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Le Post n° 74 - Novembre 2024

Sylvain Waserman (président-directeur général de l'ADEME), Roch-Olivier Maistre (président de l'Arcom), et Laure de La Raudière (présidente de l’Arcep) signent une tribune commune dans Les Echos appelant à un pilotage européen des impacts environnementaux du numérique pour respecter l’Accord de Paris

« Thermostats connectés, capteurs de détection de fuites d’eau, analyse de données pour optimiser la consommation de ressources et la maintenance préventive dans les usines, gestion intelligente des bâtiments et de l’énergie… Le numérique […] apporte des solutions nouvelles [pouvant servir] la transition écologique. Et pourtant, il représente déjà 10% de la consommation d’électricité en France, une empreinte carbone qui pourrait tripler d’ici à 2050, 70 millions d’équipements (smartphones, téléviseurs) inutilisés ni réparés ni recyclés en France…

Les chiffres que nos organismes publient depuis 2020 sont sans appels : désormais bien documentés, les impacts environnementaux du numérique se révèlent de plus en plus importants. Pire encore : la forte croissance de ses impacts n’est pas compatible avec les engagements pris par la France et l’Union européenne à travers l’Accord de Paris. Aujourd’hui, le numérique, si indispensable à notre économie, si essentiel à notre quotidien, semble insoutenable.

[…] La diffusion rapide des intelligences artificielles génératives rend d’autant plus nécessaire [un] sursaut […]. De plus en plus utilisés en Europe, ces services sont […] particulièrement gourmands et consomment déjà une part croissante de l’électricité nécessaire au fonctionnement des datacenters…

[…] C’est pourquoi, au moment de la nomination de la future Commission européenne et de l’élaboration de sa feuille de route, [nos trois institutions appellent par cette tribune] l’Europe à créer un cadre pour favoriser l’écoconception des services numériques, outil au bénéfice de l’environnement, mais aussi de la compétitivité et de grands enjeux de société comme la surexposition aux écrans. »

Pour en savoir plus :

Le Post n° 74 - novembre 2024

Le Post n° 73 - Septembre / Octobre 2024

Fermeture du cuivre : « un enjeu majeur, avec de nombreux défis pour le secteur »

La fermeture du réseau cuivre est un des enjeux majeurs du secteur des télécommunications pour les prochaines années. A la fois parce que notre vie quotidienne est aujourd’hui innervée par le numérique et qu’être privé d’un accès à Internet de qualité est un frein à l’inclusion, la cohésion sociale et l’équité des territoires et des citoyens, mais aussi parce que la bascule du cuivre vers la fibre est un moteur de compétitivité économique et d’efficacité environnementale.

La France, avec ses 89% de locaux rendus raccordables à la fibre, figure certes parmi les bons élèves des pays européens. Mais les récentes prévisions communiquées à l’Arcep par les opérateurs mettent en évidence que les calendriers de déploiement de la fibre et de fermeture du cuivre risquent de ne pas être en phase dans certaines zones.

Si les Réseaux d’initiative publique (RIP) maintiennent encore des rythmes de déploiement soutenus, les zones très denses et les zones moins denses d’initiative privée affichent un fort ralentissement (voir l’observatoire haut et très haut débit de l’Arcep).

Il est indispensable d’entendre la crainte des élus et des clients (particuliers comme entreprises) qui attendent des réseaux complets (conformément au cadre règlementaire), une gamme de services adaptés et des prestations de qualité ; sans cela, ils resteront réticents à basculer vers ces solutions fibre initialement présentées comme le « nec plus ultra des télécoms ».  

Les indicateurs figurant dans le dernier observatoire de la qualité de la fibre mettent en évidence le chemin qu’il reste encore à parcourir : les opérateurs doivent impérativement poursuivre et appuyer leurs efforts pour mettre en place des solutions d’exploitation pérennes. Ce doit être également l’occasion de partager les retours d’expérience et de tester des modes de fonctionnement différents de ceux prescrits jusqu’à présent (le mode OI par exemple).

Enfin, une coopération étroite entre « l’opérateur historique », les opérateurs d’infrastructure, les opérateurs commerciaux et les élus sont une des clés de la réussite de ce projet particulièrement complexe.

Les délais de prévenance et l’accès aux données sont en particulier des enjeux cruciaux pour les collectivités. Afin de résoudre les difficultés soulevées, la fermeture du cuivre doit se faire en totale coordination avec les élus locaux, en particulier les maires. L’Arcep y sera spécialement vigilante.

Marie-Christine Servant, membre du collège de l’Arcep

Le Post n° 73 - septembre / octobre 2024

Le Post n° 72 - Juillet 2024

Imaginez : comme chaque jour, vous vous rendez chez votre kiosquier pour acheter Le Monde. Plein d’enthousiasme, il vous annonce ce matin : « Je vais vous simplifier les choses, j’ai lu Le Monde, d’ailleurs j’ai lu toute la presse dans la nuit, j’ai même avalé toute l’actualité internationale ! Je vais vous faire un résumé de ce que j’ai retenu en quelques minutes. » Et ce kiosquier vous égrène une somme d’actualités dont il imagine qu’elles peuvent vous intéresser. Comment a-t-il choisi ces informations parmi tout ce qu’il a lu ? Sait-il reconnaître des fausses informations ? Quels sont ses biais idéologiques ? Et, finalement, quelle confiance pouvez-vous accorder à ce résumé ? Cette situation n’est pas de la science-fiction : c’est justement ce que font les intelligences artificielles (IA) génératives en se positionnant entre nous et l’ensemble des contenus qu’elles ont « digérés ».

Outre les enjeux de respect du droit d’auteur et de lutte contre la désinformation, auxquels il est bien évidemment essentiel d’apporter des réponses, les IA génératives, en devenant de nouveaux intermédiaires et de nouveaux médiateurs de l’information, pourraient devenir la porte d’entrée de notre accès à Internet et aux services numériques. Selon certains, elles pourraient même remplacer les traditionnels moteurs de recherche.

En contrôlant directement l’accès au savoir et son partage au cœur du modèle d’Internet, les IA génératives menacent donc notre liberté de choix dans l’accès aux contenus en ligne ainsi que notre liberté d’expression. Il s’agit d’une remise en cause fondamentale du principe d’ouverture d’Internet : tous les fournisseurs d’accès à Internet ont l’interdiction de discriminer l’accès aux contenus qui circulent dans leurs réseaux.

Pour un « droit au paramétrage »

En France, l’Arcep veille à ce que ce principe d’un internet ouvert soit respecté. C’est pourquoi elle alerte aujourd’hui sur l’impact des IA génératives sur ces enjeux, à travers la réponse qu’elle a apportée à la consultation publique de la Commission européenne.

Comment agir ?

Mobilisons d’abord les pistes du rapport de la Commission sur l’IA missionnée en 2023 par le Gouvernement : formons les citoyens et les entreprises à ces nouveaux outils, soutenons le développement des IA ouvertes et évaluables par des tiers, exigeons plus de transparence sur les données utilisées pour l’apprentissage et sur les résultats des évaluations, sans quoi la confiance ne sera pas au rendez-vous. Ayons également un regard lucide sur les partenariats qui se nouent en ce moment. Et ne soyons pas naïfs : les mêmes géants qui occupent une place prépondérante dans nos vies numériques ont la capacité de déterminer demain les conditions de circulation de l’information ; soyons sûrs que les mêmes causes produiront les mêmes effets.

Si nous voulons profiter du formidable potentiel de l’IA pour la santé, la compréhension du climat, l’éducation, l’économie et la société en général, assurons-nous qu’internet demeure un espace ouvert d’innovations et de libertés. Réclamons un « droit au paramétrage » pour que chacun puisse contrôler les services d’IA qu’il utilise, comme le propose la Commission nationale consultative des droits de l’homme. C’est ainsi que nous (re)prendrons le contrôle au bénéfice d’un avenir numérique désirable, tout en conservant notre capacité à acheter chaque jour Le Monde ou un autre journal, et à faire la causette avec notre kiosquier préféré.

Pour en savoir plus :

Laure de La Raudière, présidente de l’Arcep

Cette tribune a été publiée le 2 juillet 2024 sur le site web du « Monde ».

Le Post n° 72 - juillet 2024

Le Post n° 71 - Mai 2024

« L’écoconception est une nécessité d’intérêt général »

Le web n’est pas que virtuel. Il a un impact tangible sur notre planète. Le numérique représente aujourd’hui 3 à 4 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde et, sans action concertée, ce chiffre est amené à augmenter de façon exponentielle dans les années à venir. L'officialisation du Référentiel Général de l'Écoconception des Services Numériques (RGESN) par l'Arcep et l’Arcom et son inscription dans la loi REEN ont marqué un tournant décisif en inscrivant dans la réglementation française la prise en considération de l’impact environnemental des sites web et applicatifs numériques.

Le RGESN trouve ses origines dans les travaux menés par une centaine d'experts bénévoles réunis au sein d’un groupe de travail de l'Institut du Numérique Responsable (INR) en 2020. Notre objectif était de créer un outil pour l'écoconception des services numériques. Ce travail colossal a donné naissance au « GR491 », une base de connaissances unique au monde comptant aujourd’hui 61 recommandations et 516 critères. C’est à partir de ces travaux que les bases du RGESN ont été posées à partir de 2021 par la Dinum. De plus, le GR491 a été déterminant en inspirant le World Wide Web Consortium (W3C) pour l’élaboration des Web Sustainability Guidelines (WSG), établissant ainsi des standards d’écoconception web à l’international.

Via le GR491 et l’inscription dans la loi d’un référentiel d’écoconception, nous jouons en France un rôle de pionnier et d’exemple à suivre à l’échelle internationale. Nous sommes au démarrage d’un mouvement inédit, n’existant dans aucun autre pays. Il reste cependant beaucoup de travail pour faire évoluer le référentiel face à des métiers en perpétuelle mutation.

L’application effective du référentiel, y compris par le biais d'obligations comme pour le RGAA (Référentiel général d'amélioration de l'accessibilité), sera cruciale pour garantir la diffusion et l’adoption généralisée de ces bonnes pratiques dans l'écosystème.

