L'économie et la société de demain seront structurées autour d’un écosystème numérique. La France doit créer une véritable « infostructure », organisée autour d’une régulation souple et dynamique.
Pourquoi le tout numérique est-il un enjeu pour la France ?
Pour une raison simple : les caractéristiques actuelles et prévisibles à moyen terme de l’économie numérique sont impressionnantes.
Le chiffre d’affaires du secteur des technologies de l'information et de la communication (TIC) dépasse, d’ores et déjà, 2 700 milliards d’euros, environ 7% du PIB mondial.
On retrouve à peu près cette proportion en France, avec un chiffre d’affaires de 115 milliards. Ce secteur représente environ 30% de la croissance et 3% des emplois français, un pourcentage qui augmente constamment. Et même s’il ne faut évidemment pas verser dans la dangereuse illusion d’un « meilleur des mondes » numérique, l’économie et la société de demain seront très largement structurées autour d’un écosystème numérique, à la fois du côté de l’offre de technologies, de services ou de contenus, mais aussi de la demande ou des usages individuels ou collectifs. Et les enjeux sont multiples. Les entreprises y trouveront de nouveaux outils et des leviers de productivité. Les acteurs publics profiteront à plein de ces progrès technologiques pour parachever le développement de l’administration en ligne et donner une nouvelle dimension à certains services, tels que l’éducation, la santé ou la sécurité. Les consommateurs, véritables acteurs du Web 2.0, bénéficieront d’un degré d’interactivité supplémentaire avec leur environnement et de nouveaux moyens d’expression et de création. Ils seront connectés à divers réseaux et bénéficieront d’une multitude de services sur tous les types de terminaux et en tous lieux.
Comment bâtir cet écosystème numérique ?
Il est nécessaire, dès aujourd’hui, de déployer les infrastructures de demain, à savoir les réseaux de fibre optique jusqu’à l’abonné (FTTH) – dont l’ARCEP a achevé de fixer à la fin 2010 le cadre réglementaire sur l’ensemble du territoire – et les réseaux mobiles de quatrième génération (pour lesquels les fréquences seront attribuées en 2011).
Le succès commercial du FTTH est peut-être encore limité à ce jour, mais il n’y a rien d’alarmant à ce que le démarrage soit progressif. Le chantier devrait durer de nombreuses années et les résultats à long terme seront stratégiques. Il s’agit de créer une véritable « infostructure », grâce à un socle solide d’infrastructures et de services innovants. Le développement conjoint de l’ADSL et du triple play a permis le formidable succès du haut débit en France.
De même, la conception de nouveaux services parallèlement au déploiement des nouveaux réseaux créera un nouveau cercle vertueux. De nombreuses opportunités se présentent à tous les niveaux de la chaîne de valeur : équipementiers, opérateurs, prestataires de services, éditeurs de logiciels et de contenus sont concernés. La France ne doit pas se contenter de ses bonnes performances traditionnelles en matière de réseaux. Elle doit aussi s’appuyer sur ses nombreux atouts en matière de numérique et de sa capacité d’innovation.
Comment réguler ce marché ?
Il est très difficile de prévoir quels sont les services numériques qui rencontreront un réel succès. L’offre et la demande évoluent ensemble, de manière très rapide et peu programmable. Mais non programmable ne signifie pas hors du champ de toute régulation.
Bien au contraire. La puissance publique, et notamment l’ARCEP, n’a pas besoin de définir des règles très précises, mais doit plutôt accompagner cette révolution numérique par une régulation souple et dynamique, fondée sur la concertation avec l’ensemble des acteurs, technologiquement neutre et surtout source de confiance. Le régulateur organise la discussion, donne le rythme, mais ne se substitue pas aux acteurs.
Il joue donc un rôle d’intermédiation pour permettre d’aboutir à des solutions partagées, qui sont souvent la clé du succès.