Synthèse
Le revenu des opérateurs de communications électroniques sur le marché final diminue de 1,0% en 2018, tandis que leurs investissements atteignent 9,8 milliards d’euros.
Le recul contenu du revenu est principalement lié à la baisse du revenu des services fixes (16,9 milliards d’euros HT), qui représente une part importante (55%) de l’ensemble des revenus. Il diminue de 1,8% en un an après deux années de quasi stabilité. Dans une moindre mesure, les services à valeur ajoutée participent à ce recul avec une baisse du revenu associé multipliée par plus de deux en un an (-13,5% en un an en 2018). Seul véritable poste de croissance, le revenu des services mobiles (13,1 milliards d’euros selon la nouvelle norme IFRS 15), porté par la vente des forfaits, croît de 0,8% en un an. Enfin, les revenus annexes composés pour 74% des revenus issus de la vente des terminaux fixes et mobiles augmentent très légèrement en 2018 (+0,3%).
La nouvelle norme comptable IFRS 15 appliquée par les opérateurs depuis le 1er janvier 2018, conduit principalement à un transfert du revenu des services mobiles vers le revenu des terminaux mobiles (cf. rubrique revenus annexes). Les revenus 2017 et 2018 dans le tableau ci-dessus sont présentés à périmètre constant, c’est-à-dire après application de la nouvelle norme comptable. Pour plus de précisions, se reporter à l’annexe en p. 59.
Portés par les déploiements du très haut débit fixe et en particulier du FttH, les investissements réalisés par les opérateurs continuent d’augmenter.
Le montant des investissements réalisés par les opérateurs de communications électroniques s’élève à 9,8 milliards d’euros, et progresse pour la quatrième année consécutive (+200 millions d’euros en 2018). La croissance est entièrement portée par celle des investissements liés à l’activité fixe (+400 millions d’euros en un an) et totalement attribuable à l’accroissement des déploiements dans les boucles locales très haut débit. En revanche, les montants investis dans les boucles locales mobiles de quatrième génération diminuent après un rattrapage l’année précédente, expliquant la majorité du recul des investissements liés à l’activité mobile (-200 millions d’euros en 2018).
Depuis cinq ans, le nombre de salariés employés directement par les opérateurs (109 000 fin 2018) recule sur un rythme de 3 000 à 4 000 emplois par an (-3 600 en 2018).
Près de 5 millions de logements sur les 13,5 millions de logements éligibles à la technologie FttH sont dotés d’un abonnement actif.
Les accès internet haut débit (20,1 millions, -1,3 million en un an), composés essentiellement d’abonnements DSL, sont remplacés progressivement depuis quatre ans par les accès internet à très haut débit (9,0 millions fin 2018), et principalement par ceux en fibre optique de bout en bout (4,8 millions) dont la croissance ne cesse d’augmenter (+1,5 million en un an fin 2018 contre +1,1 un an auparavant). Ces derniers représentent 16% des accès internet, et le nombre d’abonnements à très haut débit près d’un abonnement sur trois, sur un total de 29,1 millions. Pour un accès internet à haut ou très haut débit comprenant la téléphonie et selon les cas la télévision, un client dépense en moyenne 33,3 euros HT par mois, une facture qui diminue de 80 centimes par rapport à celle de 2017.
Les clients des opérateurs mobiles se tournent vers les forfaits libres d’engagement, et consomment de plus en plus de data sur les réseaux 4G.
La France compte 75,6 millions de cartes SIM en service (hors MtoM) à la fin de l’année 2018, dont une grande majorité de forfaits (66,5 millions), et principalement libres d’engagement (71% des forfaits, +2,7 millions en un an). La croissance des forfaits (+2,2 millions en un an en 2018) reste soutenue mais plus modérée qu’en 2017 (+2,7 millions). Un client dépense en moyenne 15,7 euros HT par mois pour un forfait, soit 30 centimes de moins qu’en 2017, et pour bénéficier de remises, certains souscrivent à des forfaits couplés à un accès fixe chez le même opérateur (20,1 millions en 2018, +450 000 en un an). Par ailleurs, les clients des opérateurs mobiles ont été particulièrement nombreux en 2018 à changer d’opérateur sans changer de numéro de téléphone : 8,2 millions (500 000 de plus qu’en 2017), le plus haut niveau historique.
Parmi les clients mobiles, 47,7 millions naviguent sur les réseaux 4G grâce à leur terminal mobile adapté et à une couverture du territoire français en 4G de plus en plus étendue [1]. Ces derniers sont à l’origine de la quasi-totalité des 3,6 exaoctets de données consommées durant l’année 2018 (+66% en un an). Ils consomment 6,7 Go par mois, soit 2 Go de plus qu’un client moyen. En outre, avec la fin des frais d’itinérance en Europe, les clients des opérateurs français qui voyagent à l’étranger ont doublé leur consommation de données par rapport à l’année 2017, et le volume de SMS émis a augmenté de 20%. En France, ils sont en revanche de moins en moins enclins à utiliser le SMS comme moyen de communication, puisque leur consommation moyenne (199 par mois, -20 SMS en un an) comme le volume global (171,4 milliards de SMS,
-7,1% en un an) sont en baisse depuis 2016.