C’est une nécessité d’intérêt général. Nous ne pouvons plus continuer dans nos métiers numériques à faire abstraction des impacts environnementaux. C'est à cette condition que nous pourrons garantir un avenir où le numérique contribue positivement à la société et à l'environnement. Au sein de l’INR, nous allons continuer à nous mobiliser pour promouvoir des pratiques responsables et invitons toutes les personnes intéressées par le sujet à consulter notre site et à nous rejoindre dans ce mouvement.

Par Mathieu Delemme, Directeur « Éco-conception numérique responsable » de l’Institut du Numérique Responsable (INR) et président du groupe Ctrl-a

Le Post n° 71 - Mai 2024

Le Post n° 70 - Avril 2024

« Disposer de données robustes sur l’empreinte environnementale du numérique est la 1ère exigence pour éviter comportements inefficaces et greenwashing »

Dans les années 2010, le numérique était perçu quasi-exclusivement comme une solution possible à certains des grands enjeux environnementaux auxquels le monde est confronté.

Ce n’est que depuis quelques années qu’a émergé une prise de conscience de l’empreinte environnementale du numérique, par ses émissions de gaz à effet de serre, sa consommation électrique, l’écotoxicité de ses déchets ou encore l’utilisation de ressources rares et stratégiques qu’il nécessite. Comme les anglo-saxons le résument bien, on est passé de la considération « IT for green » à la problématique « green for IT ».

La compréhension de ces phénomènes imbriqués est complexe, surtout en l’absence de données fiables. Pour ne pas tomber dans les pièges des raisonnements simplistes, qui peuvent conduire à des comportements inefficaces voire au greenwashing, la première exigence est de disposer de séries de données robustes, permettant de mesurer les impacts des différentes briques (terminaux, réseaux, centres de données…) durant l’ensemble du cycle de vie du numérique, et leur évolution dans le temps.

C’est le sens du travail que l’Arcep a engagé depuis 2019, en lien notamment avec l’ADEME. Ses publications s’enrichissent d’année en année de nouvelles données, affinant progressivement la vision d’ensemble de l’impact du numérique sur l’environnement en France. Elles permettront également d’appréhender l’effet d’évolutions structurantes, comme la montée en puissance récente de l’intelligence artificielle générative.

Ces données ont vocation à être partagées avec les acteurs du numérique, les pouvoirs publics et les utilisateurs pour permettre à chacun de s’en saisir, et d’agir chacun à son niveau. L’Arcep diffuse plus largement le résultat de ses travaux à l’échelle européenne et mondiale, consciente que ces défis, par nature globaux, appellent des réponses supranationales. Cette démarche a d’ailleurs été saluée par plusieurs institutions internationales, dont l’UIT et la Banque mondiale.

Une chose est certaine : nous ne devons pas attendre de disposer de l’ensemble des données pour agir, car l’inaction a un coût environnemental. Les travaux de l’Arcep, entre autres ceux en faveur de la sobriété numérique comme le référentiel d’éco-conception (qui sera présenté dans les semaines à venir), permettent également à l’ensemble des parties prenantes d’identifier des leviers pour commencer à agir dès maintenant.

Xavier Merlin, membre du collège de l’Arcep

Le Post n° 70 - avril 2024

Le Post n° 69 - Février / Mars 2024

« Nous devons (re)donner du sens à la politique open data… »

...et à la data tout court. L'écosystème français de la donnée a largement évolué ces dernières années. Au-delà du cercle des initiés, précurseurs dans le domaine (OpenDataFrance a fêté en 2023 ses 10 ans d'existence), le sujet n'est plus l'ouverture pour la transparence, mais quelles données et pour quoi faire ? Et, de fait, comment faciliter et améliorer l'exploitation des données par les collectivités territoriales ?

Oui, avec les années, la maturité est croissante (bien que variable), mais la loi pour une République numérique s'est contentée d'imposer une obligation, perçue par les collectivités comme un énième contrainte, sans focalisation sur les bénéfices et les utilisations utiles des données.

Le sujet n'est pas un sujet technique. C'est un sujet politique. Et pour lui donner du sens, il faut mettre en avant des cas d'usages exemplaires, valoriser des démarches (comme le programme Data Impact). Je plaide aussi, avec d'autres acteurs, pour la mise en place d'une véritable gouvernance qui associerait l'Etat et les collectivités, tant au niveau national qu'au niveau local. Les blocages d'aujourd'hui sont liés à l'absence d'une gouvernance claire et partagée depuis des années, un constat partagé dans des rapports qui se sont succédés mais dont on attend toujours la mise en place des recommandations. Pourtant, il est temps de mettre fin à des initiatives parcellaires, à la « débrouille » dont font preuve courageusement les collectivités qui agissent seules. Il est nécessaire pour cela de promouvoir le développement d'une culture de la donnée et une généralisation de leur utilisation, pour embarquer tous les élus, tous les agents.

Au-delà de l'ouverture des données, l'heure est au traitement collaboratif de données et à leur partage, notamment une meilleure collaboration entre le public et le privé et entre acteurs locaux et nationaux. Le passage à l'échelle, l'appropriation et la diffusion de standards, tout cela est nécessaire et nous avons besoin d'une impulsion au plus haut niveau, pour donner le "la" aux producteurs de données, pour agir ensuite de manière décentralisée. La donnée est un formidable outil de politique publique, d'aide à la décision, d'amélioration de nos services, de soutien aux enjeux environnementaux, démographiques, financiers... Pour transformer l'essai, il faut changer de braquet.

OpenDataFrance intègre toute la part qui est la sienne dans ces enjeux, qui bougent et vont continuer d'évoluer. Fin 2023, nous avons annoncé le lancement d'une consultation auprès de nos membres et nos partenaires pour réfléchir au rôle de l'association. Désormais, nous lançons une consultation ouverte au plus grand nombre, pour s'interroger collectivement et trouver la meilleure manière de poursuivre efficacement le travail au service de l'intérêt général. J'invite chaque structure concernée par ce sujet à participer à cet appel collaboratif.

Constance Nebbula, présidente de l’association OpenDataFrance

Le Post n° 69 - février / mars 2024

Le Post n° 68 - Janvier 2024

« 2024 annonce un changement d’époque pour le numérique »

2023 fut une année dense, avec notamment : les décisions du 7ème cycle d’analyse de marché du haut et très haut débit fixe ont posé ce qui est sans doute le cadre le plus ambitieux en Europe pour la fermeture du réseau cuivre ; l'ouverture de nouveaux chantiers de régulation dans le domaine de la distribution de la presse ou encore la contribution aux travaux du Berec dans un contexte européen particulièrement riche (avec la mise en œuvre du Digital Markets Act, l’entrée en vigueur du Data Governance Act et l’adoption du Data Act).

Cette action rigoureuse a été saluée par la Cour des comptes dans son rapport d’audit : « l’Arcep est une autorité reconnue pour son niveau expertise et ses résultats ». Il conforte nos méthodes de régulation, basées sur un dialogue continu avec l’ensemble des parties prenantes (acteurs régulés, collectivités, associations…) et reconnait la mobilisation des équipes de l’Arcep au service de l’intérêt général.

Tous ces travaux annoncent pour 2024 un changement d’époque : ce devrait être l’année des résultats pour l’amélioration de la qualité des réseaux fibres auxquels se sont engagés les opérateurs dans le plan d’actions présenté en 2022 au ministre et à moi-même. Ce sera aussi, nous l’espérons, l’année d’une prise de conscience collective sur l’impact environnemental du numérique. Avec l’étude prospective ADEME-Arcep (qui fait désormais référence), son enquête annuelle « Pour un numérique soutenable » et l’organisation de l’événement « Satellites et Environnement », l’Autorité s’est positionnée à la fois comme expert neutre et lanceur d’alerte sur ce sujet. Changement d’époque aussi car, avec les nouveaux règlements européens, DSA, DMA, Data Act, DGA et IA Act, nous passons du numérique qui s’auto-régule à la régulation du numérique. C’est avec enthousiasme que l’Arcep accompagnera ce mouvement : de nouvelles missions sont prévues pour l’Autorité comme la régulation des services cloud et celle des prestataires de services d’intermédiation de données.

Tous ces changements nous poussent à entamer une grande réflexion et l’élaboration d’une nouvelle revue stratégique pour l’Autorité. Un exercice au cœur de l’ADN de l’Arcep pour faire vivre la régulation dans son époque, en phase avec les attentes de nos concitoyens, et développer la vision d’un numérique collectivement souhaité : n’hésitez pas à nous faire part de vos idées.

Bonne année à vous !

Laure de La Raudière, présidente de l’Arcep

Le Post n° 68 - janvier 2024

Le Post n° 67 - Novembre / Décembre 2023

« Peut-on réussir la transition écologique sans le numérique ? »

Les outils et les services numériques sont omniprésents dans nos vies quotidiennes. Les impacts environnementaux du secteur sont importants et en forte croissance (renouvellement fréquent des ordinateurs et des téléphones, développement de technologies telles l’IA, la virtualisation, le traitement et stockage de données...). De ce panorama préoccupant, une conclusion s’impose : sur la pente actuelle, le numérique n’est pas tenable et son développement va à l’encontre de la transition écologique. Ses émissions de gaz à effet de serre pourraient par exemple augmenter de près de 50% d’ici à 2030, selon l’étude sur l’empreinte environnementale du numérique en France, pilotée par l’ADEME et l’Arcep.

Nos sociétés se sont engagées, à des degrés divers, dans la transition écologique. Les mesures et les engagements pris par les Etats, les organisations et les entreprises s’appuient largement sur les travaux d’experts scientifiques tels que les rapports du GIEC donnant des estimations de l’évolution du climat, des évaluations de scenarios prospectifs. Mais toute cette connaissance scientifique n’est-elle pas largement disponible grâce au numérique ?

Le numérique pour contribuer à la décarbonation

Le numérique est donc une partie du problème et une partie de la solution à la crise écologique. En s’affranchissant des positions caricaturales, la recherche et l’innovation en sciences du numérique ont des réponses à apporter à cette équation complexe. C’est dans cette optique que l’Inria a lancé récemment son programme Numérique et environnement, qui a pour vocation d’accompagner les actions et les grands projets pilotés par l’institut sur les grands défis du numérique pour l’environnement.

