L'EVENEMENT : VIVENDI RETIENT L'OFFRE D'ALTICE/NUMERICABLE SUR SFR
Vendredi 4 avril
Bouygues fait une surenchère de dernière minute
• Bouygues propose à Vivendi "d'augmenter la partie en numéraire de son offre de 1,85 milliard d'euros pour la porter de 13,15 milliards d'euros à 15,0 milliards d'euros" et de lui octroyer "une participation de 10% du capital du nouvel ensemble ayant une valeur de 1 milliard d'euros avant synergies" (latribune.fr, Le Figaro, Libération, AFP, Communiqué Bouygues)
Le leader de Force Ouvrière prend fait et cause pour Bouygues :
• Dans une lettre adressée jeudi au premier ministre et au ministre de l'économie, M. Mailly estime qu'une "organisation raisonnée du secteur est indispensable" et que seule l'offre de Bouygues permettrait de repasser de quatre à trois opérateurs. "Si le retour à trois opérateurs viables ne se fait pas, alors c'est le dumping et les faillites qui percuteront la filière, qui pourrait alors être rachetée pour l'euro symbolique par des groupes étrangers (…). Et ce, au prix de dizaines de milliers de nouvelles suppressions d'emplois", craint M. Mailly, qui note que Bouygues est le seul à garantir l'emploi pendant trois ans "sans aucune restriction" (Le Monde, AFP)
Le conseil de surveillance de Vivendi décide de poursuivre ses travaux pendant le week-end
• Le conseil de surveillance de Vivendi s'est réuni vendredi après-midi pour décider du sort de SFR à l'issue de trois semaines de négociations exclusives avec le câblo-opérateur. Il décide de ne pas trancher dans l'immédiat et de poursuivre ses travaux pendant le week-end (latribune.fr, Le Monde, Le Figaro, Investir, AFP)
Bouygues et Numericable attendent la décision de Vivendi
• Les deux groupes mènent depuis début mars une lutte acharnée pour convaincre Vivendi de leur céder SFR, deuxième opérateur français. Alors que Numericable était en pourparlers avec Vivendi depuis de longs mois, Bouygues a publiquement annoncé son intérêt pour SFR, ce qui a amené Numericable à renchérir (AFP)
Patrick Drahi est "très serein"
• "Nous avons travaillé très efficacement avec Vivendi pendant ces trois semaines de négociations exclusives. Patrick Drahi est très serein, il travaille sur ce projet industriel depuis de nombreuses années", a déclaré un porte-parole de Numericable-Altice (AFP)
CDC
• "Il n'y a aucune main cachée de l'Etat pour la solution Bouygues" : Jean-Pierre Jouyet, directeur général de la Caisse des dépôts (latribune.fr)
Samedi 5 avril-dimanche 6 avril : Vivendi retient l'offre d'Altice/Numericable sur SFR
Les réactions officielles
• Le Conseil de surveillance de Vivendi a décidé, à l'unanimité, de retenir l'offre d'Altice/Numericable Ce projet correspond au projet industriel le plus porteur de croissance, le plus créateur de valeur pour les clients, les salariés et les actionnaires, et répondant au mieux aux objectifs de Vivendi. Le projet d'Altice/Numericable repose sur une convergence mobile-fixe, avec des synergies découlant de l'interdépendance des réseaux respectifs des deux entités fusionnées. Le projet industriel d'Altice/Numericable est celui qui garantit pleinement le développement de l'emploi dans la durée, notamment par les investissements qu'il implique. Tous les experts consultés ont conclu que l'offre d'Altice/Numericable présente les risques les moins élevés en matière de concurrence. SFR et Numericable ne sont pas présents sur les mêmes segments de marché et leurs activités sont complémentaires. Le Conseil de surveillance de Vivendi a choisi de recevoir 13,5 milliards d'euros à la réalisation de l'opération ainsi qu'un complément éventuel de prix de 750 millions d'euros, puis de pouvoir céder ultérieurement sa participation de 20 %. L'ensemble devrait représenter une valeur totale supérieure à 17 milliards d'euros (Communiqué Vivendi)
• "L'avenir commence aujourd'hui" : Altice et Numéricable se félicitent de la décision unanime du Conseil de surveillance de Vivendi (Communiqué Numericable)
• Bouygues prend acte de la décision du conseil de surveillance de Vivendi. Bouygues souligne que son projet présentait les garanties les plus sérieuses tant du point de vue industriel que de l'emploi et de la pérennité de la structure financière du nouvel ensemble. (Communiqué de presse de Bouygues, AFP)
