mobiles, batteries, chargeurs, kit oreillette) fait l’objet d’une attention particulière des enquêteurs pour éviter que des défaillances puissent influencer les résultats des mesures |