Etude technique, économique et réglementaire de l’évolution vers les réseaux de nouvelle génération (NGN, Next Generation Networks) - Synthèse / Octobre 2002


Etude réalisée par le cabinet Arcome
pour le compte de l'Autorité de régulation des télécommunications

En téléchargement (doc / rtf)

Sommaire

1 Préambule : contexte et objectifs de l’étude

2 Distribution de l’intelligence dans le réseau et ouverture à des services tiers

3 Maturité contrastée des offres et complexité technologique

4 Plusieurs approches de migration

5 Une mutation profonde des relations entre acteurs

6 Les enjeux pour la régulation : l’animation du marché

Liste des Figures

Figure 1 : Principe général d’architecture d’un réseau NGN (Source : Arcome)

 

 

Evolution vers les NGN - Synthèse de l’étude

 

1  Préambule : contexte et objectifs de l’étude

L’évolution des réseaux et services vers les " réseaux de nouvelle génération " ou NGN (Next Generation Networks) est une tendance majeure des télécoms, pour laquelle le marché montre un intérêt accru. Les constructeurs font démonstration de leurs nouveaux produits lors des salons professionnels et conférences. Les débats sur l’évolution vers le tout IP ou sur les conditions de mise en œuvre de modèles économiques viables pour les opérateurs et fournisseurs de services, dans le cadre de l’UMTS, alimentent la presse spécialisée.

Les organismes de régulation doivent s’assurer que le marché qui émerge de cette évolution est équitable, ouvert et compétitif, et être en mesure notamment d’identifier au plus tôt les futurs domaines d’intérêt liés à leur activité en vue de remplir au mieux leurs missions. Afin de mieux comprendre les enjeux techniques, économiques et réglementaires de cette évolution qui s’inscrit sur une tendance long terme, l’ART a donc mené une étude sur plusieurs volets :

  • Une étude technologique a permis de décrire et comprendre l’ensemble des concepts nouveaux globalement désignés sous l’appellation NGN.
  • Une étude qualitative du marché des constructeurs et des équipements de nouvelle génération a permis de comprendre la position des différents acteurs et de mesurer la disponibilité, la maturité et le coût des offres.
  • Une étude économique des NGN a permis d’analyser la position des acteurs en place et des nouveaux entrants (opérateurs et fournisseurs de services et de contenus) sur les marchés français et européen et leur stratégie vis à vis des NGN, ainsi que de comprendre leur approche de la migration et des nouveaux modèles économiques résultant de cette évolution.
  • Une analyse des champs d’action pour la régulation du marché, a permis de dégager un certain nombre de pistes envisageables en vue de la mise en œuvre d’un environnement favorable aux NGN, le tout dans la perspective du nouveau cadre réglementaire européen.
  • Cette étude prospective, réalisée par la société de conseil en Télécommunications Arcome, s’appuie sur une importante recherche documentaire et des interviews réalisées auprès d’un panel de 11 constructeurs et 9 opérateurs ou fournisseurs de services, choisis pour leur forte implication dans les solutions de nouvelle génération ou pour leur influence importante sur le monde des télécommunications.

    Il ressort globalement de cette étude que l’évolution vers les NGN représente encore à ce jour un sujet relativement amont, notamment du point de vue des opérateurs et fournisseurs de services. Par ailleurs, la conjoncture actuelle influe fortement sur les positions vis-à-vis des NGN : les acteurs sont confrontés à des problématiques de financement et de pérennité, ce qui les met donc dans un contexte actuel peu favorable à des évolutions techniques et à l’élaboration de nouveaux business models.


    2  Distribution de l’intelligence dans le réseau et ouverture à des services tiers

    L’évolution progressive du monde des télécommunications vers des réseaux et des services de nouvelle génération est aujourd’hui une tendance forte qui suscite l’intérêt d’une majorité d’acteurs. Elle résulte de la conjonction d’un ensemble de facteurs favorables et moteurs :

  • Des évolutions profondes de la structuration du marché des télécoms : dérégulation des marchés de la boucle locale et du transport longue distance, recherche d’optimisations de réseau et de réduction des coûts, recours à l’externalisation...
  • Des évolutions majeures en termes de services et usages : essor des services de données, notamment Internet et multimédia, recherche de mobilité et d’accessibilité totale, besoin de développement de nouveaux marchés de la part des opérateurs et fournisseurs de services.
  • Des évolutions technologiques fortes, avec notamment l’évolution des réseaux d’accès et de transport vers le très haut débit, la généralisation et les évolutions du protocole IP en faveur d’une qualité de service différenciée.
  • Il découle de ce contexte le besoin - et la faisabilité technique - d’une évolution vers un nouveau modèle de réseaux et de services appelé NGN (Next Generation Networks). En vue de s’adapter aux grandes tendances qui sont : la recherche de convergence et de souplesse d’évolution de réseau, la distribution de l’intelligence dans le réseau, et l’ouverture à des services tiers, les NGN se basent sur une évolution progressive vers le " tout IP " de bout en bout.