Certaines activités humaines telles que l’agriculture, la mobilité et l’industrie sont essentielles et doivent se transformer pour réduire leurs impacts environnementaux. Le numérique via les outils de mesure, de simulation, d’analyse, d’information ou d’aide à la décision doit jouer un rôle pivot.

Préserver l’environnement c’est aussi pour chacun d’entre nous faire des gestes simples, changer nos habitudes notamment quant aux usages du numérique. Et face à des injonctions perçues comme contradictoires, les outils numériques permettent souvent de quantifier l’impact de nos choix et ainsi de faire des choix judicieux.

L’éco-conception des services numériques et la sobriété numérique sont des nécessités qui posent de nombreuses questions scientifiques. Le développement d’une approche low-tech (autrement dit d’un numérique résiliant et suffisant) intégrant les sciences humaines et sociales (économie, sociologie, usages) doit ainsi être exploré.

Pour favoriser ces changements, il est important de permettre aux scientifiques d’infléchir leurs activités pour que leurs aspirations personnelles et leurs contributions professionnelles ne soient pas antagonistes. Au sein d’Inria, le programme numérique et environnement a pour vocation de créer les conditions de ce mouvement de l’Institut vers les exigences environnementales. Nous devons continuer et amplifier la dynamique engagée – à l’échelle nationale et à l’échelle européenne – pour faire de la recherche en numérique un levier essentiel de la décarbonation.

Par Jacques Sainte-Marie, directeur du programme Numérique et environnement de l’Inria

Le Post n° 67 - Décembre 2023

Le Post n° 66 - Octobre 2023

« Satellites et environnement : Quand les promesses des mégaconstellations se heurtent aux limites de l’espace »

Imaginez : nous sommes en 2057… l’humanité célèbre le 100ème anniversaire du premier satellite mis en orbite dans l’espace. Les acteurs du secteur ont su collectivement se mobiliser pour atteindre la neutralité carbone en 2050, en ligne avec les Accords de Paris. L’impact environnemental des satellites est désormais entièrement maîtrisé – qu’ils s’agissent des débris spatiaux, des interférences radio, de la pollution lumineuse, de consommation d’énergie ou encore de l’épuisement des ressources. Comment ont-ils réussi ?

C’est pour nous permettre de cheminer sur cette trajectoire idéale que nous sommes heureux d’associer nos trois institutions, l’ADEME, l’Arcep et le CNES pour organiser ensemble l’événement « Satellites et environnement : quand les promesses des mégaconstellations se heurtent aux limites de l’espace », le 20 novembre prochain.

Les bénéfices des satellites de télécommunications ne sont plus à prouver, au service de la connectivité internet et mobile des zones difficilement accessibles. Les nouvelles offres d’accès à internet très haut débit rencontrent d’ailleurs un véritable succès. Pour autant, la démultiplication des mégaconstellations change la donne. Des quelques 8 000 satellites déjà présents au-dessus de nos têtes, nous pourrions passer à 100 000 d’ici 2030 selon l’ONU !

Ce constat pose avec une acuité nouvelle la question de leur impact environnemental, sur Terre mais aussi dans l’espace. Et il en découle de nombreuses interrogations : du lancement à la fin de vie des satellites, de quels impacts parle-t-on et peut-on les mesurer ? Faut-il interroger nos besoins, limiter le nombre de satellites ou prioriser leurs usages ? Quel cadre de coopération internationale mettre en place pour que les acteurs du spatial et du numérique jouent pleinement leur rôle dans l’atteinte des objectifs internationaux en matière environnementale et climatique ? Quelles règles définir pour concilier le développement des activités spatiales, leur durabilité et la réduction de leur empreinte environnementale ?

Autant d’enjeux d’avenir que le débat public doit éclairer et que nos organisations s’engagent à nourrir en ayant en tête l’apport considérable du spatial à toutes les politiques publiques (fracture numérique, climat, économie d’énergie…).

Par Laure de La Raudière, présidente de l’Arcep,
Sylvain Waserman, président de l’ADEME

et Philippe Baptiste, président du CNES

Le Post n° 66 - Octobre 2023

Le Post n° 65 - Septembre 2023

Le dialogue permanent que l’Arcep noue avec les collectivités est toujours extrêmement éclairant, et contribue efficacement à orienter l’action du régulateur.

Parmi les sujets soulevés par les élus, celui de la qualité des raccordements et des dégradations des réseaux fibres est récurrent. Une coupure d’internet ou de téléphone peut avoir des conséquences catastrophiques sur la vie quotidienne ou le travail de nos concitoyens ou sur l’activité de nos entreprises. Et les élus sont bien souvent interpelés sur ces sujets. Pressés par le gouvernement, par les élus, et par l’Arcep, les opérateurs ont présenté des engagements d’amélioration de leur pratique, ainsi que la reprise de certains réseaux, en septembre 2022. Ces actions sont en cours de déploiement, mais les efforts faits doivent être poursuivis, renforcés et accélérés, afin que les résultats soient visibles et perceptibles par tous.

Parallèlement, l’Autorité a publié en juillet dernier les premiers indicateurs de qualité des réseaux en fibre optique. Cet observatoire sera mis à jour tous les trimestres, et complété de nouveaux indicateurs, afin de restituer le plus finement possible ce qui se passe sur chacun des réseaux fibre en France. Il permettra aussi de vérifier si le plan d’actions de la filière porte ses fruits.

Cette exigence de qualité est d’autant plus prégnante que nous entrons dans une phase nouvelle, avec les premiers lots plus significatifs de fermeture du réseau cuivre annoncés par Orange, et que le déploiement de la fibre va se poursuivre dans des zones plus difficiles à fibrer. L’Arcep sera particulièrement vigilante à ce que les déploiements de la fibre soient achevés avant la fermeture du réseau cuivre. C’est aussi dans ce contexte que l’Arcep a publié récemment sa recommandation sur la réalisation de tous les raccordements, veillant ainsi à rappeler les responsabilités de l’opérateur d’infrastructure pour la réalisation des raccordements complexes ou longs.

Une connectivité effective fixe et mobile, de qualité sur l’ensemble des territoires est une des priorités de la régulation : l’Arcep y veille au travers des décisions qu’elle prend, du suivi des obligations ou engagements des opérateurs, et en ayant recours aux procédures de sanction, si la situation le justifie.

Laure de La Raudière, présidente de l’Arcep 

Le Post n° 65 - Septembre 2023

Le Post n° 64 - Juillet 2023

Pour des ingénieures et ingénieurs acteurs des transitions du 21e siècle

Les sciences et les technologies numériques prennent aujourd’hui une place centrale dans notre existence et génèrent à la fois un besoin inégalé d’ingénieurs et une certaine défiance vis-à-vis de la capacité de la science à porter aujourd’hui encore de réels progrès pour l’humanité.

Dans ce contexte, les formations scientifiques ont un rôle majeur à jouer pour réhabiliter chez les jeunes les fondamentaux de la démarche scientifique que sont l’observation, la créativité, la rigueur et la pensée critique. L’ingénieur ne doit pas se présenter au monde comme dépositaire de la vérité mais comme celui qui accepte, équipé de son bagage scientifique, d’entrer avec humilité dans l’action.

L’urgence est également aujourd’hui d’attirer tous les talents pour mener à bien les transitions nécessaires, qu’elles soient énergétique, industrielle, ou numérique – celle de la transition écologique était d’ailleurs au cœur du 2e colloque REFLEXIONS organisé par l’Institut Polytechnique à l’X, et auquel l’Arcep a participé. Les acteurs de l’éducation, dont l’École polytechnique, agissent dès le collège pour rendre les métiers d’ingénieurs plus concrets, plus accessibles, plus attractifs, notamment auprès des jeunes femmes.

Enfin, la transversalité de la crise environnementale oblige les ingénieurs à embrasser une vision globale des sujets, au-delà de leur domaine de spécialisation. L’École polytechnique défend depuis plus de deux siècles une formation pluridisciplinaire d’excellence alliant les sciences à l’apprentissage des « humanités » et la transmission des enjeux collectifs. Fidèle à cette tradition humaniste, l’Ecole forme les savantes et savants du 21ème siècle, prêts à contribuer à une société soutenable pour tous.

Laura Chaubard, Ingénieure Générale de l’Armement et Directrice générale de l’École polytechnique de Paris

Le Post n° 64 - Juillet 2023

Le Post n° 63 - Juin 2023

La fermeture du cuivre s’accélère sous le regard vigilant de l’Arcep

Tant pour des raisons de performances techniques que pour des raisons d’efficacité et d’empreinte environnementale, les nouveaux réseaux en fibre optique vont progressivement remplacer le réseau cuivre historique.

En tant que garant de cette bascule opérée par Orange, l’Arcep a notamment conditionné la fermeture du cuivre par le déploiement préalable de la fibre.

Fin 2022, près de 80% des locaux étaient éligibles à la fibre sur le territoire national. C’est même 91 % dans les Hauts-de-France, région dans laquelle je suis depuis longtemps ancrée et engagée.

C’est dans ce contexte favorable qu’Orange a conduit une partie de sa 2e expérimentation de fermeture du cuivre. Lancée le 31 juillet 2021, celle-ci impliquait une fermeture technique du réseau le 31 mars 2023 pour près de 11 000 locaux répartis sur 6 communes, dont celle de Provin (Nord).

Le 17 mai dernier, Laure de La Raudière, présidente de l’Arcep, et moi-même nous sommes rendues à Provin pour faire le bilan de cette expérimentation avec les élus locaux et les opérateurs. Leurs retours sont positifs : la fibre a été déployée partout sans retard et la fermeture du cuivre effective.

L’expérimentation a toutefois révélé un besoin important : celui d’assurer une communication claire et adaptée pour les citoyens sur les conséquences du passage du cuivre à la fibre. C’est à cette fin que l’Arcep a d’ailleurs publié sur son site une page destinée à répondre aux questions concrètes que pose la fermeture aux particuliers et entreprises.

