Le numérique représente aujourd’hui 3 à 4 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le monde [1 et 2] et 2,5 % de l’empreinte carbone nationale [3]. Mais sans action pour limiter la croissance de l’impact environnemental du numérique, son empreinte carbone pourrait tripler entre 2020 et 2050 [4] !
[1] Shiftproject, Lean ICT : Pour une sobriété numérique, octobre 2018
[2] L’étude Green IT, Empreinte environnementale du numérique mondiale, septembre 2019
L’empreinte carbone du numérique, c’est quoi ?
Aujourd’hui, 79 % de l’empreinte carbone du numérique provient de nos équipements (smartphones, ordinateurs, téléviseurs et objets connectés…), environ 16 % des centres de données et 5 % des réseaux. Et bien que le temps passé devant les écrans ait augmenté significativement ces deux dernières décennies, ce n’est pas l’utilisation des équipements (et donc leur consommation d’électricité) qui est principalement responsable de leur empreinte carbone… mais leur fabrication, à hauteur de 80 % !
Ainsi, avant même que nous n’utilisions notre dernier smartphone, téléviseur ou ordinateur flambant neuf, il a déjà produit près de 80 % des émissions de gaz à effet de serre qu’il émettra durant sa (trop courte) vie !
Impact environnemental, émissions de gaz à effet de serre et empreinte carbone du numérique : quelles différences ?
L’impact environnemental du numérique ne se limite pas à l’empreinte carbone ou aux émissions de gaz à effets de serre. La fabrication des équipements pour les réseaux et des terminaux connectés (smartphones, ordinateurs, TV et objets connectés…) a également un impact sur l’épuisement des ressources : à titre d’exemple, une personne vivant en France génère chaque année, pour ses seuls usages numériques, l’extraction ou le déplacement de plus de 900 kilos de ressources, que ce soit en eau, métaux ou énergies fossiles...
L’Arcep et l’ADEME, dans leur étude conjointe sur l’empreinte environnementale du numérique, se sont intéressées à l’évolution de 4 indicateurs entre 2020, 2030 et 2050.
Comment réduire l’impact environnemental de mes équipements et usages numériques au quotidien ?
L’Arcep a publié une FAQ vous proposant des conseils et bonnes pratiques pour limiter votre impact environnemental.
S’appuyant sur les résultats de ses travaux, l’Autorité recommande par exemple de privilégier une connexion internet fixe (fibre, ADSL) dès que possible, de prolonger au maximum la durée de vie de ses équipements ou encore de maîtriser certains usages sur smartphone (désinstallation des applications non utilisées, configurer la résolution des vidéos visionnées etc.).
Parmi les différents thèmes, l’édition 2023 du Baromètre du numérique interroge les utilisateurs sur les équipements numériques qu’ils possèdent : chaque foyer dispose en 2023 en moyenne de 10 équipements numériques avec écrans, utilisés ou non utilisés, soit environ 300 millions d’équipements numériques en France métropolitaine.
Sur l’ensemble des terminaux présents au sein d’un foyer, un quart sont conservés sans être utilisés : environ 70 millions d’appareils seraient donc susceptibles d’être reconditionnés ou recyclés. Or l’impact environnemental du numérique provient essentiellement des terminaux (autre terme utilisé pour désigner les équipements qui servent d’interface entre nous et nos usages numériques : smartphones, téléviseurs, enceintes connectées, ordinateurs, etc.) et notamment de leur phase de fabrication[2].
Favoriser le réemploi de ces appareils fait partie des leviers permettant d’accroître la durée de vie des terminaux et ainsi d’en limiter l’impact environnemental. En 2023, 21 % des répondants ont déclaré détenir un smartphone acheté reconditionné ou d’occasion. Les plus jeunes sont les plus nombreux à en disposer : jusqu’à un tiers des 18-24 ans. L’achat de matériel reconditionné, est donc encore insuffisamment identifié comme levier pour réduire l’empreinte environnementale numérique
En premier lieu, les acteurs économiques et parmi eux les grands acteurs du numérique doivent se responsabiliser : par leurs choix technologiques, les nouveaux besoins qu’ils suscitent, ce sont eux qui ont les clés principales de la réduction de l’empreinte environnementale. Dans cette logique, l’Arcep et l’Arcom ont publié, en lien avec l’ADEME, le référentiel général de l’écoconception des services numériques (RGESN). L’objectif de ce référentiel est de réduire, dès leur conception, l’empreinte environnementale des services numériques tels que les sites web, plateformes vidéo, applications, ou encore outils d’intelligence artificielle.
Plus d’informations sur le Référentiel général de l’écoconception des services numériques.
« Pour un numérique soutenable » : quel est le rôle de l'Arcep ?