    Le système NGN offrira des services multimédia convergents en s’appuyant sur un réseau support mutualisé et caractérisé par plusieurs éléments essentiels :

  • Un cœur de réseau unique et mutualisé pour tous types d’accès et de services.
  • Une architecture de cœur de réseau décomposée en trois couches : Transport, Contrôle et Services.
  • Une évolution du transport en mode paquet (transport des flux IP en IP natif, ou sur ATM à court terme avec une convergence progressive vers IP).
  • Des interfaces ouvertes et normalisées entre chaque couche, et notamment au niveau des couches Contrôle et Services afin de permettre le développement et la réalisation par des tiers de services indépendants du réseau.
  • Le support d’applications multiples, multimédia, temps réel, transactionnelles, en mobilité totale, adaptables à l’utilisateur et aux capacités croissantes et variées des réseaux d’accès et des terminaux.

  • Figure 1 : Principe général d’architecture d’un réseau NGN (Source : Arcome)

    Les réseaux de télécommunications traditionnels évolueront donc vers un modèle ouvert, distribué, fortement basé sur le protocole IP et la transmission en mode paquet en général, le tout de manière transparente aux utilisateurs.

    Les services NGN, qui recèlent un fort potentiel de nouveaux usages, s’appuieront, eux, sur des modèles permettant une exécution transparente au réseau (modèle " Web services " issu d’Internet) ou avec la contribution de celui-ci (modèle Open Service Architecture issu des télécoms). Il ressort nettement que la complexité et la diversité des nouveaux services multimédia tire le marché vers le monde du logiciel. Si les technologies associées sont mûres ou en passe de l’être, les usages restent cependant à créer.


    3  Maturité contrastée des offres et complexité technologique

    Les offres NGN ont encore actuellement une maturité contrastée :

  • un certain nombre de produits NGN n’ont pas encore atteint leur pleine maturité ou leur stabilité, et une attention particulière est à porter à la gestion de la qualité de service qui ressort comme un défi technologique clé, aux capacités initiales des solutions de commutation NGN, et aux solutions transitoires s’appuyant sur des protocoles propriétaires ou voués à disparition à moyen terme.
  • Cette maturité encore faible des solutions impliquera vraisemblablement à court terme une orientation vers des solutions mono-constructeur (du moins par type d’équipement NGN).
  • Si le domaine mobile présente des signes plus visibles d’évolution vers les NGN (forte visibilité sur l’évolution des terminaux et des réseaux, l’UMTS étant, dans sa deuxième phase, le premier système complet spécifié selon une architecture NGN), les premiers déploiements effectifs de solutions NGN sont constatés dans le domaine des réseaux fixes (transit voix, voix sur IP, xDSL).
  • Ces nouvelles technologies convergentes et fortement évolutives font ressortir le rôle essentiel de la normalisation/standardisation. En effet, l’ouverture des réseaux et services implique l’obligation d’implémenter des solutions et interfaces normalisées et interopérables. De plus, la mise en œuvre des NGN se traduit à court terme par l’apparition de variantes d’architecture et de générations successives de protocoles, ce qui soulève des risques d’interopérabilité et de divergence. Dans ce contexte :

  • Les organismes de standardisation issus d’Internet (notamment l’IETF) ressortent comme ayant un rôle dominant dans la spécification des protocoles et briques technologiques des NGN,
  • Les organismes de normalisation historiques (ETSI et UIT) doivent cependant prendre leur place dans ce mouvement, afin de fédérer ces initiatives, spécifier une architecture générale commune, assurer l’accessibilité et la diffusion des normes et standards applicables, et consolider les programmes de tests d’interopérabilité.
  • Dans un contexte d’accélération des avancées technologiques où les opérateurs et fournisseurs de services tendent à s’appuyer sur les constructeurs pour la spécification des futures solutions, un rôle d’animation du régulateur en vue de coordonner les intérêts et avancées de l’ensemble des acteurs au niveau national serait bénéfique.
  • L’un des enjeux sera de résoudre le paradoxe d’un modèle de réseaux et services qui se veut ouvert, mais dont la complexité technologique peut s’avérer un frein à la mise en œuvre effective de cette ouverture, et donc au libre choix de l’utilisateur final, notamment en terme de services. Cette difficulté s’ajoute à celle de l’adoption de nouveaux modèles économiques qui impliqueront un bouleversement des relations entre les acteurs de l’ensemble du secteur des communications électroniques.