La consommation vocale mobile (171 milliards de minutes) est quant à elle en croissance (+3,7% en un an après +1,9% en 2017), même si, en moyenne par client (3h18 par mois en 2018), elle évolue peu depuis 2016. Le téléphone mobile reste néanmoins le moyen privilégié pour téléphoner puisque la consommation moyenne mensuelle à partir d’une « box » internet (2h10) diminue significativement d’environ 20 minutes par an et par abonné depuis 2013, et que celle au départ des réseaux RTC est inférieure à 2 heures et relativement stable depuis 2012 (1h51 en 2018).
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[1] Cartes de couverture : https://www.data.gouv.fr/fr/reuses/couverture-2g-3g-et-4g-croisez-les-cartes-des-operateurs-mobiles/
Remarques générales
1. Publication
L’Arcep publie un bilan de l’activité des opérateurs au cours de l’année précédente. Cette publication, fondée sur les données trimestrielles de l’année écoulée, porte le nom de « résultats provisoires ». La publication de résultats définitifs aura lieu en décembre 2018.
2. Modification des publications à la suite de la consultation menée en 2014
L’ARCEP a réalisé, au cours de l’année 2014, une consultation des principaux opérateurs de communications électroniques, portant sur l’évolution des indicateurs contenus dans ses publications statistiques. Les réponses à cette consultation ainsi que les récentes évolutions du marché des communications électroniques ont conduit l’Autorité à modifier sensiblement les publications relatives au suivi du marché.
Evolution du périmètre des services de capacité :
Jusqu’en 2014, l’indicateur « recettes des services de capacité » sur le marché de détail incluait une partie des prestations vendues à des opérateurs de communications électroniques déclarés auprès de l’Arcep. Il s’agissait principalement du revenu de liaisons louées et de transport de données dont il était difficile jusqu’à présent pour l’opérateur répondant, de dissocier les montants attribuables à des entreprises et ceux attribuables à d’autres opérateurs. Les recettes provenant des liaisons d’aboutement et des liaisons partielles terminales étaient, quant à elles, incluses dans l’indicateur « prestations de gros de l’accès haut débit et très haut débit » figurant dans la section relative à l’interconnexion et aux prestations de gros. Des ajustements ont été réalisés afin de dissocier dorénavant parfaitement les marchés de gros et de détail : ainsi, l’ensemble des recettes des services de capacité vendus aux opérateurs figure désormais dans la section sur le marché de gros (indicateur « services de capacité », p. 51). Cela a eu pour conséquence directe une baisse d’environ 500 millions d’euros par an du revenu total sur le marché de détail et d’une hausse du même montant des recettes relatives au marché de gros des opérateurs fixes.
Services mobiles : dissociation du marché des services des objets connectés :
L’ensemble des publications statistiques de l’Arcep dissocient depuis 2015, au sein des services mobiles, le segment des cartes Machine to Machine (MtoM) des autres services mobiles dits « classiques ». Les indicateurs du nombre de cartes SIM et de revenu des marchés afférents sont ainsi présentés séparément. S’agissant des trafics (appels vocaux, messagerie interpersonnelle, données consommées), les indicateurs présentés sont susceptibles d’inclure le trafic issu des cartes MtoM. Néanmoins, ces consommations sont faibles et négligeables au regard des consommations réalisées à partir des cartes SIM mobiles classiques.
3. Changement de champ réglementaire en 2004
L’Arcep interroge, pour ses observatoires, tous les opérateurs entrant dans le champ de la régulation. L’évolution du cadre réglementaire en 2004 a élargi le périmètre d’enquête, en couvrant également tous les fournisseurs d’accès à internet et les transporteurs de données. Cette modification du cadre réglementaire s’est traduite par un élargissement du nombre d’opérateurs interrogés. Dans la mesure du possible, les évolutions sont présentées à champ constant de 1998 à 2004, puis sur le nouveau champ pour les années à partir de 2004. Les données concernées sont l’emploi, l’investissement et les charges.
- En 2018, l’application, à partir du 1er janvier 2018, de la nouvelle norme comptable IFRS 15 a entraîné une rupture de séries dans les revenus des services mobiles et des terminaux mobiles. La partie liée au remboursement des terminaux est désormais enregistrée comptablement en totalité à la date de son achat par le client, dans les revenus des terminaux. Auparavant, ce montant (la « subvention opérateur ») était facturé au travers de l’abonnement mensuel du client pour la période d’engagement. Afin d’évaluer les évolutions entre 2017 et 2018, sur un périmètre comparable, les revenus mobiles de l’année 2017 sont également présentés dans la présente publication selon les normes IFRS 15. Pour plus d’informations, se reporter à l’annexe, en p.59.