• Cession de SFR : Arnaud Montebourg réagit. Le ministre de l'Economie, du Redressement productif et du Numérique sera extrêmement vigilant sur les conséquences de la décision du groupe Vivendi d'accepter l'offre d'Altice et de Numericable en ce qui concerne l'emploi à SFR et le plan d'équipement de la France en très haut débit. Le Ministre entend, au nom du Gouvernement, redoubler de vigilance sur le respect des engagements pris auprès de lui par Altice et Numericable à ne supprimer aucun emploi postérieurement à la fusion, sous quelque forme que ce soit. (Communiqué de presse du ministère de l'Economie, AFP)
• Le SIPPEREC, à la tête d'un patrimoine public de réseaux important en Île-de-France, sera vigilant quant au respect :
- des contrats de délégation de service public qu'il a signés tant avec Numéricable qu'avec SFR Collectivités ;
- des engagements d'investissement et de délai pris par ces opérateurs pour poursuivre le développement des réseaux très haut débit, dans le cadre de ces contrats ;
- de la qualité de service, en particulier concernant les services délivrés par SFR, dans le cadre du groupement de commandes de communications électroniques du SIPPEREC qui réunit 187 collectivités et établissements publics d'Île-de-France ;
- des prix des services tant pour les particuliers, les entreprises que pour les collectivités (Communiqué)
Vivendi choisit Altice après avoir fait monter les enchères jusqu'au bout
• Altice arrache SFR au prix fort. Même les 15,5 milliards d'€ de cash offerts par Bouygues samedi matin n'y ont rien fait : préférée par Vivendi à celle de Bouygues, l'offre d'Altice valorise SFR 17 milliards d'€ (JDD, La Croix)
• Vivendi fait payer Numericable très cher pour SFR. Le choix du câblo-opérateur, qui a relevé son prix après la surenchère de Bouygues, est une excellente opération pour le vendeur. Vivendi espère retirer plus de 17 milliards d'euros de cette opération monstre, la plus grosse fusion dans les télécoms en Europe depuis le rachat de Virgin Media par Liberty Global l'an dernier pour près de 18 milliards d'euros. Quant à Patrick Drahi, il réalise ainsi la plus belle opération de sa carrière. Mais il va devoir se retrousser les manches. "Le vrai travail commence maintenant", a-t-il affirmé devant ses troupes samedi après-midi (Libération, Les Echos, Financial Times)
• Chronologie d'une guerre tactique (Le Figaro)
• Le gagnant et le perdant d'une guerre sans merci (Les Echos)
• Les syndicats de SFR attendent des engagements sur l'emploi (AFP)
• SFR/Numericable: une alliance qui repose sur la convergence fixe-mobile (AFP)
Vivendi : un tournant historique
• Vivendi explique son choix : "s'allier avec Bouygues était intenable au plan de la concurrence". Dans une interview, Jean-René Fourtou, le président de Vivendi, justifie la préférence pour Numericable. Extraits : "S'allier avec Bouygues aurait créé un groupe de 47% de part de marché en valeur dans le mobile, ce qui était intenable au plan de la concurrence. Le régulateur aurait demandé des remèdes très importants afin de rééquilibrer le marché. La proposition de Bouygues de vendre son réseau mobile et des fréquences à Free allait dans le bon sens, mais il aurait probablement fallu aussi céder des clients. Par conséquent, dans le cas d'un mariage entre Bouygues et SFR, on se serait retrouvé avec une société en décroissance face à un concurrent surarmé, Free". "Bouygues Telecom demeure un partenaire sérieux avec lequel nous devons travailler et la cession de SFR n'est pas un motif de rupture du contrat de mutualisation". "Notre stratégie est de positionner le groupe sur des activités en croissance. Nous investissons dans des activités nouvelles qui sont des relais de croissance future : service de vidéo à la demande par abonnement chez Canal+ et, plus récemment en Allemage, "ticketing", merchandising, partenariats entre musiques et marques…" (Les Echos)
• "Je quitterai Vivendi en laissant une trésorerie de 5 milliards d'euros" : pour Jean-René Fourtou, l'avenir c'est le rapprochement du câble et du mobile. Interview (Les Echos)
• Vivendi, un groupe en mutation permanente. Les péripéties rocambolesques de ces dernières semaines ne doivent pas occulter un fait majeur : c'est un virage historique que vient de prendre Vivendi en vendant SFR. Depuis douze ans, le groupe est en permanence confronté à la même question existentielle. A quoi sert-il ? Faut-il le scinder, ou, au contraire, rechercher la convergence de ses métiers, des médias et des télécoms, des contenus et des contenants ? (Le Figaro, Wall Str. jal)