    4  Plusieurs approches de migration

    La migration vers les NGN apparaît comme un processus inévitable du fait de la double convergence voix/données/image et fixe/mobile. Elle est déjà enclenchée par un certain nombre d’acteurs en France, en Europe et sur d’autres continents, et ses impacts doivent donc être analysés et anticipés. Cependant elle s’annonce longue (une échelle de temps de 10 à 20 ans semble raisonnable), incomplète (cohabitation inévitable avec les architectures dites traditionnelles) et difficile à court terme du fait de l’existence de solutions concurrentes ayant des niveaux de fonctionnalités et de maturité différents, et des problématiques d’interopérabilité de bout en bout.

    La pertinence des solutions NGN est variable selon les types d’acteurs :

  • Les opérateurs et fournisseurs de services pour lesquels les solutions NGN semblent les plus pertinentes sont les futurs nouveaux acteurs (non encore établis), Les acteurs du monde des données souhaitant diversifier leurs activités (notamment les ISP), les opérateurs anticipant une forte croissance et/ou une diversification rapide de leurs activités (ex. : opérateurs BLR ou xDSL), les opérateurs prévoyant une forte baisse de leur trafic voix au profit du trafic données, et les opérateurs mobiles.
  • Les acteurs qui semblent les plus en retrait par rapport aux solutions NGN sont ceux ayant investi fortement et récemment dans des infrastructures de commutation voix traditionnelle TDM, et les opérateurs ayant déjà un accès boucle locale bas débit et des commutateurs d’accès.
  • A noter aussi que l’évolution vers les NGN ne revêt pas un caractère obligatoire, malgré l’opinion exprimée dans le sens contraire par certains acteurs.

    Même si les acteurs voient comme déclencheurs importants  vers les NGN le développement des usages et la création de valeur (introduction de nouveaux services et marchés), les arguments immédiats mis en avant dans le cadre de la migration des opérateurs et fournisseurs de services vers les NGN sont fortement influencés par la conjoncture actuelle :

  • Les arguments techniques (convergence des réseaux voix et données, optimisation des réseaux) et économiques (gains en coûts d’acquisition et de fonctionnement, avec un retour sur investissement rapide) prédominent par rapport à l’argument marketing d’évolution vers de nouveaux services multimédia, qui est fortement mis en avant par les constructeurs et qui n’arrivera que dans un second temps aux yeux des opérateurs.
  • Le poids des infrastructures existantes et les problématiques d’amortissement et de retour sur investissement sont au cœur de leurs décisions d’évolution.
  • Le dilemme à résoudre par les acteurs est de développer l’offre de services mais en prenant en compte une enveloppe globale de dépenses des clients relativement constante. Il devient dès lors essentiel d’économiser sur les coûts techniques liés au réseau pour maximiser les revenus liés aux services.
  • Ces contraintes financières sont a priori moins fortes pour les entreprises que pour le grand public, et les besoins de services des entreprises évoluent plus rapidement. Les grands comptes utilisateurs pourraient donc être moteurs pour l’évolution des réseaux d’opérateurs vers les NGN.
  • Enfin, notons que certains acteurs plutôt positionnés sur la couche Services (notamment les ISP se diversifiant vers des activités " voix " et les purs fournisseurs de contenus/services) considèrent que leurs réseaux actuels sont déjà NGN.
  • Les économies financières attendues des offres NGN sont elles aussi à nuancer à court terme :

  • Si à moyen/long terme, une baisse forte des coûts d’achat des solutions NGN est prévue par tous, à court terme ces montants sont fortement dépendants de l’existant de l’opérateur et de ses relations commerciales avec le(s) constructeur(s). Les économies en investissement induites par les NGN ne sont effectives que pour un déploiement initial sans réseau préexistant.
  • Concernant les coûts récurrents liés aux solutions NGN, alors que les constructeurs sont quasiment unanimes pour dire que des gains immédiats significatifs seront apportés par les solutions NGN, les avis des opérateurs et fournisseurs de services sont moins enthousiastes et plus contrastés, du fait notamment de possibles surcoûts indirects liés à la migration.
  • La méthode de migration des opérateurs vers les NGN sera a priori d’autant plus longue et progressive que ces derniers sont établis et disposent d’un réseau important. La plupart des acteurs interviewés s’accordent à dire que les opérateurs déjà établis favoriseront une migration en douceur s’appuyant plutôt sur un transport ATM, alors que les nouveaux opérateurs s’orienteront plus rapidement vers une solution " tout NGN " et favoriseront les infrastructures IP natives.


