En présentant les modalités de l’appel d’offres auquel devront souscrire les opérateurs mobiles, l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep) a donné le coup d’envoi de la 5G en France.
Pour Sébastien Soriano, président de l’Arcep, l’objectif est d’avoir des offres dès 2020.
La Croix : Quand pourra-t-on vraiment utiliser la 5G ?
Sébastien Soriano : L’objectif est d’avoir des offres 5G dans cinq à dix villes dès 2020. La consultation de l’Arcep sur les modalités d’attribution et obligations des candidats pour les fréquences de la 5G se termine le 4 septembre.
Elle permet que la couverture du territoire et les performances du réseau 5G souhaitées par le gouvernement soient contractualisées avec les opérateurs mobiles.
L’attribution est prévue pour l’automne 2019 et les candidats connaîtront alors le niveau des redevances fixé par l’État. Les autorisations seront données début 2020, pour un déploiement du réseau et des offres rapides ensuite.
Cette technologie sera-t-elle accessible sur l’ensemble du territoire, sans zone blanche ?
S. S. : En 2025, les opérateurs devront avoir basculé l’équivalent de leur réseau actuel. Dans les zones urbaines et économiques, soit environ deux tiers de la population, les utilisateurs pourront disposer de la 5G pleine et entière à cette date. Mais les engagements attendus des opérateurs mobiles (Bouygues Telecom, Free Mobile, Orange, SFR) sont plus exigeants. Des débits de 240 mégabits, donc quatre fois supérieurs à la 4G actuelle, devront être proposés ailleurs.
En parallèle, le plan « New Deal mobile » permet de renforcer la couverture du réseau en zones rurales, le long des routes et des voies ferrées, au-delà du réseau actuel. D’ailleurs, la plupart des axes routiers devront eux aussi passer en 5G en 2025. Notre objectif est d’avoir un réseau 100 % 5G d’ici à 2030, intégrant les extensions de réseau en cours.
Quel sera le coût de la 5G pour les utilisateurs ?
S. S. : Le tarif de l’abonnement 5G devrait être à terme équivalent à celui de la 4G. Mais le rôle de l’Arcep n’est pas de fixer ce montant. La France est le deuxième pays en Europe le plus compétitif en matière de tarifs grâce à la concurrence entre les opérateurs. Le rôle du régulateur est de favoriser cette concurrence qui permettra des tarifs « accessibles ». C’est pourquoi les règles d’attribution des fréquences 5G ont été établies pour permettre une répartition équilibrée entre les candidats.
D’autre part, nous avons intégré dans le cahier des charges la mesure de la qualité des réseaux, que nous publierons. Les consommateurs peuvent comparer les performances des différents opérateurs et… facilement en changer.
Pourquoi la 5G est-elle si importante, que permettra-t-elle concrètement ?
S. S. : La technologie 5G a deux atouts techniques immédiats : des débits très élevés et des temps de réponse, la latence, quasiment instantanés. Elle prend le relais des réseaux 4G qui commencent à saturer avec la croissance très rapide des quantités de données échangées, via les réseaux sociaux, la lecture de vidéos…
La 5G permet surtout de connecter de multiples objets grâce à des capteurs à faible consommation énergétique, sans batterie, ce qui n’est pas possible avec la 4G. De nombreuses données peuvent être collectées et analysées, au service d’usages plus complexes.
Un détecteur de présence permet d’allumer la lumière grâce à un système simple entre un capteur et une ampoule. Imaginons un mécanisme plus élaboré d’alerte en cas de chute d’une personne âgée à domicile. Les données de plusieurs capteurs seront centralisées puis traitées par un algorithme qui déterminera la bonne réponse à apporter. Les usages sont très nombreux, dans tous les secteurs comme l’éducation, la santé ou la ville intelligente. Par exemple, la pollution automobile en ville peut être réduite grâce aux applications de recherche et réservation de places de parking équipées de ces capteurs.
Comment assurer la sécurité des réseaux 5G et surveiller leur impact en termes de santé ?
S. S. : La mission de l’Arcep est de veiller à la bonne couverture du territoire et à la concurrence… La sécurité technique et la protection de la santé ne font pas partie de son rôle de régulateur indépendant. Les opérateurs mobiles devront se conformer à la loi en termes de puissance des antennes par exemple, pour le choix des équipements ou la surveillance des réseaux.
Propos recueillis par Frédérique Dofing