• Bolloré veut bâtir un géant des médias. Après la cession de SFR, Vivendi peut enfin se concentrer sur le seul secteur des médias comme le souhaitait Vincent Bolloré, le nouvel homme fort de Vivendi. Ce nouveau Vivendi regroupe Universal Music, le numéro un mondial de la musique, Canal+, leader français de la télévision, et le brésilien GVT, seul actif restant dans les télécoms. IL pèsera environ 12 milliards d'euros de chiffres d'affaires, soit un peu plus de la moitié du Vivendi actuel et affichera un résultat opérationnel de 1,6 milliard d'euros. (Le Figaro)
• Le nouveau Vivendi a un problème de riche (Editorial-David Barroux/Les Echos)
• Un héritage qui arrive à point pour Vincent Bolloré, bientôt président de Vivendi (L'Opinion)
Bouygues : le grand perdant
• Bouygues Telecom dans l'impasse. Bouygues Telecom est le grand perdant du rachat de SFR par Numericable. Non seulement il manque l'occasion de créer un leader français plus gros qu'Orange, mais il se retrouve surtout de nouveau en tête à tête avec Free. (Le JDD)
• Bouygues ne l'entend pas de cette oreille et "va étudier toutes les voies de recours possibles". Le groupe pointe du doigt l'endettement de l'ensemble SFR-Numericable, de 11,6 milliards d'€. Bouygues a bien l'intention d'exploiter ce handicap financier pour "ne laisser aucun répit commercial" à son futur concurrent. Le groupe va également "étudier toutes les voies de recours possibles". Par exemple contre les positions de SFR-Numericable dans la fibre optique et le marché des entreprises, ou l'éventuel conflit d'intérêt de Vivendi dans la télévision payante, actionnaire à la fois de SFR-Numericable et de Canalsatellite. Quant à Vivendi, pour apaiser la contestation de certains de ses actionnaires, il assure qu'il "rendra compte à l'assemblée générale du 24 juin les conditions dans lesquelles cette opération a été conduite". Le dossier SFR n'est pas encore totalement fermé. (L'Agefi)
• Après l'échec du mariage avec SFR, Bouygues devrait pousser ses fiançailles avec Free. Plutôt que de contribuer à créer le leader français des télécoms, Vivendi a opté samedi pour le projet de très haut débit fixe-mobile présenté par Numericable. Bouygues Telecom se retrouvant isolé, l'idée d'un rapprochement avec Free fait déjà son chemin. Logique sur le papier, l'opération nécessiterait de surmonter quelques obstacles. Le grand avantage d'un rapprochement Bouygues Telecom-Free est connu : revenir de quatre à trois réseaux mobiles et mettre fin à la guerre des prix dévoreuse de marges, estiment nombre d'analystes. Mais qui accepterait d'être racheté par l'autre ? A priori ni l'un ni l'autre. (L'Opinion)
• Bouygues accuse le coup et doit se réinventer un avenir dans les télécoms (Le Figaro, AFP, New York Times)
Numericable-Altice : le gagnant
• Numericable, le nouveau géant des télécoms (Le Figaro, Le Parisien)
• Portrait : Patrick Drahi, la fibre hermétique. Réagissant aux critiques, dénonçant son exil fiscal, les proches du patron de Numericable évoquent un homme secret et fidèle, passionné par l'aventure des réseaux câblés. (Libération, AFP)
• D'où vient la fortune de Patrick Drahi ? Selon le magazine 'Forbes', la fortune du roi du câble candidat au rachat de SFR s'élève à 4,6 milliards d'euros, soit la 14ème fortune de France. Mais cette somme correspond à la valeur en bourse de ses réseaux câblés (bfmtv.com)
Lundi 7 avril : Altice rachète les parts de Cinven et Carlyle dans Numericable
• La maison mère du cablô-opérateur va également acquérir les parts détenues par les fonds Carlyle et Cinven dans Numericable. L'accord permettra à Altice de détenir 74,6% de Numericable (contre 40% actuellement), une part supplémentaire que le groupe paiera en actions Altice et en liquide. (AFP)
RÉGULATION
ARCEP/ Observatoire des services
• Les revenus du mobile s'écroulent au point d'être surpassés par le fixe. L'Autorité de régulation des télécoms a dévoilé son bilan complet pour le dernier trimestre 2013 et l'année complète. L'ARCEP aborde de nombreuses informations, comme celles des investissements des opérateurs, les volumes de minutes et de données consommées par les clients, le nombre d'abonnements, etc. Nous apprenons ainsi que pour la première fois depuis de longues années, le secteur fixe, pourtant en baisse, est désormais plus important en valeur que le marché mobile (pcinpact.com)
