Synthèse
Les huit semaines de confinement ont bouleversé les usages des services de télécommunication.
La consommation vocale depuis les réseaux fixes et mobiles avait déjà très fortement augmenté au premier trimestre 2020 (+14% en un an), principalement en raison de l’envolée du trafic vocal depuis les réseaux mobiles (+18% en un an). Fait le plus marquant, au deuxième trimestre 2020, l’usage vocal global atteint un nouveau record jamais égalé en 20 ans : 72,2 milliards de minutes, soit une augmentation de 28,3% en un an contre -2,0% un an auparavant.
Huit minutes sur dix sont consommées depuis les téléphones mobiles, ce qui représente un volume global de 57,2 milliards de minutes ce trimestre. Ce dernier enregistre une croissance encore supérieure à celle observée au premier trimestre, de +30% en un an contre des croissances allant de +2% à +5% en moyenne au cours des cinq années précédentes. La hausse s’est principalement portée sur les communications vers les réseaux mobiles nationaux (+33% en un an), mais également vers celles des réseaux fixes (+32%), même si le trafic vocal vers les réseaux mobiles nationaux représente plus de 80% de la consommation vocale mobile. Parmi les possesseurs de téléphone mobile, ceux ayant souscrit un forfait ont consommé 4h40 par mois en moyenne durant le deuxième trimestre. Leur consommation mensuelle moyenne augmente ainsi de près de 30% par rapport au deuxième trimestre 2019 (dont environ 10 minutes supplémentaires vers les réseaux fixes). La voix sur Wifi depuis les téléphones mobiles, qui permet d’améliorer la couverture téléphonique mobile au sein des bâtiments, progresse également très fortement : son volume est multiplié par trois en un an ce trimestre, même s’il représente encore une faible part de la consommation totale depuis les terminaux mobiles (3%, soit 1,8 milliard de minutes). En revanche, le volume de communications vocales à destination de l’international reste en baisse (-10% en un an) et celui des clients des opérateurs français depuis l’étranger en roaming out diminue drastiquement (-31% en un an) principalement en raison de la fermeture des frontières.
Pour les réseaux fixes, le constat est le même. Alors que l’usage de ce service diminuait depuis sept ans, le volume de communications vocales augmente depuis le début de l’année 2020 : +22% en un an au deuxième trimestre contre un recul de -15% en 2019. En conséquence, la consommation mensuelle moyenne des détenteurs d’un abonnement téléphonique sur réseaux fixes en voix sur large bande (2h17 par mois ce trimestre), qui était en baisse de 20 à 30 minutes par an et par abonnement, progresse de près d’une demi-heure en un an ce trimestre après +4 minutes le trimestre dernier. Sur le RTC, elle s’élève à 1h51, soit +9 minutes en un an, alors qu’il n’y avait pas eu d’effet visible de la crise sanitaire au premier trimestre.
Au deuxième trimestre 2020, la consommation de données sur réseaux mobiles continue à croître à un rythme soutenu (+36% en un an), même si la croissance est inférieure à celle relevée les six trimestres précédents, d’environ +45% en moyenne. Les utilisateurs des réseaux 4G, qui réalisent 95% du trafic total de données sur réseaux mobiles, consomment, en moyenne, 10,2 Go par mois en moyenne (+23% en un an ce trimestre contre plus de 30% les trois précédents trimestres). Depuis l’étranger, et sous l’effet des restrictions de déplacements, le trafic de données enregistre un recul de 45% en un an, alors qu’il était en croissance constante et élevée depuis 2017 (+64% en un an en 2019).
Enfin, les SMS, dont l’usage diminue continûment depuis 2016 au profit des applications mobiles de messageries instantanées (Messenger, Viber, WhatsApp, etc.), voient leur recul s’accentuer significativement ce trimestre (-23% en un an sur le volume global contre environ -6,5% en 2018 et en 2019), alors que le début de la crise sanitaire ne semblait pas avoir eu d’effet significatif. Le trafic émis à l’étranger en roaming out est quant à lui divisé par quatre en un an.
Le revenu des opérateurs diminue de 2% en un an ce trimestre alors qu’il avait renoué avec la croissance depuis le quatrième trimestre 2019.
Cette dégradation s’explique principalement par la perte enregistrée sur les revenus liés à la vente et à la location des terminaux et équipements (composante principale des revenus annexes). En effet, hors revenus annexes, le revenu des opérateurs progresse de 0,5% en un an.
Les opérateurs fixes et mobiles tirent environ 10% de leurs revenus de la vente et de la location des terminaux mobiles et des équipements fixes (box, etc.), soit 817 millions d’euros HT ce trimestre. La fermeture des boutiques liée à la crise sanitaire a accentué le recul des revenus liés à la vente des terminaux et équipements, et en particulier celui provenant des terminaux mobiles. D’un montant de 596 millions d’euros HT ce trimestre, ce dernier diminue de 20% en un an après -9% au premier trimestre contre -1% pour l’année 2019.