L’Autorité restera vigilante à l’implication des opérateurs dans cet exercice. D’autant que l’extinction du cuivre va s’accélérer avec un nouveau lot de 162 communes (comprenant près de 210 000 locaux) dont les accès cuivre devraient cesser de fonctionner en janvier 2025, et l’annonce prochaine d’un lot encore plus important qui devrait concerner près de 900 000 locaux pour une fermeture du cuivre fin 2026.

Joëlle Cottenye, membre du collège de l’Arcep

Le Post n° 63 - Juin 2023

Le Post n° 62 - Avril 2023

Les comités d’experts indépendants pour réunir les acteurs du numérique et apporter des recommandations techniques

Pour éclairer l’Arcep dans ses réflexions sur les enjeux techniques liés aux réseaux en fibre optique (FttH) et mobile et à l’impact environnemental du numérique, l’Autorité s’est dotée de trois comités d’experts indépendants composés des différentes parties prenantes des télécoms et du numérique. Il existe un comité « fibre optique », un comité « mobile » et un comité « mesure ». Ce dernier créé en 2020, est cogéré avec l’ADEME et s’intéresse à la manière de mesurer les impacts environnementaux du numérique.

Opérateurs, équipementiers, gestionnaires de centres de données, fournisseurs de contenus, think tank, représentants de syndicats professionnels ou acteurs de la recherche apportent ainsi leurs regards et expertises techniques, en la présence de représentants de collectivités territoriales pour celui traitant des sujets liés à la fibre optique.

Les comités se réunissent chaque mois et nourrissent les réflexions du collège de l’Arcep auquel ils présentent leurs travaux tous les ans. Ils permettent aussi aux membres représentant le secteur de trouver un consensus sur les sujets qui les réunissent grâce à des discussions toujours étayées par des analyses techniques. L’Arcep assure le secrétariat de ces comités et participe à ces discussions, qui permettent une meilleure compréhension mutuelle des acteurs et l’émergence de solutions souhaitées ou acceptables par tous.

Les derniers travaux des comités (parfois d’intérêt public et donc mis en ligne par l’Arcep) concernent, par exemple, la synchronisation des réseaux 5G par les opérateurs ; les préconisations techniques permettant la mutualisation efficace d’un réseau FttH ; la comparaison de la consommation énergétique des réseaux 4G et 5G ; l’impact environnemental de l’extinction des réseaux 2G et 3G (publication à venir) ou encore l’analyse méthodologique des mesures d’impact environnemental du numérique afin d’harmoniser et promouvoir de meilleures pratiques d’évaluation.

Je suis depuis le début passionnée par les échanges très riches avec cette communauté rassemblant l’essentiel des acteurs du secteur du numérique.

Catherine Mancini, présidente des comités d’experts de l’Arcep et collaboratrice de Nokia

Le Post n° 62 - Avril 2023

Le Post n° 61 - Mars 2023

Étude d’impact du numérique : une étape majeure pour la régulation

Réduction des émissions de gaz à effet de serre, de la consommation de matières premières, d’eau, de la production de déchets, etc., les défis en termes de sobriété numérique sont considérables. L’Arcep s’est emparée du sujet en 2019 et en a fait un nouveau chapitre de sa régulation. L’Autorité rassemble de plus en plus de données essentielles pour les analyses en cycle de vie* et coanime avec ses partenaires des travaux sur la sobriété du numérique. Le changement de culture et le chemin parcouru depuis sont impressionnants.

Une étape importante : en mars 2023, l’ADEME et l’Arcep ont rendu le troisième et dernier volume de leur étude prospective sur l’empreinte environnementale du numérique en France à l’horizon 2030 et 2050. Cette étude montre, entre autres, que si rien n’est fait, l’empreinte carbone du numérique pourrait tripler d’ici 2050. Même si le numérique est un levier important pour améliorer la sobriété dans d’autres domaines, un tel accroissement semble peu compatible avec les objectifs de l’Accord de Paris en 2050.

Alors comment limiter cette empreinte ? Le rapport ouvre des pistes d’actions essentielles pour un développement des usages numériques plus sobre en carbone et en ressources. Si l’on veut réussir, nous devons tous nous y mettre, dès aujourd’hui ! Tous, aussi bien les utilisateurs que les entreprises du numériques et les opérateurs de réseaux et de centres de données.

l’analyses en cycle de vie est une méthode normalisée qui permet de quantifier de la même façon tous les impacts de produits ou de services sur l’environnement et ce tout au long de leur vie (de leur fabrication à leur fin de vie, en passant par leur utilisation).

Serge Abiteboul, membre du collège de l’Arcep

Le Post n° 61 - Mars 2023

Le Post n° 60 - Février 2023

Multiplication des équipements, qualité des réseaux, durée de vie des téléviseurs : les principaux enseignements du Baromètre du numérique 2022

Le numérique est partout dans notre quotidien, travail, loisir, dans nos relations aux autres et à soi. Il est multicanal et multi-usages, ceci est apparent dans l’édition 2022 du Baromètre du numérique, l’étude annuelle réalisée sur la diffusion des équipements numériques et l’évolution de leurs usages. On accède ainsi aux usages numériques via des terminaux variés : smartphones, ordinateurs, objets connectés. 40% des répondants ont un objet connecté et leur diffusion a été très rapide : l’enceinte connectée a fait en 3 ans ce que l’ordinateur a mis 8 ans à faire.

Les usagers sont très exigeants quant à la qualité de leur réseau vu leur caractère essentiel, et c’est particulièrement le cas des plus jeunes. Notons qu’à ce titre le réseau fibre est à la hauteur de la promesse de qualité puisque les usagers fibres sont plus satisfaits que les usagers cuivre, et ce particulièrement dans les territoires ruraux où la fibre se déploie. Ces résultats obligent le régulateur à être agile pour accompagner ces usages et inclure les nouveaux canaux et terminaux d’accès à ces usages.

Enfin, on apprend que près de la moitié des usagers renouvelle son téléviseur en moins de 4 ans.  Il nous reste donc des marges d’amélioration importantes quant à la réparabilité et le développement de la filière du reconditionné des terminaux, responsables pour plus des deux tiers de l’empreinte environnementale du numérique. 

Maya Bacache, membre du collège de l’Arcep

Le Post n° 60 - Février 2023

Le Post n° 59 - Janvier 2023

Le ralentissement des déploiements de la fibre : un point de vigilance dans le contexte de la fermeture du réseau cuivre

Alors qu’Orange s’est engagé dans la fermeture de son réseau cuivre d’ici 2030, le ralentissement observé ces derniers mois dans le déploiement de la fibre, en zone AMII et dans les zones très denses notamment, est une source de préoccupation pour la Commission Supérieure du Numérique et des Postes.

En effet, pour nos membres, la fermeture du réseau cuivre ne peut avoir lieu que si la fibre est déployée sur la quasi-totalité du territoire et si chaque usager peut disposer d’une solution alternative.

Au sein de la CSNP, nous sommes attentifs au rythme de déploiement de la fibre mais également à la qualité de mise en œuvre et d’exploitation des réseaux de fibre optique.

Nous invitons les opérateurs d’infrastructures et les opérateurs commerciaux à être plus rigoureux afin que la prouesse technologique du déploiement de la fibre ne soit pas ternie par des malfaçons ou des problèmes de raccordements comme cela est encore trop souvent le cas. Le maintien de la qualité du réseau cuivre d’ici sa fermeture fait également l’objet de toute notre vigilance.

Nous portons ces messages auprès des opérateurs et des pouvoirs publics notamment au sein du comité national sur les réseaux fixes piloté par le Ministère de l’Économie et des Finances, en relayant ainsi les craintes et les préoccupations des usagers et des élus.

Mireille Clapot, présidente de la Commission Supérieure du Numérique et des Postes (CNSP)

Le Post n° 59 - Janvier 2023

Le Post n° 58 - Novembre-Décembre 2022

Dialoguer au plus près du terrain

Mon mandat au service de l’Arcep s’achève, et il me tient à cœur d’évoquer une dimension essentielle de la régulation : le dialogue avec les acteurs de terrain. Plusieurs fois par an, j’ai participé aux différentes commissions régionales de stratégie numérique. Lors de ces réunions avec les représentants des territoires, l’Arcep rend compte du déploiement des réseaux et du respect par les opérateurs de leurs obligations : en matière d’arrivée de la fibre sur les zones rurales ou moyennement denses, mais aussi des réseaux mobiles 4G et 5G.

Mais ce sont surtout les échanges qui s’ensuivent, avec les élus et les opérateurs, qui rendent particulièrement précieuses ces enceintes ; ils permettent au régulateur de prendre le pouls des avancées et des difficultés rencontrées, au plus près des équipes et des chantiers en cours. L’information échangée offre à l’ensemble des acteurs l’opportunité d’anticiper les exigences de la régulation dans la conduite de leurs projets. Ces remontées concrètes permettent à l’Arcep d’adapter ces exigences aux préoccupations des collectivités.

Cette concertation permanente avec les élus et les opérateurs sera au cœur de l’énorme chantier de fermeture du cuivre opéré par Orange : s’assurer que des réseaux fibre d’excellente qualité prendront le relais, que les règles de gouvernance associeront étroitement les élus, tout en garantissant aux opérateurs une concurrence saine au bénéfice du consommateur.

Monique Liebert-Champagne, membre du Collège de l’Arcep

Le Post n° 58 - Novembre-Décembre 2022

Le Post n° 57 - Octobre 2022

La loi de modernisation de la distribution de la presse, trois ans après

Depuis 1947, la liberté de distribution de la presse est inscrite dans la loi française. Cette exception a favorisé le développement du marché français de la presse écrite, l’un des plus dynamiques au monde, notamment pour les magazines.

Le 18 octobre 2019, une nouvelle version de cette loi réaffirme les principes fondateurs tout en les modernisant. Elle définit notamment le produit presse et redonne la main au marchand de presse, tout en protégeant la liberté de diffusion et le pluralisme pour les éditeurs.

