Indicateurs économiques

Marché des communications électroniques en France (T1 2020)

Historique

Tous les observatoires trimestriels et annuels

Les chiffres depuis 1998

Synthèse

La crise sanitaire et le confinement qui en a résulté ont bouleversé les usages des services de télécommunications au premier trimestre 2020.

Ces évolutions sont d’autant plus notables que le confinement n’a porté que sur les quinze derniers jours du trimestre.  La consommation vocale depuis les réseaux fixes et mobiles atteint un niveau record ce trimestre, jamais égalé en 20 ans : 65,4 milliards de minutes, soit une augmentation de 13,3% en un ancontre -3,0% un an auparavant.

Cette croissance exceptionnelle provient de l’envolée des usages de téléphonie mobile, qui représente désormais près de huit minutes consommées sur dix. Au premier trimestre 2020, ce trafic a progressé de 18% en un ancontre des croissances allant de +2% à +5% en moyenne au cours des cinq années précédentes. Parmi les possesseurs de téléphone mobile, ceux ayant souscrit un forfait ont consommé beaucoup plus qu’avant la crise sanitaire : 4h13 par mois en moyenne, soit 33 minutes de plus qu’au premier trimestre 2019. Ces vingt dernières années, leur consommation mensuelle moyenne n’avait jamais été aussi élevée (au plus 3h46 en 2006). Cette croissance provient d’une envolée de l’usage vocal vers les réseaux nationaux, notamment vers les mobiles (+20% en un an), mais également vers les réseaux fixes (+10%). En outre, lorsque cela est techniquement possible, les utilisateurs de téléphones mobiles peuvent, depuis un an environ, faire l’usage des services de communications en voix sur Wifi lorsqu’ils disposent d’une qualité de service de communications vocales dégradée au sein des bâtiments. Même si l’utilisation de ce service reste faible au regard de la consommation mobile totale (2,4%, soit 1,2 milliard de minutes au premier trimestre 2020), sa progression est très élevée : le volume de communications en voix sur Wifi a plus que doublé en un an (+122%). En revanche, la consommation vocale à destination de l’international reste en baisse et celle des clients des opérateurs français depuis l’étranger en roaming out augmente bien moins fortement que les trimestres précédents (+6,7% contre +19,4% au premier trimestre 2019), en lien avec la fermeture des frontières.

L’évolution de la consommation vocale au départ des réseaux fixes est tout autant exceptionnelle. Alors que l’usage de ce service diminue depuis sept ans et au rythme élevé de -15% en un an environ en 2019, le volume de communications vocales diminue très faiblement au premier trimestre 2020
(-0,7% en un an). En effet, pour la première fois depuis sept ans, le volume de communications vocales depuis les réseaux fixes en voix sur large bande augmente (+4,4% en un an). En conséquence, la consommation moyenne (2h04 ce trimestre), qui était en baisse de 20 à 30 minutes par an et par abonnement, progresse de 2 minutes en un an ce trimestre. En revanche, le trafic vocal depuis les lignes fixes bas débit poursuit sa tendance à la baisse d’environ 20% par an depuis 2019.

La crise sanitaire n’a pas eu d’impact notable sur l’évolution de la consommation de données sur réseaux mobiles en France. Celle-ci continue de croître au rythme soutenu de +40% à +50% depuis un an (1,6 exaoctet au premier trimestre 2020, soit +47,4% en un an). En revanche, depuis l’étranger, elle s’affaiblit (+36,5% contre +64,0% en un an en 2019), à l’image des communications vocales. La croissance du trafic depuis les cartes internet (clés 3G, 4G) est quant à elle multipliée par troisen un an (+89%) en lien le besoin accru de connexion interne à domicile. Pour les utilisateurs des réseaux 4G, la consommation mensuelle moyenne dépasse désormais les 10 Go par mois en moyenne (+37% en un an).

Enfin, le SMS dont l’usage était monté en puissance en 2008, voit son trafic diminuer continûment depuis 2016 au profit des applications mobiles de messageries instantanées (Messenger, Viber, WhatsApp, etc.). Le début de la crise sanitaire ne semble pas avoir eu d’effet significatif sur le trafic de SMS en France (-4,8% en un an en trimestre contre -4% à -7% par an depuis deux ans selon les trimestres), contrairement à celui émis depuis l’étranger en roaming out (-10,1% en un an ce trimestre contre -2% en moyenne en 2019).

Le revenu des opérateurs est stable ce trimestre après une croissance de 1% au quatrième trimestre 2019 et deux ans de recul continu.

Sur les seuls services de communications électroniques, le revenu des opérateurs progresse de 1% en un an environ pour le deuxième trimestre consécutif. Au premier trimestre 2020, la perte de revenus annexes et en particulier ceux relatifs à la vente et location de terminaux et équipements compense le regain de croissance sur les services de télécommunications.