Le revenu des services mobiles (3,3 milliards d’euros HT) est stable ce trimestre, du fait d’une moindre croissance (+0,7% en un an) du revenu lié à la vente des forfaits, composante principale du revenu des services mobiles (96%). Cette stabilité fait suite à deux trimestres de croissance supérieure à 3%, et s’expliquer principalement par le repli exceptionnel des usages en roaming out lié aux restrictions de déplacements. Ainsi, le revenu associé, 43 millions d’euros HT ce trimestre, est près de 75% inférieur à son niveau du deuxième trimestre 2019. Pour autant, la facture mensuelle moyenne globale des clients (14,2 euros HT) est peu impactée : -0,2€ HT en un an.
Enfin, le revenu des opérateurs fixes (4,1 milliards d’euros HT) renoue avec la croissance après dix années de recul. Sa tendance s’était déjà améliorée dès le quatrième trimestre 2019 grâce au revenu issu de la vente des accès à haut et très haut débit à nouveau en hausse (+3,3% ce trimestre après environ +2% en rythme annuel les deux trimestres précédents). Cette croissance impacte à la hausse la facture moyenne par accès à haut et très haut débit (33,0 euros HT par mois, soit +0,5€ HT en un an après +0,2€ HT le trimestre précédent).
Sur le marché de gros, les opérateurs offrent des prestations de services d’interconnexion et d’accès pour le compte d’autres opérateurs. Leur revenu s’établit à 2,2 milliards d’euros et progresse de 11% en un an ce trimestre, une croissance qui n’avait jamais été aussi élevée. La hausse du revenu des services de gros à très haut débit fixe et l’accroissement exceptionnel des communications vocales au départ des réseaux mobiles sur le marché de détail (+31% du revenu lié à la terminaison d’appel mobile) expliquent cette tendance.
L’essor de l’équipement au très haut débit, fixe comme mobile, se poursuit.
Les réseaux 4G permettent des vitesses de chargement de données plus rapides, favorisant ainsi l’essor de l’internet en mobilité. Ils sont ainsi, au deuxième trimestre 2020, 56,7 millions de clients à utiliser les réseaux 4G, ce qui représente un peu plus de sept cartes SIM sur dix. Il faut noter une légère baisse de la croissance annuelle ce trimestre : +5,7 millions de cartes contre +6 à +7 millions les cinq trimestres précédents. Sur les réseaux 3G (62,9 millions de cartes), l’impact est plus significatif avec seulement 1,7 million de cartes supplémentaires en un an, soit une croissance divisée par deux en un an. Le nombre de forfaits mobiles, 69,2 millions au 30 juin 2020, augmente également, de 2 millions en un an, soit un niveau légèrement supérieur aux cinq trimestres précédents (+1,8 à +1,9 million en rythme annuel). Quant aux cartes prépayées, le recul s’est accéléré ce trimestre (-10,4% contre -8,2% un an auparavant) probablement en raison de la crise sanitaire.
Le confinement ne semble, par contre, ne pas avoir eu d’effet à la baisse sur la croissance du nombre de souscriptions au très haut débit fixe : +2,6 millions d’abonnements nets ont été souscrits en un an au deuxième trimestre 2020, dont +2,5 millions sur réseaux FttH, soit un niveau toujours plus important chaque trimestre. Ainsi, 40% (+3 points en un an) des locaux éligibles à cette technologie sont pourvus d’un accès FttH actif : 8,3 millions d’accès FttH actifs sur les 20,8 millions de locaux éligibles au FttH (+5,3 millions en un an ce trimestre). Au 30 juin 2020, 42% des accès internet sont à très haut débit (+8 points en un an) avec une large majorité (66%, +8 points en un an) d’accès en fibre optique de bout en bout. Les accès internet à haut débit sur réseau cuivre sont encore majoritaires avec une proportion de 56% du total des accès internet, mais sont en constante diminution.
Sur le marché entreprise, la baisse de l’activité économique lors du confinement a significativement freiné la croissance du marché des cartes MtoM : +1,5 million en un an au deuxième trimestre 2020 contre +3,4 millions il y a un an à la même période.
Notes :
- D’éventuelles révisions des données d’une publication à l’autre s’expliquent par des corrections apportées par les opérateurs dans leur déclaration. Les écarts susceptibles d’exister entre les croissances annuelles en % et les niveaux affichés sont liés aux arrondis ;
- Tous les revenus s’entendent hors taxes. Toutes les comparaisons s’entendent du trimestre N comparé au même trimestre de l’année précédente, sauf mention contraire ;
- L’historique des données est téléchargeable sur le site data.gouv.fr.