L’Arcep rend ce jour son avis au Gouvernement sur les modalités financières attachées à la procédure d’attribution de la bande 3,4 ‑ 3,8 GHz, la bande « cœur » de la 5G. Les conditions permettant le lancement de cette procédure sont donc désormais réunies.
Le cahier des charges de l’attribution et les prix de réserve ont été déterminés
Le 21 novembre 2019, l’Arcep a proposé au Gouvernement un cahier des charges pour l’attribution de la bande 3,4 ‑ 3,8 GHz. Cette proposition, qui s’inscrit dans les objectifs de la France pour la 5G, fixe des obligations aux futurs lauréats et repose sur une procédure mixte d’attribution pour les 310 MHz de fréquences :
- Quatre blocs de 50 MHz sont susceptibles d’être attribués à prix fixe, contre engagements de la part des opérateurs (détaillés dans le cahier des charges).
- Les fréquences restantes seront attribuées par blocs complémentaires de 10 MHz, aux enchères.
Afin de déterminer les conditions financières de cet appel à candidatures, le Gouvernement a saisi l’Arcep pour avis sur des projets d’arrêté et de décret fixant notamment :
- le prix de réserve des blocs de 50 MHz à 350 millions d’euros,
- le prix des blocs de 10 MHz à 70 millions d’euros.
Un étalement sur quinze ans du paiement du prix des blocs de 50 MHz et sur quatre ans pour les blocs de 10 MHz est désormais prévu
L’étalement sur quinze ans du paiement du prix des blocs de 50 MHz a été introduit par le Gouvernement à l’issue de la consultation publique concernant le niveau des redevances menée du 28 novembre 2019 au 12 décembre 2019. L’Arcep estime que cette nouvelle facilité de paiement est de nature à permettre à l’ensemble des opérateurs de pleinement participer à la procédure. Les préoccupations concurrentielles formulées par l’Autorité lors de la transmission du cahier des charges au gouvernement ont ainsi été prises en compte. Avec ces dispositions, l’Arcep estime que la procédure d’attribution de la bande 3,4 ‑ 3,8 GHz peut être menée dans des conditions équilibrées.
La publication au journal officiel du décret et de l’arrêté traduisant les décisions du Gouvernement, dans les prochains jours, donnera le coup d’envoi officiel de la procédure d’attribution conduite par l’Arcep.
Les candidats auront alors huit semaines pour préparer leurs dossiers de candidature.
Dossier de presse
Modalités et conditions d’attribution des fréquences dans la « bande cœur » de la 5G (3,4 3,8 GHz)
Ce dossier de presse est une mise à jour du dossier de presse publié le 21 novembre 2019. Il est augmenté du calendrier de l’attribution.
1. La bande 3,4 ‑ 3,8 GHz : la « bande cœur » de la 5G en Europe
La Commission européenne a lancé en 2016 un plan d’action visant à la définition d’un calendrier européen commun pour un lancement commercial coordonné de la 5G en 2020. En 2017, la Présidence estonienne de l’Union européenne a proposé une feuille de route pour la 5G, co-signée par tous les ministres chargés des communications électroniques des États membres, qui prévoit notamment la couverture 5G d’au moins une grande ville par État membre en 2020 et des principales zones urbaines et principaux axes de transport d’ici 2025. En France, le Gouvernement a présenté, avec l’Arcep, la feuille de route nationale pour la 5G le 16 juillet 2018. À cette occasion, l’Arcep a présenté un programme de travail. Le calendrier des travaux récents est présenté ci-dessous.