Gouvernance du Net
• US knocks plans for European communication network warning such rules could breach international trade law (Reuters)
Neutralité du net
• Le CNNum salue l'adoption par le Parlement européen de dispositions en faveur de la neutralité d'internet (Communiqué)
• Les Etats-Unis et l'Europe divergent sur l'obligation de non-discrimination (Editorial Nicolas Curien-Winston Maxwell/Edition Multimedia)
TELECOMS - FRANCE
Remaniement
• Fleur Pellerin a poussé pour que le portefeuille du Commerce extérieur soit rattaché au Quai d'Orsay. Elle devrait conserver Sébastien Soriano pour la direction de son futur cabinet (La Lettre de l'Expansion)
Equipementiers
• L'exécution du plan stratégique au cœur des attentes pour Alcatel-Lucent. Après l'envolée du titre en 2013, les attentes du marché sont fortes envers l'équipementier, qui poursuit son redressement dans le cadre du plan Shift lancé par Michel Combes (Investir)
Opérateurs
• "Je suis le garant du contrat social" : Stéphane Richard souhaite que la participation des salariés d'Orange, deuxièmes actionnaires du groupe, double pour atteindre 10% du capital d'ici à 2020 (Le Figaro)
• Gervais Pelissier, qui devrait être remplacé par Ramon Fernandez comme directeur financier d'Orange, pourrait prendre la fonction de directeur général chargé de la stratégie internationale du groupe (La Lettre de l'Expansion)
TELECOMS - INTERNATIONAL
Opérateurs
• Vodafone leads way as UK dividends set to hit £91bn (Financial Times)
• L'opérateur italien Wind profite du marché high yield pour repousser le mur de sa dette (L'Agefi)
INTERNET
Gouvernance du Net
• Les Etats-Unis se disent prêts à renoncer à leur rôle central dans la gouvernance d'internet, mais le divorce pourrait s'avérer compliqué (AFP)
A la Bourse
• Weibo, considéré comme le "Twitter chinois", compte lever entre 340 et 437 millions de dollars lors de son entrée à la Bourse de New York, selon une fourchette de prix dévoilée vendredi, et resserrer ses liens avec un autre groupe chinois, Alibaba (AFP)
TECHNOLOGIES
Mesh Potato
• Steve Song, l'homme qui connecte les oubliés du Net. Pour offrir un accès Internet et téléphone aux plus pauvres, un ingénieur sud-africain, a conçu le "Mesh Potato " un petit boîtier bon marché. Depuis Le Cap, sa technologie se déploie aujourd'hui jusqu'au Brésil (Enjeux Les Echos)
WiFi
• Qualcom veut tripler la vitesse du Wifi grâce à la technologie appelée "mu-MiMo" (Les Echos)
Objets connectés
• La toile des choses. Internet, c'est 2,5 milliards d'humains et... 15 milliards d'objets connectés. Un marché encore émergent, mais qui soulève déjà des questions de fiabilité, de sécurité et d'éthique, prévient l'un des pionniers du réseau (Enjeux Les Echos)
CONTENUS
Exception culturelle
• La France se pose en chef de file de l'Europe de la culture. Le premier Forum de Chaillot sur l'avenir de la culture en Europe, organisé vendredi et samedi à Paris à l'initiative de la France, a été l'occasion pour la ministre de la Culture de signifier à l'Europe l'urgence de réfléchir à une réponse face à la nouvelle donne du marché (Le Figaro)
Netflix et YouTube contre l'audiovisuel classique
• Faut-il vraiment avoir peur du Grand Méchant Netflix ? Le débarquement prochain en France de Netflix, champion américain de la vidéo à la demande, inquiète les champions français de l'audiovisuel. Mais il peut aussi être l'occasion de bousculer un modèle français encore trop soumis à des règles datant de l'époque analogique (Les Echos)
• Netflix ne devrait pas rester au Luxembourg (electronlibre.com)
• Au MIPTV, où YouTube débarque en force en parrainant un nouveau marché des vidéos en ligne, la télé se marie avec l'internet et la pub (AFP)
SECTEUR POSTAL
Stratégie de La Poste
• Question de gouvernance. Comment faire accélérer un mastodonte dans un virage sans le faire dérailler ? La méthode employée par Philippe Wahl, nommé président de La Poste en septembre 2013, intrigue (Le Monde)
Neopost
• Neopost se finance auprès des investisseurs. Le groupe de traitement de courrier a conjugué US PP, Euro PP et "schuldschein" allemands pour faire tomber, en deux ans, la part de ses financements bancaires de 65 à seulement 10 % (Les Echos)