Synthèse
Le revenu des opérateurs s’élève à 35,2 milliards d’euros en 2020 et enregistre son plus faible recul depuis dix ans (-0,4% en un an en 2020)
Cette très légère baisse provient entièrement du recul des revenus annexes aux services de communications électroniques (-5,7% en un an). En effet, avec la fermeture des points de vente au cours du deuxième trimestre 2020, le revenu lié à la vente d’équipements fixes et mobiles (composante principale des revenus annexes, soit 4,0 milliards d’euros HT en 2020) diminue fortement : -6% en un an après deux années autour de -0,5%.
Malgré la crise sanitaire, le revenu des services de communications électroniques progresse de 0,3% en 2020, après deux années de repli autour de -1%. Cette amélioration s’explique en grande majorité par celle du revenu des services fixes (+0,1% en un an en 2020 après dix années de baisse continue), et en particulier de celui lié à la vente des abonnements à haut et très haut débit (+3% en un an après deux années de quasi stabilité). Elle compense ainsi le ralentissement de la croissance du revenu lié à la commercialisation des services mobiles : +0,8% en un an en 2020 contre +1,4% un an auparavant. Cette moindre croissance est liée principalement à la diminution exceptionnelle des usages en roaming out due aux restrictions de déplacements. En conséquence, le revenu associé, 260 millions d’euros HT en 2020, a perdu plus de la moitié de sa valeur en un an.
Sur le marché intermédiaire entre opérateurs, le revenu atteint 9,5 milliards d’euros (+7% en un an en 2020), croissance qui n’avait pas été aussi élevée depuis 2014. Cette progression s’explique par la hausse exceptionnelle (+14% en un an en 2020 contre +3% en 2019) du revenu des services à très haut débit fixe (les cofinancements et les déploiements RIP en particulier) et de celle des communications vocales au départ des réseaux mobiles sur le marché de détail (+22% du revenu lié à la terminaison d’appel mobile contre +1% en 2019).
Les montants investis par les opérateurs atteignent 14,3 milliards d’euros en 2020
Sur les 14,3 millions d’euros investis, 2,8 milliards d’euros proviennent de l’achat de fréquences dans la bande 3,4 ‑ 3,8 GHz, attribuée pour le déploiement des réseaux 5G, soit environ 20% du montant total d’investissements.
Hors achats de fréquences mobiles, 11,5 milliards d’euros ont été dépensés, représentant un accroissement de 860 millions d’euros en un an (soit +8,1% en un an), une progression près de deux fois supérieure à celle des deux années précédentes.
L’accroissement annuel est intégralement porté par les déploiements dans les boucles locales fixe et mobiles à très haut débit. Ils représentent 6 milliards d’euros investis (+1,2 milliard d’euros en un an). Les déploiements dans les boucles locales fixes très haut débit et notamment celles en fibre optique de bout en bout représentent sept euros supplémentaires sur dix investis dans les boucles locales à très haut débit, soit +830 millions d’euros en un an. Les investissements dans les boucles locales mobiles à très haut débit progressent également (+340 millions d’euros en 2020), portés par les premiers déploiements dans les réseaux 5G.
La crise sanitaire et les différentes restrictions qui en résultent ont bouleversé de façon exceptionnelle les usages sur les réseaux fixes et mobiles, notamment la consommation vocale
La consommation vocale depuis les réseaux fixes et mobiles, 259 milliards de minutes en 2020, progresse fortement depuis le début de la crise sanitaire (+15% sur l’ensemble de l’année 2020), alors qu’elle n’augmentait plus depuis 2014. Sa croissance a atteint un niveau record durant le premier confinement, jamais égalé en 20 ans : +28% en un an au deuxième trimestre 2020. Par la suite, la croissance de ces usages est restée élevée, en particulier lors du deuxième confinement au quatrième trimestre 2020 (+10%). En termes de consommation moyenne, les détenteurs de forfaits ont téléphoné 4h09 par mois depuis leur terminal mobile en 2020 (+14,1% en un an), soit +31 minutes en un an (contre entre -1 et +5 minutes selon les années depuis 2013),avec un niveau record durant le deuxième trimestre 2020 (+1 heure). Sur les réseaux fixes, l’effet de la crise sanitaire a été plus marqué depuis les box internet ; la consommation vocale moyenne des abonnés qui diminuait depuis six ans, et jusqu’à -40 minutes environ en 2013 et 2014, augmente à nouveau : +11 minutes en moyenne en un an par abonnement sur l’ensemble de l’année 2020 avec un pic exceptionnel de +28 minutes au deuxième trimestre.
L’effet de la crise sanitaire est tout aussi visible sur l’usage des SMS, avec un effet inverse à celui de la consommation vocale. Le repli du trafic, entamé en 2016 au profit des applications mobiles de messageries instantanées, s’est fortement accentué en 2020, et en particulier durant les deux confinements : autour de -20% en rythme annuel aux deuxième et quatrième trimestres 2020. Sur l’ensemble de l’année 2020, leur volume (134 milliards) a diminué de 16% en un an contre -7% par an en moyenne depuis 2017, en partie en raison de la substitution des messages écrits vers l’usage vocal.
