Consultation publique sur la boucle locale à hauts débits / Synthèse des réponses et analyses de l'Autorité
Une boucle locale à
haut débit consiste en un service de télécommunications
à haut débit, fourni à un niveau local ou
régional, entre les sites raccordés à cette
boucle. La SDH (Synchronous Digital Hierarchy) est la technologie
la plus adaptée actuellement en cette matière. Il
s'agit d'une technologie dont les normes sont bien stabilisées
et dont l'architecture en anneau contribue à une très
bonne qualité de service. Elle permet des débits
de 2, 34, 45 et 155 Mbit/s sur des anneaux d'une capacité
totale de 155 Mbit/s, 622 Mbit/s, 2,5 Gbit/s ou 10 Gbit/s.
Le marché est en pleine
évolution : les boucles locales à haut débit
permettent de fournir tous les types de services, depuis le service
téléphonique jusqu'au transfert d'images animées.
Aujourd'hui il s'agit surtout d'une fédération de
services à petits ou moyens débits plutôt
que des services nécessitant par eux-mêmes des hauts
débits. A ce jour, le marché est essentiellement
concentré en Ile-de-France.
L'Autorité a cherché
à estimer les coûts de l'offre de boucle locale à
haut débit de France Télécom (Service Multisite
Haut Débit ou SMHD) et à les comparer aux prix,
afin de s'assurer que ces prix sont orientés vers les coûts,
dans le respect des directives européennes applicables,
qu'ils ne sont pas prédateurs et qu'ils n'élèvent
pas de barrière à l'entrée sur ce marché.
Les comparaisons permettent
de s'assurer que les prix des liaisons à haut débit
en Europe, comme ceux des autres catégories de lignes louées
sont sensibles à leur longueur et à leur capacité.
Les prix recueillis sur le marché européen sont
de niveaux assez proches. Les prix de SMHD apparaissent dans la
fourchette des prix constatés pour les réseaux de
petit périmètre ; en revanche, ils se situent en
dessous de cette fourchette pour les réseaux de plus grand
périmètre.
Les principaux coûts
d'installation des infrastructures (anneau et branchement) sont
les coûts de génie civil et de pose des fibres, sensibles
à la longueur de l'anneau et à sa capacité.
Les équipements constituent des coûts variables.
Les informations sont concordantes quant au niveau global des
investissements. Mais de forts écarts apparaissent entre
les opérateurs, dans les estimations d'allocation de ces
coûts (fonction des durées d'amortissement et des
taux d'occupation des réseaux), ce qui influence fortement
les prévisions de coûts annuels.
L'Autorité a vu sa
conviction confirmée qu'une allocation pertinente des coûts
est un préalable pour estimer l'adéquation des prix
aux coûts. Cette bonne allocation est indispensable au régulateur
pour conduire les analyses concurrentielles pertinentes sur les
offres à haut débit ainsi que pour s'assurer que
les coûts de référence des offres à
bas débit (notamment du service téléphonique)
sont correctement évalués et que les clients du
service universel bénéficient pleinement des baisses
de coûts du réseau général et des progrès
technologiques.
Les résultats de cette
consultation ont apporté des informations précieuses
en cette matière, mais l'Autorité entend poursuivre
ses travaux sur la modélisation des coûts.
Enfin, l'Autorité a
considéré que de bonnes conditions de concurrence
passent non seulement par une adéquation suffisante des
prix aux coûts, mais également par la possibilité,
pour les opérateurs autres que France Télécom,
d'être en mesure d'acheter à France Télécom
et de revendre à leurs clients le service SMHD. Comme les
autres catégories de lignes louées, ce service peut
être inclus dans un accord d'interconnexion entre opérateurs.
De telles conditions de prix, de coûts et de revente sont
favorables au développement de la concurrence et ne constituent
pas une incitation négative à l'investissement.
Ce document fait suite à
la consultation publique intitulée La boucle locale
à hauts débits, des conditions de concurrence équilibrée,
lancée par l'Autorité de régulation des télécommunications
en octobre 1997.
Comme annoncé lors
du lancement de la consultation, il présente, dans une
première partie, la synthèse des réponses
reçues. Il est à souligner que certaines informations
sont du ressort du secret des affaires : c'est pourquoi, les contributions
reçues ne sont pas rendues publiques. En outre, certains
éléments de réponses ne peuvent pas être
rapportés ici, notamment lorsqu'ils concernent les coûts
ou la stratégie des opérateurs.
Ce document présente
également, dans une deuxième partie, les analyses
conduites par l'Autorité grâce à ces informations.
Rappel des circonstances
de la consultation publique
A l'été 1997,
l'Autorité de régulation des télécommunications
a été appelée à rendre un avis (n° 97-104)
sur un projet d'offre de France Télécom de liaisons
louées numériques à hauts et très
hauts débits (compris entre 2 et 155 Mbit/s) fournies sur
des infrastructures optiques déployées dans les
agglomérations. Cette offre, dénommée Service
Multisite Hauts Débits (SMHD) permet la mise en relation,
au sein d'une même agglomération, de sites désignés
dans les agglomérations de l'ensemble du territoire métropolitain.
Elle permet la transmission de voix, de données et d'images.
L'Autorité a considéré
que cette offre sous-tendait des enjeux importants pour les utilisateurs
et pour les opérateurs :
- la disponibilité
dans les agglomérations d'une offre de liaisons numériques
à très hauts débits présente un intérêt
certain pour les entreprises, pour lesquelles cette offre constitue
un facteur de compétitivité, par exemple dans les
secteurs de l'imagerie, l'imprimerie ou la cartographie;
- ce type d'offre permet de
couvrir un marché beaucoup plus vaste que celui des hauts
débits proprement dits : il s'agit de l'ensemble du marché
des services aux entreprises depuis la téléphonie
vocale jusqu'aux images animées, en passant par la transmission
de données et la connexion des réseaux locaux ou
la fourniture de services type accès à Internet
;
- elle constitue donc un enjeu
pour les opérateurs et pour les fournisseurs de services
: les premiers parce qu'ils développent ou projettent de
développer des offres à haut débit dans les
principales agglomérations, les seconds parce qu'ils utilisent
de telles offres pour fournir leurs services (notamment les fournisseurs
d'accès à Internet).
Dans ce contexte, l'Autorité
a souhaité concilier deux objectifs :
- celui de faire bénéficier
rapidement les utilisateurs de cette offre, en donnant un avis
favorable au projet mais seulement pour une durée limitée
et de façon strictement encadrée ; rappelons qu'en
matière de tarifs de France Télécom, l'ART
émet un avis, l'homologation étant de la compétence
des ministres chargé de l'économie et chargé
des télécommunications;
- et celui de favoriser l'exercice
d'une concurrence équitable en lançant une consultation
publique sur les questions liées aux boucles locales à
haut débit, afin de recueillir des informations utiles
à l'examen de l'offre définitive. |