La directive européenne de 2008
Une nouvelle directive 2008/6/CE adoptée le 20 février 2008 a modifié la directive 97/67/CE en ce qui concerne l’achèvement du marché intérieur des services postaux.
En détails :
- sur le service universel : la nouvelle directive postale maintient inchangé le champ du service universel dont la définition reste général comme dans les directives précédentes. Les contours précis du service universel sont laissés à la discrétion des Etats membres. La définition des normes de qualité de service et des règles d’accessibilité des bureaux demeure également une prérogative nationale.
La directive prévoit également que les Etats membres peuvent désigner une ou plusieurs entreprises comme prestataires du service.
- sur la concurrence : la date retenue pour l’ouverture totale à la concurrence est le 31 décembre 2010, au plus tard, au lieu du 1er janvier 2009 comme le prévoyait la deuxième directive postale. La directive proscrit la limitation ex ante du nombre des prestataires. A l’instar de la loi postale française de 2005, la directive pose le principe qu’un certain nombre d’installations ou d’informations détenues par le prestataire du service universel doivent être rendues accessibles à ses concurrents : comme les boites postales en bureau de poste, le service de réexpédition des envois, le référentiel des codes postaux. Sur ces points, la directive reprend des dispositions nationales déjà existantes dans les législations internes de plusieurs pays européens.
- sur le financement du service universel : Le texte comporte une annexe sur les principes de calcul du coût net de ce service universel. La directive permet la mise en œuvre de moyens externes de financement si la prestation du service universel représente à la fois un coût net pour l’opérateur et une charge financière inéquitable. Ces modes de financement du coût net du service universel peuvent être un mécanisme de dédommagement des entreprises concernées par des fonds publics ou un mécanisme de répartition du coût net des obligations de service universel entre les prestataires de service et/ou les utilisateurs.
La loi relative à l'entreprise publique La Poste et aux activités postales de février 2010
La loi n° 2010-123 du 10 février 2010 relative à La Poste et aux activités postales transpose en droit français la directive postale de 2008. Elle permet :
- La disparition du secteur réservé
Cette loi prévoit d'abord la fin du monopole (secteur réservé) de La Poste sur les envois de moins de 50 g au 1er janvier 2011.
- Des évolutions des compétences de l'Arcep concernant l’encadrement des tarifs postaux et le suivi de la qualité de service pour les prestations de service universel :
- la politique d’encadrement des tarifs postaux (price cap) relatifs au service universel : avec la fin du monopole postal disparaissent aussi les procédures d'autorisation préalable des tarifs postaux - en particulier le prix du timbre - en vigueur depuis 1990. Cette modification ne signifie pas pour autant que les tarifs postaux deviennent totalement libres. L'Arcep conserve la possibilité d'encadrer les tarifs, dits de service universel, présentant une nature de service public. Elle peut en effet fixer un price cap sur ces tarifs, ce qui donne une certaine latitude à La Poste pour réaménager sa tarification en augmentant certains produits plus que d'autres, mais plafonne l'augmentation moyenne de la tarification sur une durée de 3 ans.
En fonction du degré de concurrence existant sur le marché, ce price cap peut soit en rester à une contrainte globale en moyenne, soit décliner celle-ci pour des familles de produits déterminés.
Par ailleurs, l'Arcep demeurera informée des projets de tarifs de La Poste et pourra lui demander de les reconsidérer s'ils s'écartent manifestement des principes tarifaires du service universel que sont la péréquation géographique, le caractère abordable pour tous les usagers et l'orientation vers les coûts. - Le suivi de la qualité de service : la loi précise aussi que la qualité des prestations du service universel doit être mesurée et publiée dès lors que le ministre a fixé des objectifs à La Poste. Cette disposition permettra de poursuivre les progrès déjà accomplis en matière d'information des consommateurs sur la qualité grâce au "tableau de bord du service universel" publié par La Poste.
- Le traitement des réclamations par l'Arcep après épuisement des procédures mises en place par les prestataires postaux
Par ailleurs, la loi charge désormais l'Arcep du traitement des réclamations qui, aux termes du nouvel article L5-7-1 "n'ont pu être satisfaites dans le cadre des procédures mises en place par les opérateurs postaux". Cela donne à l'Arcep la capacité d'agir pour inciter à un traitement efficace et équitable des consommateurs.
La saisine de l'Arcep est ouverte à toute personne physique ou morale bénéficiaire d'une prestation de service postal réalisée par un prestataire autorisé, en tant qu'expéditeur ou destinataire. Elle peut porter, soit sur une réclamation qui n'a pas été traitée ou qui a été traitée de façon incorrecte ou insatisfaisante par le prestataire postal concerné.
Préalablement à la saisine de l'Arcep, les utilisateurs doivent avoir épuisé la totalité des voies de recours mises en place par les prestataires postaux, y compris le médiateur de La Poste pour les réclamations concernant La Poste.
- La couverture postale du territoire
Enfin, la loi postale de 2010 précise également que La Poste est tenue de maintenir au moins 17 000 points de contact avec 90% de la population de chaque département ayant accès à un point de contact La Poste à moins de cinq kilomètres et vingt minutes en voiturede sondomicile. L'Arcep est chargée d'évaluer chaque année le coût net de cette mission, afin de fixer la compensation due à La Poste.