Pour les déploiements futurs de la 5G, plusieurs bandes de fréquences ont été identifiées de manière coordonnée en Europe. Le cahier des charges transmis par l’Arcep au Gouvernement concerne l’attribution de fréquences dans la bande 3,4 ‑ 3,8 GHz. Identifiée en Europe comme la « bande cœur » de la 5G, cette bande, par ses propriétés physiques et la quantité de fréquences disponibles, offre un compromis entre couverture et débit. L’utilisation de cette bande cœur sera complétée par d’autres bandes, aux propriétés différentes, qui contribueront chacune à donner sa pleine mesure à la 5G. Sont notamment identifiées la bande 700 MHz, déjà attribuée aux opérateurs en France métropolitaine fin 2015, et la bande 26 GHz, qui fera l’objet d’une attribution ultérieure.
S’agissant de la bande 26 GHz, les travaux sont encore en cours au niveau européen pour fixer toutes les conditions techniques à respecter. Sans attendre, l’Arcep et le Gouvernement ont lancé en janvier 2019 un appel à la création de plateformes d’expérimentations 5G dans cette bande. Leurs objectifs : favoriser l’appropriation par l’ensemble des acteurs des possibilités offertes par cette bande de fréquences, et identifier les nouveaux usages permis par ces fréquences. Onze plateformes d’expérimentations ont été retenues à ce jour. Celles-ci ont été présentées en octobre 2019.
Le code européen des communications électroniques, adopté fin 2018, prévoit un calendrier coordonné afin que les fréquences de la bande cœur fassent l’objet d’attributions dans chaque Etat membre d’ici à la fin 2020. D’autres pays européens ont ainsi procédé à ces attributions, pour des quantités variées. La France se prépare à attribuer 310 MHz dans la bande 3,4 ‑ 3,8 MHz.
2. Les objectifs de l’attribution
Dans sa lettre adressée à l’Arcep le 2 mai 2019, le Gouvernement a communiqué au régulateur les objectifs à poursuivre dans l’élaboration du cahier des charges pour l’attribution de la bande 3,4 ‑ 3,8 GHz :
- l’aménagement du territoire : au-delà de la désaturation des réseaux mobiles dans les zones les plus denses, le développement des services 5G devra bénéficier à tous les territoires ;
- la concurrence : les modalités de la procédure devront permettre à au moins quatre opérateurs d’être en capacité de fournir des services 5G dans de bonnes conditions tout en leur offrant des opportunités de différenciation ;
- l’innovation et les services pour les « verticales » : aucune fréquence n’est réservée a priori aux « verticales », mais l’objectif est que des services leur soient fournis en prenant en compte leurs besoins, quelle que soit leur localisation ;
- les recettes : la procédure inclut un critère financier, avec un prix de réserve de 2,17 milliards d’euros pour l’ensemble des fréquences attribuées.
3. Les modalités d’attribution
Les modalités d’attribution sont établies pour 310 MHz de fréquences, à l’échelle de la métropole. Ces modalités permettent de déterminer les lauréats, la quantité de fréquences de chacun et sa position précise dans la bande. Tous les lauréats seront soumis à des obligations (voir partie 4).
La procédure repose sur un mécanisme d’attribution mixte, qui ne s’appuie pas sur de pures enchères financières. La procédure comportera une première partie dans le cadre de laquelle quatre opérateurs maximum peuvent obtenir des blocs de fréquences contre des engagements optionnels, avant que l’enchère, en deuxième partie, ne permette aux candidats d’obtenir des fréquences additionnelles.
3.1 Première partie : Engagements optionnels contre blocs de fréquences
Les candidats pourront prendre une série d’engagements lors du dépôt de leur dossier. Si ces engagements sont pris, ils seront retranscrits en obligations dans les autorisations d’utilisation de fréquences qui seront délivrées aux lauréats et s’ajouteront ainsi aux obligations auxquelles tous les lauréats seront soumis. Les engagements et les obligations sont décrits en partie 4.
Si un nombre de candidats inférieur ou égal à quatre acceptent de prendre ces engagements dès le dépôt de son dossier, ceux-ci pourront obtenir chacun un bloc de fréquences de 50 MHz pour 350 millions d’euros. Si le nombre est supérieur ou égal à cinq, les quatre blocs seront disputés entre les candidats dans le cadre d’une enchère spécifique.