Concernant la consommation de données sur réseaux mobiles (6,9 exaoctets sur l’ensemble de l’année 2020), les conséquences de la crise sanitaire sont un peu moins perceptibles. Le rythme de croissance de ces usages reste élevé cette année (+32% en un an en 2020). Les utilisateurs des réseaux 4G notamment, qui réalisent 95% du trafic total de données sur réseaux mobiles, ont consommé,en moyenne, 10,3 Go par mois en 2020, soit une croissance de 20% en rythme annuel après +29% en 2019 et +37% en 2018.
Enfin, la crise sanitaire et les déplacements limités vers l’étranger ont eu pour conséquence un net recul de tous les usages des clients des opérateurs mobiles français lors de leurs déplacements à l’étranger : le trafic de données (-21% en un an 2020 contre +60% en 2019), l’usage vocal (-17% en un an en 2020 contre +16% en 2019) et les SMS (-54% en 2020 contre -1% en 2019).
La croissance de l’équipement fixe et mobile à très haut débit reste soutenue
Sur les réseaux mobiles, le nombre de forfaits en service continue d’augmenter à un rythme soutenu, entre +3% et +4% par an depuis 2015. Au total, 78,1 millions de cartes SIM sont en service en France au 31 décembre 2020, dont neuf cartes sur dix sont des forfaits (70,3 millions). Enfin, de plus en plus de terminaux mobiles sont connectés à internet via les réseaux mobiles à très haut débit ; ainsi, près de huit cartes SIM sur dix, soit 60,4 millions, sont actives sur les réseaux 4G, ce qui représente 5,5 millions de cartes supplémentaires en un an.
Pour la première fois, la totalité des nouveaux clientsayant souscrit un accès à très haut débitont choisi la technologie FttH, soit 3,3 millions d’accès supplémentaires par rapport à l’année 2019, progression jamais enregistrée jusque-là. Cette croissance a été permise par la progression exceptionnelle du nombre de locaux éligibles au FttH(+5,8 millions de plus en un an contre +4,9 millions un an auparavant). Ce sont désormais plus de 10 millions d’accès qui sont actifs sur ces réseaux, ce qui représente 43% (+5 points en un an) des locaux qui y sont éligibles. Au 31 décembre 2020, sur un total de 30,6 millions d’accès internet,près de la moitiésont à très haut débit (48%, +10 points en un an) au sein desquels une large majorité (71%, +9 points en un an) est de technologie FttH.
Remarques générales
1. Publication
L’Arcep publie un bilan de l’activité des opérateurs au cours de l’année précédente. Cette publication, fondée sur les données trimestrielles de l’année écoulée, porte le nom de « résultats provisoires ». La publication de résultats définitifs aura lieu en décembre 2021.
2. Modification des publications à la suite de la consultation menée en 2014
L’Arcep a réalisé, au cours de l’année 2014, une consultation des principaux opérateurs de communications électroniques, portant sur l’évolution des indicateurs contenus dans ses publications statistiques. Les réponses à cette consultation ainsi que les récentes évolutions du marché des communications électroniques ont conduit l’Autorité à modifier sensiblement les publications relatives au suivi du marché.
Evolution du périmètre des services de capacité :
Jusqu’en 2014, l’indicateur « recettes des services de capacité » sur le marché de détail incluait une partie des prestations vendues à des opérateurs de communications électroniques déclarés auprès de l’Arcep. Il s’agissait principalement du revenu de liaisons louées et de transport de données dont il était difficile jusqu’à présent, pour l’opérateur répondant, de dissocier les montants attribuables à des entreprises et ceux attribuables à d’autres opérateurs. Les recettes provenant des liaisons d’aboutement et des liaisons partielles terminales étaient, quant à elles, incluses dans l’indicateur « prestations de gros de l’accès haut débit et très haut débit » figurant dans la section relative à l’interconnexion et aux prestations de gros. Des ajustements ont été réalisés afin de dissocier dorénavant parfaitement les marchés de gros et de détail : ainsi, l’ensemble des recettes des services de capacité vendus aux opérateurs figure désormais dans la section sur le marché de gros (indicateur « services de capacité », en annexe 1.1d). Cela a eu pour conséquence directe une baisse d’environ 500 millions d’euros par an du revenu total sur le marché de détail et une hausse du même montant des recettes relatives au marché de gros des opérateurs fixes.
Services mobiles : dissociation du marché des services des objets connectés :
L’ensemble des publications statistiques de l’Arcep dissocient depuis 2015, au sein des services mobiles, le segment des cartes Machine to Machine (MtoM) des autres services mobiles dits « classiques ». Les indicateurs du nombre de cartes SIM et de revenu des marchés afférents sont ainsi présentés séparément. S’agissant des trafics (appels vocaux, messagerie interpersonnelle, données consommées), les indicateurs présentés sont susceptibles d’inclure le trafic issu des cartes MtoM. Néanmoins, ces consommations sont faibles et négligeables au regard des consommations réalisées à partir des cartes SIM mobiles classiques.