    5  Une mutation profonde des relations entre acteurs

    L’essor des NGN permettra alors l’ouverture des réseaux et le développement du marché des fournisseurs de services et contenus :

  • Ces activités représentent un très fort potentiel de nouveaux acteurs spécialisés, notamment dans les prestations d’externalisation (ASP, MVNO, Centrex, administration de réseau…). Ce potentiel est à encourager par des conditions économiques et réglementaires favorables. On peut aussi anticiper l’émergence et le rôle croissant des tiers de confiance (services d’authentification, de paiement, de kiosque ou portail…).
  • Les services étant de plus en plus liés aux capacités nouvelles des terminaux et la visibilité commerciale étant importante, la détention des systèmes d’exploitation et des logiciels applicatifs clients sera un atout majeur pour le positionnement des grands éditeurs logiciels en qualité de fournisseurs de services NGN.
  • Malgré un foisonnement initial prévisible de nouveaux petits acteurs, cette phase sera vraisemblablement suivie de regroupements pour des questions de visibilité client, ce qui légitime le positionnement récent des grands éditeurs logiciels en qualité de fournisseurs de services NGN, et laisse présager un rôle clé des portails et agrégateurs de contenus.
  • La modification des relations entre acteurs rendra de plus en plus sensibles les problématiques d’interconnexion, de redistribution des revenus et de refacturation
  • Les NGN seront l’occasion d’une mutation profonde des relations entre acteurs, et notamment entre opérateurs et fournisseurs de services :

  • L’élément clé de la réussite dans un contexte NGN est la maîtrise de la base client. C’est le point fort historique des opérateurs, mais aussi la source de légitimité du positionnement potentiel de certains acteurs du domaine logiciel, ou fournisseurs de services et contenus.
  • La concurrence sur les réseaux d’accès représente encore une réelle priorité à court terme pour la plupart des acteurs : il y a encore des demandes fortes d’évolution vers le haut débit, d’extension de l’offre de dégroupage,… qui seront à résoudre en relation avec des problématiques d’aménagement du territoire. Cette focalisation sur les problématiques d’accès n’est cependant pas uniquement liée aux NGN, et masque aussi vraisemblablement l’absence actuelle d’ouverture entre réseaux et services.
  • La problématique de redistribution des revenus entre acteurs est au cœur de cette réussite : le budget global de communications du consommateur n’évoluera pas suffisamment pour éviter un changement des modèles de revenus et une redistribution à l’ensemble des acteurs de la chaîne, jusqu’au fournisseur de services.
  • Cette redistribution, à moyen terme, sur la chaîne de la valeur (de l’accès vers les services) est une tendance identifiée par tous. Mais sa mise en œuvre est soumise au bon vouloir des opérateurs, pour lesquels elle semble cependant inévitable à moyen terme afin d’assurer la fidélisation à long terme des clients et la pérennité des revenus.
  • Une autre difficulté à surmonter est de trouver le(s) mode(s) adéquat(s) de valorisation des contenus, et de mettre en œuvre de nouveaux modes de facturation adaptés à l’usage des clients, le tout dans un environnement convergent voix/données alors que ces deux mondes mettent en œuvre sur ce point des référentiels très différents.
  • L’ouverture des services à des fournisseurs tiers soulève des problématiques techniques, opérationnelles, stratégiques et économiques variées :

  • De nouveaux modèles économiques sont à trouver. Le modèle fermé de type " pas de porte " / portail est envisageable, mais sera-t-il suffisant ? L’applicabilité des modèles ouverts de type kiosque est à évaluer en relation avec la difficulté à valoriser les nouveaux services. Un reversement en fonction du trafic généré serait le modèle le plus simple à appréhender mais c’est un sujet encore soigneusement évité par les opérateurs. Le marché évoluera donc vraisemblablement vers des modèles économiques combinés. En parallèle à ces modèles, la facturation directe par les fournisseurs de services pourra être combinée à la facturation des opérateurs pour compte de tiers.
  • Les impacts de ces nouveaux partenariats sur les systèmes d’information (facturation, provisioning, automatisation des process, micro-paiements, reversements, tiers de confiance, relation clients, gestion des partenaires, interconnexion…) sont une difficulté sous-estimée au niveau technique (et un thème faiblement traité dans la normalisation) comme au niveau économique et opérationnel.
  • On constate cependant un différentiel important entre la vision théorique de partage des rôles dans le cadre des NGN, et la réalité : les acteurs établis (opérateurs) prônent ce modèle ouvert sur le principe, mais dans les faits ils démontrent encore à ce jour un certain attentisme et un protectionnisme qui laisse présager des difficultés de mise en œuvre. Or, les opérateurs ont de fait la mainmise sur le devenir de l’ensemble des acteurs, notamment les fournisseurs de services et de contenus.
  • L’ouverture des réseaux aux fournisseurs de services tiers semble donc plus être un problème de volonté et de business model plutôt qu’un frein technique. C’est pourquoi le régulateur pourrait s’attacher à favoriser dès maintenant cette ouverture, sans attendre forcément la mise en œuvre des interfaces normalisées multi-réseaux (ex. : dans le mobile, le service kiosque SMS en cours d’élaboration par les trois opérateurs français est un début d’ouverture).