- En 2015, l’allocation du revenu des forfais mobiles dits « bundlés » (voix+data) entre les différents services a été supprimée. Auparavant, il s’agissait principalement de segmenter le revenu total entre les services vocaux classiques et les services de données, mais selon la composition des forfaits, une certaine partie du revenu des forfaits pouvait également être allouée au revenu des services à valeur ajoutée vocaux et data. Pour l’année 2014, les indicateurs sont présentés sur le périmètre 2015, c’est-à-dire qu’il s’agit des revenus des prestations payées en supplément du forfait. Pour 2013, une rétropolation des données a également été effectuée, mais, s’agissant des services à valeur ajoutée data, une partie de l’allocation peut encore subsister.
- L’année 2013 a été marquée par une modification dans la structure du marché des services de capacité aux opérateurs (marché de gros) : la fusion entre France Telecom et Orange a entraîné une suppression des flux financiers entre ces deux sociétés. Avant cette date, France Télécom vendait des services de capacité à Orange. Afin d’évaluer l’évolution de ces prestations entre 2012 et 2013 sur des données comparables, les données de revenu publiées sur l’année 2012 correspondent au champ 2013, c’est-à-dire hors ventes entre France Télécom et Orange. Les données des années 2012 et 2013 ne sont pas comparables à celles des années précédentes.
- L’année 2006 a été marquée par une modification dans la structure du marché des services de capacité spécifiquement dédiés aux entreprises : l’intégration de Transpac dans France Télécom au 1er janvier 2006 a entraîné une suppression des flux financiers entre ces deux sociétés. Avant cette date, France Télécom et Transpac se vendaient des services de capacité. Ces revenus étaient comptabilisés dans les rubriques « Liaisons louées » et
« Transport de données ». Le revenu des services de capacité est présenté à partir de l’année 2006. - Entre 2004 et 2005, l’intégration d’un nouvel opérateur important sur le segment du marché des annuaires (rubrique « Revenus annexes ») crée une rupture entre 2004 et 2005.
5. Revenus des services de téléphonie fixe et d’internet
La segmentation pratiquée dans les publications de l’observatoire rattache, par convention, l’ensemble des revenus des offres multi services à l’internet et ne rattache aux revenus de la téléphonie fixe que les revenus qui lui sont directement attribuables.
L’indicateur de revenu directement attribuable aux services de téléphonie fixe couvre le revenu des frais d’accès et abonnements au service téléphonique (Réseau téléphonique commuté - RTC et voix sur large bande - VLB lorsqu’elle est facturée indépendamment du service internet), le revenu des communications depuis les lignes fixes explicitement facturées (RTC et VLB facturés en supplément des forfaits multiplay), le revenu de la publiphonie et des cartes.
L’accès à un service de voix sur large bande et les communications en VLB, lorsqu’ils sont inclus dans la facturation du forfait internet haut débit, ne sont pas valorisés dans l’indicateur de revenu directement attribuable à la téléphonie fixe : ils sont inclus dans l’indicateur « revenu de l’accès à internet haut débit » et, à un niveau plus agrégé, dans l’indicateur « revenu internet ».
6. Segmentation par type de clientèle
La segmentation par type de clientèle peut différer d’un opérateur mobile à l’autre selon que les professionnels (artisans, professions libérales,…) sont considérés comme du grand public ou comme des entreprises.
La définition adoptée à partir de 2008 pour la segmentation entre clientèle grand public et entreprise sur le marché de détail est la suivante :
- La clientèle « entreprise » regroupe deux types de clients :
- Les clients d’une offre ou d’une option réservée à la clientèle des professionnels, des entreprises et des entités publiques, par exemple parce que l’offre ou l’option ne peut être souscrite que par une personne morale ou parce qu’il est demandé au client de produire à la souscription une preuve de commercialité – numéro d’inscription SIREN, SIRET, etc.
- Les clients des autres types d’offres qui se sont explicitement déclarés à la souscription comme des professionnels.
- La clientèle « grand public » : tous les clients ne faisant pas partie de la clientèle «entreprises». Ces clients peuvent être regroupés, selon les opérateurs, dans les catégories dites « Grand public » ou « Résidentiel ».
7. Divers
Sauf mention contraire, les unités utilisées dans cette publication sont les unités pour les données d’emploi, les millions d’unités pour les indicateurs de parc, les millions d’euros pour les indicateurs d’investissement et de revenus (hors taxes), les millions pour les trafics de téléphonie ou de messages (SMS), les téraoctets pour les indicateurs relatifs au volume de données échangées.
Les écarts susceptibles d’exister entre les croissances annuelles en % et les niveaux sont liés aux arrondis.
Les données révisées sont indiquées en italique dans les tableaux.
Toutes les données sont disponibles sur le site de l’Autorité aux formats Xlsx et CSV ou sur le site data.gouv.fr (ici).