3.2 Deuxième partie : Enchère permettant à chaque opérateur d’acquérir des fréquences additionnelles
Ensuite, une enchère est organisée pour attribuer les fréquences encore disponibles après la phase d’engagements. Les candidats qualifiés, qu’ils aient obtenu ou pas un bloc à la phase précédente, ont ainsi la possibilité d’acquérir des fréquences additionnelles, par blocs de 10 MHz. Le prix initial du bloc de 10 MHz est de 70 millions d’euros, puis l’Arcep conduit cette enchère multi-tour de la manière suivante.
A chaque tour, l’Arcep indique le prix pour un bloc de 10 MHz, puis chaque candidat indique le nombre de blocs souhaités à ce prix. Tant que le nombre de blocs demandés par les opérateurs excède celui de blocs disponibles, l’Arcep organise un nouveau tour, et augmente le prix unitaire du bloc de 10 MHz, d’un incrément fixé préalablement. L’enchère s’arrête lorsque la demande des opérateurs correspond à la quantité de blocs disponibles. Tous les blocs de 10 MHz sont alors attribués au prix final de l’enchère. Dans l’hypothèse où la demande des opérateurs descendrait sous le nombre de blocs disponibles, un mécanisme permet d’arbitrer entre les derniers candidats à avoir renoncé à un bloc.
Une fois la quantité de fréquences de chaque lauréat connue, il reste de multiples combinaisons pour les positionner dans la bande. Une nouvelle enchère (à un tour au second prix) est organisée pour déterminer les positions de chaque lauréat. Ils pourront ainsi exprimer leurs préférences de position dans la bande ainsi que de position relative avec les autres lauréats.
LES LEÇONS TIRÉES DES AUTRES ATTRIBUTIONS L’Arcep a déjà organisé des enchères pour attribuer de nouvelles fréquences, notamment dans les bandes 800 MHz et 2,6 GHz (enchère fermée en 2011) et dans la bande 700 MHz (enchère multi-tour en 2015). Le mécanisme publié aujourd’hui présente un caractère mixte : la procédure commencera par une phase d’engagement permettant d’obtenir une première quantité de fréquences, avant que soit organisée une enchère multi-tour, qui donne aux candidats une visibilité à chaque tour sur la quantité de fréquences qu’ils sont susceptibles d’obtenir. Les équipes de l’Arcep ont convié les régulateurs européens des télécoms à réagir sur le projet français d’attribution des fréquences de la bande 3,5 GHz dans un format inédit de « revue par les pairs », qui s’est tenue le 5 septembre 2019. |
3.3 L’encadrement des quantités de fréquences disponibles par candidat
Il est prévu un encadrement des quantités totales de fréquences acquises par chacun des candidats (au cours des deux parties de la procédure) :
- un plancher de 40 MHz ;
- le plafond de 100 MHz.
4. Obligations et engagements
4.1 Des obligations pour tous les opérateurs
Le cahier des charges transmis par l’Arcep comprend un ensemble d’obligations pour tous les lauréats de l’attribution :
- Un déploiement de la 5G en bande 3,4 ‑ 3,8 GHz
Le cahier des charges prévoit d’imposer l’ouverture de la « 5G » dans au moins deux villes par opérateur avant la fin 2020 puis une trajectoire exigeante pour soutenir les déploiements des équipements en bande 3,4 ‑ 3,8 GHz au cours des années suivantes :
- 3 000 sites en 2022,
- 8 000 sites en 2024,
- 10 500 sites en 2025.
À terme, la totalité des sites devront fournir un service de type 5G, pouvant s’appuyer sur les fréquences de la bande 3,4 ‑ 3,8 GHz ou d’autres bandes.
