Perspectives d'évolution à moyen-terme du marché français du radiotéléphone / 3. Comparaisons internationales / 3.2 Les tarifs

Les tarifs, comme facteur d'évolution du marché ne peuvent pas s'apprécier en valeur absolue. Il faut les analyser en les reliant, d'une part à la richesse du pays ou au pouvoir d'achat, mais aussi à une évolution dans le temps et aux tarifs fixes.

3.2.1 La relation entre tarif absolu et pénétration

La relation des tarifs mobiles à la richesse des pays s'observe à travers la corrélation par exemple entre la valeur du panier moyen de l'abonné mobile 1 et la parité du pouvoir d'achat (PPA). Ce premier exercice permet de relativiser le niveau absolu des prix. Sur les 5 pays renseignés ici, deux ont ainsi des positions extrêmes : l'Allemagne, avec des tarifs mobiles qui, même ramenés au niveau de vie, sont relativement élevés et la Finlande qui, à l'inverse, propose des tarifs très bas.

On observe dès lors une forte corrélation (inverse) entre le niveau des tarifs et les taux de pénétration. On note également sur le graphique qui suit le retard de la France, qui s'est toutefois partiellement résorbé depuis (les données produites ici sont celles de mi-97).

(1) Il s'agit de paniers annuels de tarifs résidentiels (hors forfaits), incluant la TVA, calculés comme suit :
1/5 du coût de raccordement + abonnement mensuel + 3mn de communication en heures pleines x nb annuel de jours ouvrés + 3mn de communications en heures creuses x nb total de jours dans l'année.
En cas de tarifs résidentiels multiples pour un même opérateur, le tarif le plus bas a été retenu.
D'abord calculés en monnaies nationales, les paniers ont été convertis en dollars US constants sur la base du taux de change moyen 1997 (source FMI).
Les opérateurs retenus sont les suivants : Telecom Finland en Finlande, Deutsche Telekom et TMobil en Allemagne, BT et Cellnet au Royaume-Uni, France Télécom en France.

Relations entre tarifs mobiles et taux de pénétration (à mi 97)

Source : IDATE

3.2.2 L'évolution des prix dans le temps

Les différents pays étudiés ci-après, mis à part l'Allemagne (mais pour des raisons purement fiscales), ont connu, au-delà de la phase d 'émergence des marchés, une évolution parallèle de leurs tarifs fixes et mobiles. Une réelle décrue des tarifs mobiles a commencé cependant plus tôt dans les cas de la Finlande et de la France. Cette décrue a permis à la France de se classer en l'espace de deux ans parmi les pays les moins chers en termes de tarifs mobiles, après avoir fait partie des pays les plus chers en 1994.

L'augmentation importante des prix en Allemagne est due essentiellement à un phénomène fiscal. En effet, entre 1995 et 1994, le prix de la minute de communication a légèrement augmenté mais jusqu'à cette date (1995 inclus) la TVA n'était pas applicable sur les services de télécommunications. A partir de 1996, les prix des services mobiles ont dû appliquer une TVA de 15%, qui explique la hausse entre 1996 et 1995 puisque les paniers font référence à des tarifs TTC.

Evolution comparée des tarifs mobiles

Source : IDATE

3.2.3 La relation aux tarifs des services fixes

Le différentiel de prix entre services fixes et mobiles est également un facteur explicatif important de l'évolution du marché. Les deux cas les plus représentatifs sont l'Italie et le Royaume-Uni. Dans le cas de l'Italie, le faible différentiel constaté entre tarifs des services mobiles et fixes a pu jouer dans la forte croissance du nombre d'abonnés sur le marché italien. Inversement, la baisse de la croissance du marché du radiotéléphone au Royaume-Uni est partiellement due à des prix des services fixes très attractifs, les plus bas des cinq pays européens étudiés.

Différentiel entre tarifs fixes et mobiles 2

Source : IDATE

(2) Le pourcentage indiqué mesure le surcoût du panier tarifaire mobile par rapport au panier tarifaire fixe, à composition équivalente.

3.2.4 L'impact du subventionnement du terminal

Dans la plupart des pays du monde, les opérateurs cellulaires subventionnent les terminaux, tout en reconnaissant publiquement les effets induits par cette pratique.

Elle encourage le "churn" 3, la fraude, diminue la valeur du service perçue par le client et allège la pression sur les constructeurs pour une baisse de leurs prix de vente des terminaux. Les marchés grand public, que la plupart des opérateurs pénètrent maintenant, accentuent ces risques, puisque un terminal à prix réduit encourage des segments de clientèle à faibles revenus pour un coût d'acquisition toujours plus important par les opérateurs.

La Finlande est un des rares pays a n'avoir jamais eu recours à cette pratique, ce qui ne l'empêche pas d'avoir le taux de pénétration le plus élevé du monde. Le taux de désabonnement avoisine les 5%, contre 20 à 40% dans les autres pays. Il y a une corrélation certaine entre coût d'acquisition, prix réalistes et "churn" 3.

En France, les deux principaux opérateurs cellulaires (France Télécom et SFR) ont annoncé leur intention de réduire leur subventionnement jusqu'à le supprimer à terme.

Les opérateurs ont plusieurs possibilités pour réduire le subventionnement des terminaux en douceur : les cartes prépayées permettent à l'opérateur de sécuriser un certain flux de revenu tout en persistant à vendre des terminaux à prix réduits, le fait d'offrir des forfaits, dans lesquels sont inclus et le prix d'un certain nombre de minutes de communications et le prix des abonnements mensuels.

(3) Taux d'attrition (désabonnement).

3.2.5 La tarification des appels entrants

Les appels depuis les réseaux fixes et à destination des mobiles se situent actuellement à un niveau très élevé dans la plupart des pays observés. Ce phénomène est susceptible de limiter le principe de substitution du trafic fixe par le mobile en particulier dans le marché résidentiel. A l'heure actuelle, les revenus tirés des reversements de l'opérateur filaire pour les appels entrants pèsent un poids important dans les comptes des opérateurs GSM. Une baisse rapide de ces tarifs risquerait de mettre en cause la rentabilité des opérateurs mobiles, elle permettrait sans aucun doute au trafic moyen par abonné de croître.


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