Dès 2019,l’Arcep s’est emparée de l’enjeu de l’impact environnemental du numérique, et s’est vu ensuite progressivement confier de nouveaux pouvoirs par le législateur, pour collecter auprès des acteurs du numérique des données sur leur empreinte environnementale.
Cette collecte de données, entamée dès 2020 auprès des quatre principaux opérateurs de communications électroniques, a été élargie grâce à la loi « REEN 2 » du 23 décembre 2021 aux opérateurs de centres de données, fournisseurs de systèmes d’exploitation, fournisseurs de services de communication au public en ligne, fabricants de terminaux et équipementiers de réseaux.
L’Arcep rend public ce travail dans le cadre de son enquête annuelle « Pour un numérique soutenable », permettant ainsi de suivre l’évolution des émissions de gaz à effet de serre, de la consommation d’énergie, ou encore du recyclage et du reconditionnement des équipements.
Grâce à la loi, le périmètre de l’enquête s’enrichit chaque année avec de nouveaux acteurs, ou des nouveaux types de données collectée. En 2024, elle sera complétée par la collecte de données environnementales des équipementiers de réseaux mobiles.
Pour en savoir plus sur la méthodologie et le détail de l’enquête, consultez notre grand dossier.
L’Arcep est également un acteur proactif dans le débat public et s’implique activement sur la scène nationale, européenne et internationale pour partager son expérience et le résultat de ses travaux sur l’empreinte environnementale du numérique.
Ainsi, le 20 novembre 2023, l’Arcep, l’ADEME et le CNES se sont associés pour une journée d’échanges autour de la multiplication des constellations satellitaires et de leur empreinte environnementale. Avec l’expertise des études d’impact de l’ADEME, la connaissance fine des technologies spatiales du CNES et le pouvoir de régulation de l’Arcep sur les fréquences attribuées aux satellites, cette association a permis d’alimenter les réflexions, avec les invités amenés à s’exprimer, afin de concevoir une régulation pertinente du développement récent des constellations de satellites en orbite basse.
L’ensemble des travaux et échanges sont disponibles sur le site de l’Arcep.
L’Arcep rend régulièrement compte de son action « Pour un numérique soutenable » :
- « Pour un numérique soutenable » : les temps forts et publications de 2019 à 2024 (Août 2024)
- Pour en savoir plus sur les travaux engagés par l’Arcep sur l’environnement, consultez le tome 1 du rapport annuel (publication juin 2024)
Comment mesurer l’empreinte environnementale du numérique ?
La production d’études chiffrées robustes et reposant sur des méthodes partagées permet d’avoir une vision d’ensemble et d’identifier les leviers majeurs sur lesquels agir. Elles participent à la prise de conscience collective et à l’objectivation des débats. Ces études et publications permettent ainsi de confirmer ou infirmer certaines intuitions sur l’impact environnemental du numérique.
L’Arcep contribue à la mesure de l’empreinte environnementale du numérique :
- Par la publication de son enquête annuelle « Pour un numérique soutenable »
- Par ses travaux menés avec l’ADEME : étude conjointe sur l’empreinte environnemental du numérique en 2020, 2030 et 2050 et co-pilotage du comité d’experts sur la mesure
- Par un suivi des pratiques numériques des Français, avec l’Arcom : Baromètre du numérique, étude sur l’impact environnemental des différents modes de diffusion des services de médias audiovisuels et le référentiel commun sur les usages numériques.
Que font les régulateurs européens sur l'impact environnemental du numérique ?
Depuis 2020, sous l’impulsion de l’Arcep, les régulateurs européens des télécoms, réunis au sein du BEREC, ont intégré les enjeux liés à l’empreinte environnementale du numérique dans sa stratégie 2021-2025. Le groupe de travail « Sustainability » (soutenabilité), actuellement coprésidé par Sandrine Elmi Hersi, cheffe de l’unité « Internet ouvert » de l’Arcep, réunit des experts des autorités nationales et de la Commission et se donne pour objectif de susciter la prise de conscience chez les régulateurs européens, développer leur expertise concernant l’impact environnemental du numérique et recenser les bonnes pratiques permettant d’agir en cohérence avec les enjeux environnementaux. Le BEREC est d’ailleurs l’instance de dialogue et de coordination privilégiée pour assurer l’élaboration et le partage de bonnes pratiques adaptées à la réalité du secteur et une mise en œuvre à la hauteur des ambitions environnementales de l’Union européenne.
• Plus d’informations dans Le Post « spécial environnement » de mars 2023
- Plus d’informations dans la page « L’Arcep en Europe et à l’international »
Pour aller plus loin
L’impact des réseaux de communication, des terminaux et des usages sur l’environnement est un sujet d’attention croissant. L’ambition de l’Arcep est de faire de cet enjeu un nouveau chapitre de la régulation.
Pour vous informer sur les travaux de l'Autorité, consultez notre grand dossier.
Le grand dossier sur l'empreinte environnementale des réseaux