Depuis cette date, le droit et la liberté du marchand de recevoir une offre de presse adaptée à la capacité de ses linéaires et aux attentes de sa clientèle sont enfin consacrés. Comme nous le souhaitons, un dialogue commercial se met en place entre le dépositaire et le marchand à partir du palmarès des ventes du magasin. Assortiment des titres et régulation des quantités redonneront ainsi à notre métier la commercialité qu’il mérite.

En 2020 et 2021, les pandémies et chocs nés de la faillite de Presstalis ont fait prendre deux ans de retard. En 2022, cette loi entre donc dans sa phase de mise en œuvre progressive : des tests sont menés depuis l’été, et étendus depuis l’automne afin de stabiliser les process et corriger ce qui doit l’être.

L’essentiel est là : la réforme est en route et nous comptons sur la vigilance de notre régulateur pour que les acteurs de la filière mettent en œuvre la loi, et surtout l’appliquent dans la durée.

Daniel Panetto, président de Culture Presse (Union des commerçants des loisirs et de la presse)

Le Post n° 57 - Octobre 2022

Le Post n° 56 - Septembre 2022

Conférence Territoires connectés : cap sur la qualité des réseaux

Cette édition du Post paraît le jour de la conférence annuelle Territoires connectés. Ce temps d’échanges consacré à l’aménagement numérique du territoire est un moment fort pour l’Arcep. Il permet d’entendre les attentes et interrogations de chacun, élus, représentants des collectivités, opérateurs, sur l’enjeu majeur d’apporter un accès à internet fixe et mobile, à chaque Français partout en France. Il permet aussi à l’Arcep de partager les dernières actualités de la régulation pour permettre l’atteinte de cet objectif.

Grâce à la mobilisation de tous, la couverture numérique du territoire continue de progresser en France ; dans le cadre du New Deal mobile, le dispositif de couverture ciblée a permis de déployer 1 575 nouveaux sites dans les zones les plus mal couvertes jusqu’à présent, depuis juillet 2018, et environ 75% des locaux sont désormais rendus raccordables à la fibre. Ce gigantesque chantier de modernisation des infrastructures doit se poursuivre, avec une amélioration de la qualité des raccordements et de l’exploitation de la fibre, notamment dans certains réseaux particulièrement accidentogènes. Aussi, au-delà des chiffres de déploiement, l’Autorité continuera à suivre les indicateurs de qualité de service des réseaux, à recueillir les alertes de l’utilisateur final, pour orienter son action de régulation. En cela, les déplacements sur le terrain de l’Arcep et les échanges constants avec les élus et collectivités sont particulièrement utiles.

Laure de La Raudière, présidente de l’Arcep

Le Post n° 56 - Septembre 2022

Le Post n° 55 - Juin 2022

Les régulateurs européens dévoilent leurs ambitions sur la transition environnementale du numérique

En France, il est désormais accepté que, au-delà des effets positifs qu’il induit dans d’autres secteurs de l’économie en leur permettant de réduire leur impact environnemental, le secteur du numérique doit lui aussi réduire son impact, pour que la France puisse respecter ses engagements pris dans l’Accord de Paris. Face à cet enjeu, l’Arcep s’est vu reconnaitre un rôle majeur, avec d’autres institutions comme l’ADEME.

L’implication collective des régulateurs européens des télécoms, au travers du BEREC, s’est faite par étapes. L’Arcep et d’autres régulateurs tels que le finlandais ou l’irlandais ont patiemment convaincu leurs homologues de l’importance de se mobiliser sur ce dossier et ce, au-delà de la stricte contribution du numérique au Pacte Vert européen. Et les briques se mettent petit à petit en place : la première étape fut l’adoption de la soutenabilité du numérique comme un des grands axes de la stratégie pluriannuelle (2021-2025) du BEREC. Puis, la création d’un groupe de travail permanent co-présidé par l’Arcep, seul régulateur européen alors doté de pouvoirs en la matière.

Le troisième étage de la fusée vient enfin d’être activé : il s’agit du premier rapport du BEREC sur l’empreinte environnementale du numérique. Ayant consulté et écouté bien au-delà des acteurs traditionnels, dépassant le stade des constats, il présente les premières ambitions pour limiter l’empreinte environnementale du numérique. Ses préconisations sont naturellement en phase avec celles que l’Arcep avait esquissées au sein de ses ateliers nationaux
« Pour un numérique soutenable ». Mais l’une est en soi une petite révolution car il s’agit de mettre les outils de la régulation au service de l’enjeu environnemental, en encourageant par exemple la mutualisation de certaines parties du réseau, ou en recommandant fortement la coordination des usages du génie civil ou du spectre…

Certains régulateurs se plaignaient de ne pas disposer d’outils réglementaires ou coercitifs. Mais les discussions, les ateliers organisés par le BEREC, et la publication de ce rapport ont convaincu tous les membres du BEREC, qu’ici comme ailleurs, c’est la volonté qui prime : volonté et engagement précèdent l’octroi de compétences nouvelles. Elles en sont parfois le déclencheur.

Emmanuel Gabla, membre du collège de l’Arcep

Le Post n° 55 - Juin 2022

Le Post n° 54 - Avril / Mai 2022

Transition écologique et numérisation de l’économie : à nouveaux défis, nouveaux outils pour la protection du consommateur et la régulation concurrentielle

Les autorités de contrôle et de régulation doivent faire face à l’accélération du temps économique et aux nouveaux défis de l’économie numérique. La DGCCRF redéfinit ainsi régulièrement les orientations de son programme national d’enquêtes. En 2022, elle privilégie l’accompagnement de la transition écologique (notamment sur les allégations environnementales et l’utilisation du terme « reconditionné ») et la régulation des acteurs de l’économie numérique (opérateurs de communications électroniques, plateformes et places de marchés).

Pour répondre aux besoins d’adaptabilité et de réactivité, la DGCCRF a ainsi mis en œuvre fin 2021, pour la première fois, un nouvel outil du code de la consommation permettant de déréférencer une plateforme des moteurs de recherche et magasins d’application, voire d’en bloquer l’accès. Le code de commerce prévoit également depuis peu que les manquements au règlement « Platform to business » et les pratiques restrictives de concurrence pourront faire l’objet d’une injonction sous astreinte, outil puissant pour obtenir la cessation de pratiques illicites.

À l’échelon européen, la DGCCRF a copiloté, avec la DGE, les négociations sur le Digital Markets Act, qui viennent d’aboutir sous présidence française. Ce texte doit permettre de répondre, en temps réel, aux défis posés par la régulation concurrentielle des plateformes numériques structurantes.

Sur ces sujets transversaux, les autorités de contrôle doivent travailler en étroite collaboration. La DGCCRF sait qu’elle peut compter sur l’expertise de l’Arcep, tant sur des enjeux environnementaux que numériques.

Virginie Beaumeunier, directrice générale de la DGCCRF

Le Post n° 54 - Avril / Mai 2022

Le Post n° 53 - Mars 2022

Favoriser l’accès des entreprises à la 5G

La 5G est une innovation de réseau porteuse de promesse de croissance en ce qu’elle produit des effets externes positifs sur l’ensemble des secteurs économiques. De plus, elle rend efficiente la communication entre machines et permet d’améliorer directement la productivité du capital. Cependant, la réalisation de cette promesse dépend de son appropriation, de sa capacité à s’ancrer dans le tissu industriel, organisationnel et social, et de ses usages par les entreprises, les administrations, les universités et l’ensemble des acteurs (les verticaux).

L’Arcep joue un rôle important dans cette appropriation. En effet, l’attribution des fréquences peut se faire soit aux opérateurs télécoms, à charge pour eux de proposer une offre aux entreprises, soit directement aux industriels et entreprises qui en ont l’usage. Les deux modèles d’attribution ont leurs coûts et avantages et l’équilibre dépend du type d’entreprises, taille, secteur, de l’usage etc. L’attribution de cette ressource a donc fait l’objet d’une réflexion en amont sur les besoins (consultation des acteurs et rédaction d’un rapport par l’Arcep dès 2017) et la meilleure manière d’allouer ses fréquences.

D’une part, l’Arcep a, lors de l’attribution des fréquences dite cœur de la 5G, imposé aux opérateurs télécoms des obligations, dont celle d’activer les fonctions les plus innovantes de la 5G - le « slicing » - au plus tard en 2023. Les opérateurs télécoms se sont par ailleurs engagés à répondre aux demandes raisonnables qui émanent des acteurs économiques en leur apportant des offres adaptées ou en leur confiant localement les fréquences.

D’autre part, l’Arcep a accompagné la demande des acteurs privés de disposer de leur propre réseau mobile, en lançant, dès 2017, des appels à projets 5G à titre expérimental auprès des industriels. Elle a ensuite ouvert plusieurs guichets d’attribution des fréquences. Ouvert en 2019, le guichet de la bande 2.6 GHz a ainsi déjà donné lieu au déploiement de réseaux privatifs dans des secteurs variés. L’Arcep accompagne le passage progressif de ces réseaux mobiles professionnels vers la 5G sur cette bande. Un portail numérique ouvert le 15 mars 2022 permet aussi à ces acteurs de visualiser sur une carte les fréquences disponibles et de suivre l’instruction de leur demande.

L’Arcep a également ouvert dès 2019 un guichet expérimental sur la bande 26 GHz et construit un modèle d'attribution qui laisse une grande place aux acteurs économiques.  L’Arcep complète aujourd’hui ce dispositif et, avec le Gouvernement, a ouvert le 15 mars 2022 un nouveau guichet d’expérimentation dans la bande 3,8-4,2 GHz.

Néanmoins, l’allocation de la ressource en fréquence ne suffira pas. La diffusion d’une innovation est dans les mains des acteurs économiques. Elle dépend des compétences, de la formation et sélection des ingénieurs qui la pensent et la déploient ; elle dépend aussi de la non-confiscation de ces innovations par certaines entreprises et du libre jeu concurrentiel qui permet son appropriation par l’ensemble du tissu industriel. Elle dépend plus généralement des politiques publiques de formation, et des politiques de concurrence et industrielles.