  • 6  Les enjeux pour la régulation : l’animation du marché

    L’évolution des acteurs vers les NGN bouleversera le panorama technique et économique des communications électroniques, et influera inévitablement sur la nature et les modalités de réalisation des missions de la régulation.

    Les différents acteurs ne voient pas pour la régulation un rôle interventionniste fort, mais plutôt un renforcement du rôle d’animation de la réflexion (groupes de travail) et de la participation dans les activités de normalisation, dans un but de surveillance du marché et de facilitation d’une convergence nécessaire vers des architectures et protocoles unifiés.

    Il est demandé à la régulation de mettre en place un contexte technique et économique favorable aux NGN, avec notamment :

  • La demande forte d’un cadre réglementaire technologiquement neutre, laissant les acteurs libres de leurs choix, conformément au nouveau cadre réglementaire européen.
  • A court terme, la résolution des difficultés actuelles, notamment concernant le dégroupage de la boucle locale et l’évolution vers des offres d’accès haut débit.
  • La mise en œuvre d’un cadre réglementaire favorisant les investissements long terme des acteurs, ainsi que le partage des infrastructures au sens large (entre acteurs et entre activités d’un même acteur).
  • Les acteurs demandent que les adaptations du contexte réglementaire aux NGN soient avant tout guidées par les demandes du marché. Il est donc demandé, plus qu’une anticipation, une forte réactivité de la régulation et une approche opérationnelle forte. Ces besoins d’adaptations du contexte réglementaire doivent donc être, sinon anticipés, du moins préparés par la réalisation d’études et/ou le montage de groupes de travail.

    Plusieurs chantiers d’évolution pour la réglementation et la régulation ont été identifiés au cours de cette étude :

  • Sur le plan de la réglementation :
    - La transposition rapide des nouvelles directives européennes (" package 2000 ") en France.
    - La définition du statut des futurs différents acteurs NGN, notamment les fournisseurs de services, et des droits et obligations associés (notamment les régimes d’autorisation et conditions d’interconnexion).

  • Sur le plan de la régulation :
    - L’évolution à prévoir de la surveillance du marché, avec une attention particulière à porter à la problématique de la qualité de service (au sein d’un réseau IP, et de bout en bout), qui est identifiée comme un risque important et un point manquant de maturité.
    - Un rôle renforcé d’animation du marché et de facilitation des discussions techniques et opérationnelles.

  • Sur le plan de la veille, en préparation à une éventuelle évolution du cadre réglementaire et de la régulation :
    - Une réflexion de fond sur l’évolution des ressources et mécanismes de gestion de la numérotation, du nommage et de l’adressage au sein des réseaux NGN (évolution vers IP).
    - L’évolution nécessaire de certains services généraux pour prendre en compte un environnement convergent voix/données et fixe/mobile, comme la portabilité, les services d’urgence (en relation avec les problématiques de géolocalisation) le périmètre et la définition technique des services " de base ", l’interception légale.
    - L’évolution de l’interconnexion des réseaux, services et systèmes d’information
    , qui soulève des problématiques de normalisation d’interfaces, d’interopérabilité et de volonté stratégique des acteurs pour ouvrir leurs réseaux à des partenaires. Il semble opportun, dans l’objectif de préparer un paysage allant dans le sens des NGN, d’encourager activement dès maintenant l’ouverture des réseaux d’opérateurs aux fournisseurs de services tiers, que ce soit dans le cadre des réseaux et services mobiles (ex. : GPRS) ou fixes.

  • ©Autorité de régulation des télécommunications - Octobre 2002
    7, Square Max Hymans - 75730 PARIS Cedex 15
    Téléphone : +33 1 40 47 70 00 - Télécopie : +33 1 40 47 71 98