3. Changement de champ réglementaire en 2004
L’Arcep interroge, pour ses observatoires, tous les opérateurs entrant dans le champ de la régulation. L’évolution du cadre réglementaire en 2004 a élargi le périmètre d’enquête, en couvrant également tous les fournisseurs d’accès à internet et les transporteurs de données. Cette modification du cadre réglementaire s’est traduite par un élargissement du nombre d’opérateurs interrogés. Dans la mesure du possible, les évolutions sont présentées à champ constant de 1998 à 2004, puis sur le nouveau champ pour les années à partir de 2004. Les données concernées sont l’emploi, l’investissement et les charges.
4. Ruptures de séries
- L’application, à partir du 1er janvier 2018, de la nouvelle norme comptable IFRS 15 a entraîné une rupture de séries en 2018 dans les revenus des services mobiles et des terminaux mobiles. La partie liée au remboursement des terminaux est désormais enregistrée comptablement en totalité à la date de son achat par le client, dans les revenus des terminaux. Auparavant, ce montant (la « subvention opérateur ») était facturé au travers de l’abonnement mensuel du client pour la période d’engagement. Afin d’évaluer les évolutions entre 2017 et 2018, sur un périmètre comparable, les revenus mobiles de l’année 2017 sont également présentés dans la présente publication selon les normes IFRS 15. Pour plus d’informations, se reporter à l’annexe 1.1b) .
- En 2015, l’allocation du revenu des forfais mobiles couplés (voix+data) entre les différents services a été supprimée. Auparavant, il s’agissait principalement de segmenter le revenu total entre les services vocaux classiques et les services de données, mais selon la composition des forfaits, une partie du revenu des forfaits pouvait également être allouée au revenu des services à valeur ajoutée vocaux et data. Pour l’année 2014, les indicateurs sont présentés sur le périmètre 2015, c’est-à-dire qu’il s’agit des revenus des prestations payées en supplément du forfait. Pour 2013, une rétropolation des données a également été effectuée, mais, s’agissant des services à valeur ajoutée data, une partie de l’allocation peut encore subsister.
- L’année 2013 a été marquée par une modification dans la structure du marché des services de capacité aux opérateurs (marché de gros) : la fusion entre France Télécom et Orange a entraîné une suppression des flux financiers entre ces deux sociétés. Avant cette date, France Télécom vendait des services de capacité à Orange. Afin d’évaluer l’évolution de ces prestations entre 2012 et 2013 sur des données comparables, les données de revenu publiées sur l’année 2012 correspondent au champ 2013, c’est-à-dire hors ventes entre France Télécom et Orange. Les données des années 2012 et 2013 ne sont pas comparables à celles des années précédentes.
- L’année 2006 a été marquée par une modification dans la structure du marché des services de capacité spécifiquement dédiés aux entreprises : l’intégration de Transpac dans France Télécom au 1er janvier 2006 a entraîné une suppression des flux financiers entre ces deux sociétés. Avant cette date, France Télécom et Transpac se vendaient des services de capacité. Ces revenus étaient comptabilisés dans les rubriques « Liaisons louées » et
« Transport de données ». Le revenu des services de capacité est présenté à partir de l’année 2006. - Entre 2004 et 2005, l’intégration d’un nouvel opérateur important sur le segment du marché des annuaires (rubrique « Revenus annexes ») crée une rupture entre 2004 et 2005.
5. Revenus des services de téléphonie fixe et d’internet
La segmentation pratiquée dans les publications de l’observatoire rattache, par convention, l’ensemble des revenus des offres multi services à l’internet et ne rattache aux revenus de la téléphonie fixe que les revenus qui lui sont directement attribuables.
L’indicateur de revenu directement attribuable aux services de téléphonie fixe couvre le revenu des frais d’accès et abonnements au service téléphonique (réseau téléphonique commuté - RTC et voix sur large bande - VLB lorsqu’elle est facturée indépendamment du service internet), le revenu des communications depuis les lignes fixes explicitement facturées (RTC et VLB facturés en supplément des forfaits multiplay) et le revenu de la publiphonie et des cartes.
L’accès à un service de voix sur large bande et les communications en VLB, lorsqu’ils sont inclus dans la facturation du forfait internet haut débit, ne sont pas valorisés dans l’indicateur de revenu directement attribuable à la téléphonie fixe : ils sont inclus dans l’indicateur « revenu de l’accès à internet haut débit » et, à un niveau plus agrégé, dans l’indicateur « revenu internet ».
6. Divers
Sauf mention contraire, les unités utilisées dans cette publication sont en unités pour les données d’emploi, en millions d’unités pour les indicateurs de parc, en millions d’euros pour les indicateurs d’investissement et de revenus (hors taxes), en millions de minutes pour les trafics de téléphonie et en millions pour les messages texte (SMS et MMS), en exaoctets pour les indicateurs relatifs au volume de données échangées.
Les écarts susceptibles d’exister entre les croissances annuelles en % et les niveaux sont liés aux arrondis.
Les données révisées sont indiquées en italique dans les tableaux.
Toutes les données sont disponibles sur le site data.gouv.fr (ici).