Maya Bacache, membre du collège de l’Arcep

Le Post n° 53 - Mars 2022

Le Post n° 52 - Février 2022

Numérique et environnement : un combat collectif

Si les apports des services numériques ne sont plus à démontrer, la question de leur impact environnemental continue de faire débat. La multiplication d’études et de rapports - souvent contradictoires - n’ayant pas permis de départager les tenants d’un numérique sauveur ou fossoyeur du climat, nous nous devions de dépasser ces seuls constats pour analyser toute l’ambivalence de ces technologies.

La loi visant à réduire l’empreinte environnementale du numérique, que j’ai eu l’honneur de porter devant le Sénat, fournit un premier cadre règlementaire à cette démarche, et son prolongement est venu renforcer les pouvoirs de l’Arcep en matière de régulation environnementale. L’étude menée conjointement avec l’ADEME sur l’évaluation des impacts environnementaux du numérique instaure quant à elle le « discours de la méthode » indispensable à l’établissement d’un référentiel commun.

Il nous appartient maintenant collectivement de croiser les feux sur les impacts environnementaux du numérique, autant pour combattre les effets néfastes des terminaux, réseaux et de certaines pratiques, que pour mettre en lumière les usages vertueux qui en font un puissant levier d’actions.

Patrick Chaize, sénateur de l’Ain, vice-président de la Commission des affaires économiques du Sénat, président de l’Avicca

Le Post n° 52 - Février 2022

Le Post n° 51 - Janvier 2022 (Spécial 25 ans de l’Arcep)

L’Arcep fête ses 25 ans

Que de chemin parcouru depuis la naissance de l’Autorité de régulation des télécommunications (ART) le 5 janvier 1997 ! Créée pour l’ouverture à la concurrence du secteur des télécommunications en France, l’Autorité a vu ses missions évoluer au cours du temps, avec la régulation de certaines activités postales en 2005, et de la distribution de la presse en 2019.

Autorité indépendante, l’Arcep s'assure que les dynamiques et les intérêts des acteurs privés se concilient avec les objectifs d’intérêt général, que ce soit la concurrence effective et loyale, l’aménagement du territoire, le pluralisme et la qualité des services fournis, au bénéfice des utilisateurs finals. Elle s’appuie sur une régulation pro-investissement et pro-innovation.

Dans le secteur des télécommunications, elle défend l’objectif que chaque Français puisse bénéficier – de façon effective et pérenne - d’un accès Internet à Très Haut Débit, partout en France, à prix abordable. Grâce à la mobilisation des acteurs privés et publics, et au cadre réglementaire fixé par l’Arcep, les Français bénéficient aujourd’hui des forfaits mobiles parmi les moins chers au monde et la France est le premier pays européen dans le déploiement de la fibre optique !

La capacité de l’Autorité à innover fait partie de son ADN : sur la régulation des grands acteurs du numérique, elle a impulsé la réflexion au sein du BEREC, le groupe des régulateurs européens des télécoms, et se réjouit de la position commune des 27 régulateurs européens sur le Digital Markets Act.

Depuis 25 ans, l’Arcep a su se réinventer pour remplir ses missions et aller de l’avant. Notre ambition commune est de poursuivre l’action de régulation menée depuis 1997 et, forts de cette expérience, de nous projeter sur de nouveaux défis, en particulier par une meilleure prise en compte de la satisfaction des utilisateurs ou encore des enjeux environnementaux dans la régulation.

Les vœux de l’Arcep en vidéo

Laure de La Raudière, présidente de l’Arcep

Le Post n° 51 - Janvier 2022

Le Post n° 50 - Novembre / Décembre 2021

Accompagner la mutation du marché postal

Le service universel postal est de longue date une des compétences de l’Arcep, et une de ses préoccupations. Compétence car l’Arcep a pour mission de veiller au respect des objectifs de qualité du service universel, et par ses avis sur les tarifs de la Poste, contribue à sa pérennité dans le cadre d'une concurrence loyale. Mais aussi une préoccupation, car la baisse structurelle des volumes de courrier pourrait mettre en danger la présence postale dans les territoires.

Or si le volume du courrier décroit depuis 13 ans, l’année 2020 marque une véritable rupture avec une baisse de près de 20%, entrainant une diminution du revenu de près de 15% pour l’ensemble du secteur, malgré des augmentations régulières du prix du timbre pratiquées par La Poste. Et si l’activité concurrentielle de livraison de colis, grâce à l’e-commerce, continue de progresser, elle ne compense pas la baisse du courrier.

Le gouvernement a décidé d’accompagner la mutation du marché postal en compensant une partie du déficit de la distribution du courrier via une compensation sur fonds de l’Etat, plutôt qu’un fonds de compensation qui n’a jamais fonctionné, dans le projet de budget pour 2022. C’est l’Arcep qui évaluera le coût net du service universel postal.

L’Arcep s’est par ailleurs dotée d’un observatoire des services postaux, dont les résultats 2020 viennent d’être publiés. Portant initialement sur l’activité des opérateurs postaux autorisés, il s’est enrichi pour inclure les données des opérateurs de colis, rendant compte, au travers d’un certain nombre d’indicateurs clés (volumes, revenus, emplois, investissements) des évolutions du secteur.

Monique Liebert-Champagne, membre du collège de l’Arcep

Le Post n° 50 - Novembre / Décembre 2021

Le Post n° 49 - Octobre 2021

Fratel face au défi de l’innovation

La régulation en tant que discipline ayant pour finalité la recherche de l’équilibre dans les secteurs concernés, se doit de se réinventer constamment pour mettre ses leviers au diapason des nouvelles problématiques mondiales. Il s’agit entre autres, de l’internet des objets, de l’intelligence artificielle, du commerce électronique, de la 5G voire la 6G selon les pays, de la Fintech, surtout dans les pays africains, et de la convergence des réseaux.

Face à ces nouveaux enjeux, Fratel constitue, à notre avis, l’une des meilleures tribunes pour échanger les expériences autour de ces questions et les adresser dans une démarche concertée tenant compte du niveau de maturité de chaque marché.

Au-delà de ces aspects, la sauvegarde de principes sacrosaints comme la neutralité technologique constitue un socle de promotion de l’innovation dans un monde dominé par des plateformes numériques. Autrement dit, avec l’avènement des nouveaux acteurs qui se positionnent souvent comme des fournisseurs de services à valeur ajoutée, la régulation des communications électroniques devient de plus en plus celle du numérique tout court. En outre, avec la convergence actuelle des réseaux, aucun régulateur ne peut vivre en vase clos et il apparait ainsi à l’évidence, la nécessité d’encourager la co-régulation comme mode alternatif pour adresser les nouvelles problématiques.

Cette régulation doit s’appuyer sur un concept de droit mou militant dans le sens de la compliance à la place de la répression.

Sur un autre registre, nonobstant la nécessité de procéder à la modération des contenus dans les plateformes, le principe de la neutralité du net ne doit souffrir d’aucune restriction en tant que soubassement actuel de la garantie du droit à l’information.

Il est à rappeler également qu’aujourd’hui, quel que soit le schéma retenu par un pays, les fréquences constituent un véritable levier de promotion de l’innovation à conditions qu’elles soient disponibles pour les nouveaux métiers. C’est d’ailleurs, la raison pour laquelle, au-delà des politiques communautaires propres à chaque région, le FRATEL pourrait apparaitre comme instance de facilitation des discussions entre les parties prenantes y compris les équipementiers, notamment autour des différentes bandes, au cours des CMR, par exemple.

Toutefois, il convient de rappeler que ces principes et ces problématiques, certes universels, subissent la pluralité des regards en fonction des pays et des régulateurs, eu égard à la situation économique et normative de chaque Etat. C’est ce qui fait le charme de la régulation qui quel que soit le modèle poursuit le même objectif sus rappelé à savoir l’équilibre.

Ce sont tous ces constats qui légitiment la nécessité de renforcer les instances comme le FRATEL qui adressent toujours avec brio, les questions interpellant les communications électroniques, en organisant des forums d’échange avec les experts du domaine assortis de rapports partagés et accessibles.

C’est la raison pour laquelle, en ma qualité de Président du FRATEL pour ce cycle, fonction que j’assume avec beaucoup d’honneur et de plaisir, j’appelle à une consolidation des acquis obtenus depuis sa création et à un engagement toujours renouvelé, jamais comme auparavant.

Cet appel m’amène à inviter tous les membres du FRATEL à venir massivement participer à la prochaine rencontre de l’organisation qui aura lieu au mois de novembre 2021, à Dakar.

Je voudrais remercier, cet égard, tous les membres et experts du FRATEL pour la mobilisation et la participation active au cours de ce cycle. Ces remerciements s’adressent particulièrement à l’Autorité française de Régulation des Communications électroniques, des Postes et de la distribution de la Presse (ARCEP) pour tout le travail de coordination, en dépit du contexte de COVID où les réunions en ligne ont été organisées avec beaucoup de succès.

Par Abdoul LY, directeur général de l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP) du Sénégal, président de Fratel

Le Post n° 49 - octobre 2021

Le Post n° 48 - Septembre 2021

Nouvelles étapes, nouvelle formule

Avec le « new deal mobile » et le plan France très haut débit pour déployer la fibre, de gros progrès ont été réalisés pour apporter aux Français un internet performant pour télétravailler, se soigner, apprendre, se cultiver ou encore se distraire. Mais une insatisfaction demeure pour les mal couverts, les mal branchés et les oubliés du numérique. Alors que les déploiements se poursuivent à bon rythme, avec une forte progression dans les zones rurales, Le Post de l’Arcep évolue pour offrir plus de place aux territoires et à leurs utilisateurs, et ouvrir ses colonnes à l’enjeu environnemental.

Depuis sa création en 2016, notre lettre d’information se fait chaque mois l’écho, dans sa rubrique
« Tout terrain », des déplacements de l’Arcep pour échanger avec les acteurs locaux et observer la progression des réseaux sur le territoire. Désormais, un élu sera invité à prendre la parole sur une question concrète, ou une innovation, qui peuvent avoir valeur d’exemple pour d’autres collectivités.

