Ces enchères débutent aujourd'hui pour attribuer aux quatre opérateurs français (Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free) 11 blocs de fréquences. Prix unitaire : 70 millions d'euros. Le pas de l'enchère est ensuite fixé à 5 millions d'euros. Objectif ? Donner le coup d'envoi des services commerciaux. Le régulateur des télécoms, l'Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et des Postes), en charge de cette vente, explique tout grâce à Serge Abiteboul, membre du collège de l'Arcep.
Quel est l'enjeu de ces enchères pour le déploiement de la 5G ?
L'Arcep organise cette enchère afin d'attribuer aux opérateurs de télé- phonie mobile des fréquences dans la bande 3,4 - 3,8 GHz. Cette bande de fréquences est identifiée en Europe comme la "bande cœur" de la 5G, ses propriétés physiques et la quantité de fréquences disponibles offrant un compromis entre couverture mobile et débit. L'enchère déterminera la quantité totale de fréquences pour laquelle chaque opérateur se verra délivrer par l'Arcep une autorisation d'utilisation.
Quel est le rôle de l'Arcep ?
L'Arcep a été chargée par le gouvernement d'élaborer un cahier des charges pour cette bande de fréquences. Il inclut des obligations pour tous les opérateurs lauréats et une trajectoire de déploiements des sites mobiles (10 500 sites en 2025). Pour pallier le fait que cette bande de fréquences n'est pas la plus adaptée pour les zones rurales qui sont déjà défavorisées pour le mobile, le déploiement de la 5 G embarque une généralisation de l'accès à une 4G renforcée (débit de 240 Mbit/s) partout en complément du "new deal mobile" qui cherche à résorber les zones blanches. Cela touche aussi la couverture des axes routiers. L'Arcep aura pour mission de contrôler le bon respect de ces engagements par les opérateurs.
Comment vont se dérouler ces enchères ?
310 MHz de fréquences de la bande 3,4 - 3,8 GHz sont à attribuer à l'échelle de la métropole. La procédure d'attribution repose sur un mécanisme d'attribution mixte : une première partie a déjà permis à quatre opérateurs d'obtenir chacun un bloc de fréquences de 50 MHz contre des engagements auxquels ils ont souscrits. Aujourd'hui même se déroule la phase d'enchère principale pour l'attribution des 110 MHz encore disponibles. Une enchère de positionnement sera organisée en octobre pour déterminer les positions de chaque lauréat dans la bande de fréquences.
Quelle est cette nouvelle mission sur l'étude de l'empreinte environnementale des réseaux numériques ?
Le numérique et les communications électroniques questionnent en termes d'environnement durable. L'an passé, une étude sur les émissions carbone a été réalisée. Cette année, l'Arcep et l'ADEME (l'agence pour la transition écologique) ont été missionnées pour conduire un travail sur la mesure de l'impact environne- mental du numérique. Cette mission durera 18 mois. L'Arcep a aussi lancé une réflexion autour du sujet "Pour un numérique soutenable". Elle a appelé associations, institutions, opérateurs, entreprises du numérique, personnalités à participer. Les questions sont complexes. Comment éviter par exemple de changer de télé- phone trop souvent, concevoir des applications qui ne gaspillent pas en transferts de données ? Comment concilier demandes de connexion des utilisateurs et plus grande exigence de sobriété numérique ? Un rapport sera rendu au gouvernement à la fin de l'année, proposant de premières pistes d'action pour intégrer les en- jeux environnementaux à la régulation des télécoms.
Propos recueillis par Nicolas Lavergne
• L'intégralité du dossier sur la 5G publié par le journal La Provence