Le revenu des services mobiles (3,3 milliards d’euros HT) continue de progresser significativement ce trimestre(+3,1% en un an) grâce au revenu généré par la vente des forfaits, alors qu’au cours des neuf premiers mois de l’année 2019, sa croissance n’avait pas dépassé 1%. La facture mensuelle moyenne des clients détenteurs de forfaits (15,4 euros HT), progresse ainsi légèrement pour le deuxième trimestre consécutif (+0,1€ HT en un an après +0,2€ HT).

Le revenu des opérateurs fixes (4,1 milliards d’euros HT), en recul depuis près de 10 ans, voit sa tendance s’améliorer depuis le trimestre dernier (-0,6% en un an au quatrième trimestre 2019 contre en moyenne -2,8% au cours des neuf premiers mois de l’année). Au premier trimestre 2020, il est pratiquement stable (-0,3% en un an) grâce au revenu issu de la vente des accès à haut et très haut débit qui a renoué avec la croissance depuis le quatrième trimestre 2019 (+2,4% en un an et +2,6% ce trimestre). Cette croissance impacte légèrement à la hausse la facture mensuelle moyenne par accès à haut et à très haut débit (32,9 euros HT, +0,20€ HT en un an après +0,15€ HT).

Les opérateurs fixes et mobiles tirent environ 10% de leurs revenus, de la vente et de la location des terminaux mobiles et des équipements fixes (box, etc.). Ce revenu s’élève à 888 millions d’euros HT et est majoritairement (pour plus de 74%) composé du revenu provenant des terminaux mobiles. Il diminue de 9,0% en un an après un recul d’environ 1% pour l’année 2019, en raison de la baisse du revenu des terminaux mobiles (-8,9% en un an ce trimestre) et des terminaux fixes (-9,5%). La fermeture des boutiques des opérateurs explique en partie ce recul important.

Sur le marché de gros, les opérateurs offrent des prestations de services d’interconnexion et d’accès pour le compte d’autres opérateurs. Leur revenu s’établit à environ 2 milliards d’euros pour le quatrième trimestre consécutif et progresse de 4,5% en un an ce trimestre, en raison notamment de la croissance élevée du revenu des services de gros à très haut débit (+42% en un an), mais également, ce trimestre, de l’accroissement exceptionnel des communications vocales au départ des réseaux mobiles sur le marché de détail (+22% du revenu lié à la terminaison d’appels mobiles).

Les équipements fixes et mobiles qui permettent l’accès au très débit continuent de progresser activement.

Afin d’accéder à internet, près de 95% des nouveaux clients ont souscrit auprès des fournisseurs des forfaits internet via la technologie FttH. La croissance du nombre de locaux éligibles au FttH (+5,1 millions en un an au premier trimestre 2020 contre +3,5 millions un an auparavant) et du nombre de souscriptions à cette technologie (+2,4 millions contre +1,7 million) s’amplifie chaque trimestre. Ainsi, au premier trimestre 2020, près de 40% des locaux éligibles à cette technologie sont pourvus d’un accès FttH actif : 7,7 millions d’accès FttH actifs sur les 19,5 millions de locaux éligibles au FttH. Au 31 mars 2020, 40% des accès internet sont à très haut débit (+7 points en un an) avec une large majorité (64%, +8 points en un an) d’accès en fibre optique de bout en bout. Les accès internet à haut débit DSL sont encore largement majoritaires avec une proportion de 58% du total des accès internet, mais sont en constante diminution (-9,5% en un an).

Sur les réseaux mobiles, les clients optent également pour la technologie très haut débit. Ils sont ainsi, au premier trimestre 2020, 55,5 millions de clients à utiliser les réseaux 4G, ce qui représente un peu plus de sept cartes SIM sur dix et 6,3 millions de cartes supplémentaires en un an. L’accès à internet en mobilité et aux réseaux mobiles peuvent être également possibles via les clés 3G ou 4G, mais celles-ci représentent une faible part (3,4 millions) de l’ensemble de cartes SIM (77,1 millions). En outre, leur nombre qui diminuait depuis le début de l’année 2017, entre 2% et 5% depuis près de 3 ans, connaît ce trimestre une augmentation exceptionnelle de 1,3% en un an, portée par les cartes internet prépayées (+8,6% en un an). Ce changement de tendance est probablement dû au besoin accru de connexions internet à domicile en raison de la crise sanitaire, alors même que le recul des cartes prépayées offrant principalement le service vocal s’accélère ce trimestre (-6,6% en un an).

Parallèlement, la croissance du nombre de forfaits mobiles se maintient à un rythme annuel d’environ 2,8% depuis un an. Le nombre de forfaits s’élève ainsi à 68,7 millions au 31 mars 2020, ce qui représente neuf cartes SIM sur dix.

Notes :

  • D’éventuelles révisions des données d’une publication à l’autre s’expliquent par des corrections apportées par les opérateurs dans leur déclaration. Les écarts susceptibles d’exister entre les croissances annuelles en % et les niveaux affichés sont liés aux arrondis ;
  • Tous les revenus s’entendent hors taxes. Toutes les comparaisons s’entendent du trimestre N comparé au même trimestre de l’année précédente, sauf mention contraire ;
  • L’historique des données est téléchargeable sur le site data.gouv.fr.