L’Arcep prévoit également un mécanisme de concomitance pour s’assurer que les zones non urbaines bénéficieront aussi de ces déploiements. Ainsi, 25% des sites en bande 3,4 ‑ 3,8 GHz des deux derniers jalons devront être déployés dans une zone rassemblant les communes des zones peu denses et celles des territoires d’industrie, hors des principales agglomérations. [1]
- Une généralisation de la 5G jalonnée par un accroissement des débits
Pour accompagner cette montée en charge, l’Arcep prévoit également d’adresser les besoins croissants de bande passante. Dès 2022, au moins 75% des sites devront bénéficier d’un débit au moins égal à 240 Mbit/s au niveau de chaque site. Cette obligation sera progressivement généralisé à tous les sites jusqu’à 2030.
- La couverture d’axes routiers
Les obligations des axes de transport, comportent deux grands jalons : en 2025, la couverture des axes de type autoroutier (soit 16 642 km), puis en 2027, la couverture des routes principales (soit 54 913 km). Ces obligations prévoient au moins des débits de 100 Mbit/s au niveau de chaque site.
- Des offres de services différenciés (slicing)
Les nouvelles performances de la 5G ouvrent la voie à des usages innovants dans de nombreuses « verticales » de l’économie. Ces « verticales » attendent des réseaux et des offres sur mesure, répondant à leurs besoins spécifiques. Pour cela, l’Arcep demande aux opérateurs d’activer les fonctions les plus innovantes de la 5G - le « slicing » ou la capacité de « services différenciés » - au plus tard en 2023.
- La compatibilité avec IPv6
Par ailleurs, pour accélérer la transition vers le protocole de routage IPv6, l’Arcep prévoit une obligation pour rendre les réseaux mobiles compatibles avec celui-ci.
4.2 Des engagements optionnels
Le cahier des charges comprend un ensemble d’engagements optionnels. Au maximum quatre candidats qui auront pris tous les engagements pourront obtenir des blocs de fréquences de 50 MHz :
- La 5G au service de la compétitivité des autres secteurs de l’économie française
Pour préparer la connectivité de demain dans les entreprises, l’Arcep a défini un mécanisme inédit visant à ce que les opérateurs s’engagent à répondre aux demandes raisonnables qui émaneront des acteurs économiques (entreprises, collectivités, administrations, ..), en leur apportant des offres adaptées avec de la couverture et des performances, voire, si l’opérateur le préfère, en leur confiant localement ses fréquences.
- La couverture à l’intérieur des bâtiments
L’Arcep prévoit également des engagements visant à améliorer la couverture à l’intérieur des bâtiments à usages professionnels et commerciaux et à faciliter la couverture multi-opérateurs.
- Des offres d’accès fixe
Les engagements concernent aussi la fourniture d’offres spécifiques d’accès fixe sur le réseau mobile.
- Une plus grande transparence
Le renforcement de la transparence des opérateurs, à la fois sur leurs prévisions de déploiement et sur leurs pannes fait également partie des engagements.
- L’innovation et la concurrence
Les engagements portent enfin sur l’accueil des MVNO en 5G sur les réseaux des opérateurs, afin notamment d’encourager l’innovation par tous les acteurs du secteur.
5. Durée des licences et rendez-vous intermédiaires
Les fréquences sont attribuées pour 15 ans. Cette durée sera prolongée de 5 ans en cas d’accord du titulaire sur les conditions de cette prolongation.
Par ailleurs, deux rendez-vous intermédiaires sont prévus à l’horizon 2023 et à l’horizon 2028 pour faire un point sur la mise en œuvre des obligations et sur les besoins, notamment concernant la couverture et la qualité de service des réseaux mobiles. Sur cette base, une adaptation des obligations pourra être décidée après accord avec le titulaire.
6. Calendrier et étapes de l’attribution
[1] Cette zone est définie par l’ensemble des communes incluses dans la zone de déploiement prioritaire définie dans la décision de l’Arcep n° 2015‑0825 et des communes des « territoires d’industrie », à date, situées en dehors des unités urbaines de plus de 50 000 habitants.