Avec la plateforme « J’alerte l’Arcep », l’Autorité permet à chaque utilisateur - particulier, entreprise, collectivité, développeur, consommateur - de l’informer des problèmes rencontrés dans le fonctionnement des réseaux, qu’ils soient télécoms, internet, postaux ou de distribution de la presse. Les alertes recueillies alimenteront une nouvelle rubrique : « C’est arrivé dans J’alerte l’Arcep ». Pour faire le point, chaque mois et en toute transparence, sur la question du moment.

Enfin, et parce que tout se lit désormais à l’aune de l’impact environnemental, une nouvelle rubrique, « Pour un numérique soutenable », sera dédiée aux travaux de l’Arcep dans ce domaine, ainsi qu’aux nombreuses initiatives de l’écosystème. Objectif : informer pour amplifier la prise de conscience et la mobilisation. Et faire de l’écologie un nouveau chapitre de la régulation.

Et maintenant place au « nouveau Post », à découvrir dans ce numéro de rentrée !

Par Joëlle Cottenye, membre du collège de l’Arcep

Le Post n° 48 - septembre 2021

Le Post n° 47 - Juin / Juillet 2021

Pour des territoires plus connectés et inclusifs

Depuis sa création, la Banque des Territoires n’a cessé de lutter contre les fractures territoriales. La fracture digitale est la première des fractures territoriales : aujourd’hui, soit les ménages, les entreprises et les services publics sont connectés au très haut débit, soit ils ne le sont pas, et ce n’est pas tolérable. La crise sanitaire a démontré l’importance du numérique. Chaque Français doit avoir accès à des infrastructures numériques résilientes, et bénéficier de services numériques performants.

Dans le cadre du plan de relance de la Caisse des Dépôts, et pour des territoires 100 % connectés en 2025, la Banque des Territoires a engagé un plan d’intervention sur trois axes : sécurisation physique des réseaux, complément de la couverture Très Haut Débit (THD) mobile en outre-mer, et extension de la couverture THD fixe et mobile sur l’ensemble des territoires, notamment les plus isolés. Elle répond à des besoins non couverts par des engagements publics ou privés, pour accélérer l’aménagement numérique des territoires. 120 millions d’euros seront investis dans ces projets et 150 millions d’euros de prêts financeront ceux du secteur public local.

Plus récemment, la Banque des Territoires a rejoint un consortium acquéreur de 50 % du capital d’Orange Concessions qui raccorde plus de 4,5 millions de foyers français, via des réseaux d’initiative publique. En réalisant cet investissement stratégique, la Banque des Territoires s’emploie à démultiplier sa force de frappe pour assurer la transition numérique des territoires, et notamment le déploiement de la fibre optique dans les zones rurales.

La Banque des Territoires, investisseur de long terme, ambitionne de rendre tous les territoires, ruraux ou périurbains, montagnards ou littoraux, plus connectés. Nous sommes pleinement mobilisés aux côtés des territoires et de nos concitoyens, visant à réduire la fracture numérique et se faisant les fractures territoriales.

Olivier Sichel, directeur général délégué de la Caisse des Dépôts, directeur de la Banque des Territoires

Le Post n° 47 - Juin / Juillet 2021

Le Post n° 46 - Mai 2021

Nouvelle année record pour les investissements télécoms, portés par la fibre

14,3 milliards d’euros, c’est  le montant des investissements des opérateurs enregistré par l’Arcep dans son observatoire du marché des communications électroniques pour l’année 2020.

Ce montant comprend trois composantes principales :
- 2,8 milliards d’euros pour les fréquences 5G. Les précédentes acquisitions avaient eu lieu en 2015 dans la bande 700 MHz pour déployer la 4G ;
- 3,2 milliards d’euros dans le mobile ;
- 8,3 milliards d’euros dans le fixe.

Quelques mots sur le fixe : les investissements des opérateurs portent, pour 3,9 milliards d’euros, sur les boucles locales fixes à très haut débit. Sur les six dernières années, ce sont près de 14,3 milliards d’euros qui y auront été consacrés. En incluant les financements publics, 24,2 millions de prises sont ainsi déployées. La demande est au rendez-vous avec 10,4 millions d’abonnements à la fibre de bout en bout.

Dans les réseaux mobiles les investissements se traduisent concrètement par le déploiement quasi généralisé de la 4G. Ils assurent une couverture de plus en plus fine du territoire et une meilleure qualité de service.

Le cycle de renouvellement des infrastructures numériques en France est désormais bien engagé. Les prochaines années devraient en voir son aboutissement au profit de tous.

François Lions, membre du collège de l’Arcep

Le Post n° 46 - Mai 2021

Le Post n° 45 - Avril 2021

Adieu le cuivre, bonjour la fibre !

Dès 2016, le village de Lévis Saint Nom, commune rurale de 1732 habitants en vallée de Chevreuse, est entièrement fibré. Il aura suffi de quelques semaines pour que le nouveau réseau, très attendu, prenne le pas sur le réseau téléphonique historique.

A l’été 2020, lorsque Orange propose de lancer une première expérimentation de fermeture du cuivre, il reste une centaine d’abonnés toujours branchés sur le vieux réseau. La commune accepte d’accompagner ce projet ambitieux moyennant deux conditions :

- la bascule doit être neutre en termes de coût et de qualité de service aux habitants ;

- aucune personne vulnérable ne doit voir sa ligne téléphonique coupée.

Dès lors, nous communiquons auprès des habitants sur le projet pour l’encourager et rassurer.

Des difficultés appellent des réponses rapides : quid des lignes cuivre maintenues dans le cadre des Plans Communaux de Sauvegarde, quid du fonctionnement des systèmes de téléassistance dont bénéficient nos personnes âgées, notamment en cas de coupure d’électricité, quid du fonctionnement des systèmes d’alarme…

Autres difficultés inattendues et appelant l’implication du Centre communal d’action sociale : certains habitants ne se souviennent plus s’ils disposent ou non d’une ligne cuivre. D’autres, pour qui la téléphonie relève du service public universel, s’attendent à ce que la bascule soit totalement gérée par leur opérateur sans intervention de leur part...

Bilan au 31 mars 2021 : 100% des habitants sont désormais sur un réseau moderne et d’avenir, la fibre optique, et en prime, des réseaux aériens ont été supprimés, une excellente chose pour notre environnement !

Anne Grignon, maire de Lévis Saint Nom

Le 10 mars dernier, Laure de La Raudière s’est rendue à Lévis Saint Nom pour échanger avec la collectivité, Orange et les opérateurs commerciaux, sur le déroulement de la migration des abonnés du cuivre vers la fibre. L’annonce par l’opérateur historique de la fermeture du réseau cuivre d’ici à 2030 est un projet d’envergure dans lequel l’Arcep joue un rôle de garant, tant sur le calendrier, que dans l’intérêt des utilisateurs ou du jeu concurrentiel.

Le Post n° 45 - Avril 2021

Le Post n° 44 - Mars 2021

Une autorité stratégique

Après 13 ans comme députée, c’est un grand honneur pour moi de servir, à nouveau, mon pays, en tant que présidente de l’Arcep.

C’est une autorité stratégique car elle régule des services du quotidien des Français : le téléphone et l’accès à l’internet fixe et mobile, la distribution du courrier et de la presse, partout en France. Ses décisions sont donc essentielles pour satisfaire les attentes légitimes de nos concitoyens dans tous les territoires, mais aussi pour créer les conditions favorables au développement et à l’innovation des acteurs régulés.

Elle est stratégique aussi, car son action est au cœur des transformations majeures de la société, liées à la numérisation de tous les instants de notre vie. L’Arcep continuera à contribuer au débat sur ces enjeux, comme elle le fait sur l’impact environnemental du numérique ou sur la régulation des grandes plateformes, dans le cadre du Digital Market Act, en France et au niveau européen. Ensemble, avec les membres du collège et les équipes, nous aurons de grands défis à relever !

Laure de La Raudière, présidente de l’Arcep

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Le Post n° 43 - Décembre 2020

Donner du pouvoir

À quelques jours de quitter mes fonctions à la présidence de l’Arcep, je suis revenu dans une vidéo sur le sens de mes six années à la tête de cette institution. Le résumé de ce qui m’a guidé : donner du pouvoir. Une autorité qui autorise. Pour que les réseaux, si précieux à la vie de nos sociétés, se développent comme un bien commun.

Mon action a rejoint une conviction personnelle : face à la crise de légitimité du monde public, celui-ci peut et doit se réinventer. En dessinant un État « en réseau », qui sache entraîner les forces de la société vers les défis de notre temps.

Cela a été un honneur de servir mon pays pendant ces six années et d’enrichir les possibilités d’échanges de nos concitoyens. Merci aux acteurs, qui sont le cœur battant des réseaux de notre pays, aux autorités qui nous contrôlent et à nos partenaires publics ; au collège de l’Arcep, à sa direction générale et ses équipes.

Je vous souhaite à toutes et à tous de belles et heureuses fêtes de fin d’année.

Sébastien Soriano, président de l’Arcep

• Sébastien Soriano revient en vidéo sur ses six années à la tête de l’Arcep

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Le Post n° 42 - Novembre 2020

Les défis du BEREC pour l’année 2021

L’observation des effets du Code des télécommunications de 2019 sera au cœur des travaux du BEREC en 2021. Notre travail, jusqu’ici concentré sur la rédaction de lignes directrices accompagnant l’application, va évoluer vers une analyse des développements du marché et des évolutions technologiques.

L’autre versant du travail du BEREC sera de s’assurer de la disponibilité des réseaux de très haute capacité partout en Europe. Dans la lignée des objectifs du plan « Gigabit Society » de la Commission européenne, visant à rendre disponible un débit de 100 Mb/s pour chaque foyer en 2025, nous essayerons de lever les obstacles au déploiement des réseaux de fibre optique et 5G.

Au-delà des réseaux, le BEREC s’attachera à favoriser la coopération des régulateurs sur le sujet des plateformes numériques. C’est un sujet complexe et protéiforme, qui rassemble aussi bien des questions de protection des données que de compétition ; il est important d’y travailler de manière transversale, afin de trouver une manière équilibrée d’appréhender les problématiques existantes.

Le BEREC va également s’emparer du nouveau sujet du développement durable, en écho aux termes du Green New Deal de la Commission européenne. Nous étudierons comment les nouveaux réseaux, fibre et 5G, peuvent développer des gains de productivité qui déboucheront sur des solutions plus durables et prendre leur part à la transition écologique.

Enfin, il sera également à l’ordre du jour d’analyser la crise sanitaire du Covid-19 à travers le prisme des réseaux. La crise a accéléré la transformation numérique de la société et mis en évidence la nécessité d’une connectivité fiable. Nous devons pouvoir tirer des leçons de cette expérience pour améliorer la résilience de nos sociétés.

Michel Van Bellinghen, président de l’Institut Belge des Services Postaux et des Télécommunications (IBPT) et président du BEREC en 2021

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Le Post n° 41 - Octobre 2020

L’Arcep a émis des recommandations aux opérateurs en matière de carte de couverture 5G. Ce faisant, le régulateur assure que les consommateurs disposent d’une information de qualité pour faire leurs choix.

Mais pourquoi veiller à une bonne information sur le marché ? Il s’agit d’abord de protéger le consommateur. Un consommateur n’est pleinement libre de ses choix de consommation que lorsque ces choix sont éclairés. En effet, si dans un marché concurrentiel le prix est un vecteur d’information efficace, tel n’est plus le cas en présence d’asymétrie d’information entre vendeurs et acheteurs. Il s’agit donc de s’assurer qu’il n’y a pas « tromperie sur la marchandise ».

La diffusion d’une nouvelle technologie, la 5G, pose un enjeu supplémentaire : le développement économique. L’histoire du progrès technique est remplie d’exemples de magnifiques idées et inventions qui ne passent jamais le cap de l’innovation, qui ne sont jamais adoptées par le marché, soit que le consommateur reste verrouillé dans une technologie passée, soit que la peur de la technologie et la méfiance réduisent la demande ; soit encore que l’usage ne se présente pas clairement. La transparence concernant les opportunités, les dangers, la réalité, les contraintes d’une technologie est nécessaire à la confiance dans l’échange et au développement du marché.

Enfin, il importe également de protéger le non-consommateur des effets externes des technologies qui produisent effets sur l’ensemble des citoyens. C’est pourquoi l’Arcep s’est inscrite dans le débat sur les effets environnementaux du numérique.

Dans l’économie de l’information, la possession et la manipulation de l’information sont source de pouvoir. Il revient donc au régulateur de s’assurer que ce pouvoir reste dans les seules mains légitimes : celles des citoyens.

Maya Bacache, membre du Collège de l’Arcep

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Le Post n° 40 - Septembre 2020

L’Europe doit se doter d’une législation ambitieuse pour la régulation économique des plateformes numériques

En cette période où les géants du numérique constituent de façon croissante un défi pour le fonctionnement équitable des marchés numériques et la capacité des utilisateurs à accéder aux services et contenus en ligne de leur choix, le Digital Services Act en cours d’élaboration par la Commission européenne doit permettre à l’Europe de se doter pour la première fois d’une législation ambitieuse dans ce domaine.

En lien avec plusieurs Etats membres, et notamment l’Allemagne, l’Italie et la Pologne, nous avons demandé à l’Union européenne de mettre en place un instrument de régulation économique ex ante centré sur les grandes plateformes numériques dites « structurantes ». Nous partageons également avec les Pays-Bas la volonté de mettre en place cette régulation. Celle-ci doit s’appliquer à une large typologie d’acteurs, y compris les systèmes d’exploitation, et déterminer leur caractère structurant à partir d’une approche par faisceau d’indices. Afin de prévenir les risques de captation et de prédation des marchés par ces plateformes, il est impératif que l’autorité de régulation qui sera désignée par cette législation soit pourvue d’une large gamme d’outils et puisse prendre des remèdes « sur mesure ». 

Je tiens à saluer le rôle d’impulsion que joue l’Arcep dans le débat public sur la régulation du numérique et la remercie de sa participation active dans les travaux en cours au sein de la task-force « Régulations des Plateformes » chargée d’élaborer la position des autorités françaises dans le débat européen sur le Digital Services Act.

Thomas Courbe, Directeur Général des Entreprises

© Photo A Salesse

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Le Post n° 39 - Juin / Juillet 2020

Pour un numérique soutenable 

Le numérique dans son ensemble (terminaux, réseaux, logiciels, data centers…) consomme beaucoup d’énergie, 2% des émissions de gaz à effet de serre en France en 2019 et en augmentation. Les produits numériques sont énergivores tant dans leur utilisation que dans leur fabrication. Les progrès pour aller vers plus de sobriété sont souvent absorbés par l’effet rebond. L’Arcep s’intéresse bien évidemment à ces questions et a publié une première note en 2019 sur le sujet.

C’est aujourd’hui le déploiement de la 5G qui focalise l’attention. Quels seront ses effets sur l’environnement ? Un aspect fascinant de cette nouvelle technologie est sa large gamme d’usages : télétravail, usines du futur, territoires connectés, médecine à distance… Cette technologie est moins énergivore que les précédentes à usage constant. Mais au-delà des usages précités, qui pourraient avoir un effet positif sur l’empreinte environnementale des secteurs concernés, elle peut effectivement être aussi massivement utilisée pour, en mobilité, jouer en réseaux ou visionner des films. Tous les intérêts pour la société de ces activités ne se situent pas au même niveau ; certains usages, qui pourraient être considérés comme toxiques dans un cadre de sobriété carbone, pourraient-ils être modérés, voire évités ? Plus que la question de son déploiement, la vraie question est bien celle des usages de la 5G.

Mais au-delà de cette actualité, l’empreinte carbone du numérique doit être envisagée globalement : comment articuler au mieux un déploiement volontariste de la fibre avec celui du mobile tenant compte des besoins des territoires ? Quel rôle pour l’écoconception des applications ? Quels changements de comportement des utilisateurs ?  etc. Dans cet esprit, l’Arcep lance une plateforme de travail ouverte et transparente : « Pour un numérique soutenable ». Il s’agit d’installer l’enjeu environnemental dans des actes concrets de régulation du numérique.

Un numérique soutenable ? Loin des postures de technophobie têtue ou de technophilie aveugle, c’est bien là le vrai débat, celui qui nous amènera à choisir collectivement le monde numérique où nous voulons vivre.

Serge Abiteboul, membre du Collège de l’Arcep

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Le POST n° 38 - mai 2020

L’internet et la transition écologique 

Je suis heureux de pouvoir signer ce billet sur un sujet qui interpelle de manière croissante nos contemporains, en France comme dans bon nombre de pays. L’internet et par extension l’activité numérique dans son ensemble interrogent : est-ce seulement un accélérateur positif de transition ou il y a-t-il aussi des effets négatifs à cette dématérialisation apparente ?

En effet, ce secteur symbolise les paradoxes qui agitent la mise en œuvre de la transition écologique. La récente loi sur l’économie circulaire pose d’ailleurs un jalon important dans le questionnement de la société sur l’impact en émissions de gaz à effet de serre des pérégrinations sur internet, à un moment où les émissions du secteur explosent.

Le confinement a démontré le besoin d’avoir des infrastructures réseaux qui fonctionnent en période de crise, car les flux de données représentent, aujourd’hui plus que jamais, un enjeu majeur dans notre société. Ces données, qui nous permettent de rester en contact, de garder une activité professionnelle, de nous informer, d’éduquer nos enfants et de nous distraire, ne doivent pas pour autant représenter un risque d’aggraver l’empreinte carbone de nos activités.

Il est donc nécessaire de continuer à améliorer l’efficacité énergétique des réseaux, comme c’est le cas avec le déploiement de la fibre optique, d’informer les usagers des émissions de gaz à effet de serre liées à leurs consommations de services numériques, et de proposer des solutions à toutes les parties prenantes visant une « sobriété » numérique.

Si l’évolution actuelle des technologies réduit la taille et la consommation en énergie des terminaux, on note un transfert d’impact aux phases pour lesquelles les données sont moins fiables : l’extraction des matières premières non renouvelables, le traitement de fin de vie et l’usage d’internet.

Arnaud Leroy, président de l'Ademe

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Le POST SPÉCIAL crise sanitaire - avril 2020

Les réseaux comme bien commun

La crise inédite que nous traversons souligne avec force combien les réseaux d’échange – internet, téléphone mobile et fixe, télédiffusion, courrier, colis, distribution de la presse – constituent une infrastructure vitale au fonctionnement du pays ; combien ces réseaux sont la condition indispensable de la liberté, de l’égalité et de la fraternité, chères à notre République.

Grâce à la mobilisation exceptionnelle des équipes de terrain des entreprises télécoms, postales et de presse et de tout le tissu de PME, d’acteurs locaux et associations qui les entourent, une réalité est possible : les réseaux tiennent ! Pas toujours dans les conditions habituelles, mais ils tiennent ! Une prouesse qui force le respect! Saluons aussi la responsabilité de ceux des « grands » utilisateurs de ces réseaux, fournisseurs de VoD, éditeurs de presse … qui participent à l’effort. Et surtout, tous les utilisateurs qui prennent sur eux de basculer certains usages de la 4G au wifi, de lisser les usages vidéo sur la journée ou de patienter pour la réception d’un courrier, d’un colis. Merci !

« Les réseaux comme bien commun », qui est le Manifeste de l’Arcep, n’est pas une déclaration de principe. C’est une réalité profonde, qu’illustrent cette mobilisation de tous et cette responsabilité collective.

C’est aussi une exigence que, nous, régulateur, continuerons à porter dans la crise, pour veiller à la continuité du service, y compris pour les plus précaires, à l’accessibilité pour les personnes en situation de handicap, à la bonne information des utilisateurs, au respect du secret des correspondances, à la neutralité du net… Concernant cette dernière, je voudrais redire combien la neutralité est une règle cardinale de la gouvernance des réseaux. Elle est en quelque sorte « la loi de la multitude », contre « la loi du plus fort », contre l’arbitraire. L’Arcep veille à la pleine application de ce principe dans les conditions particulières de contrainte actuelle.

Enfin nous devons préparer « l’après ». Pour confirmer, au-delà de l’immédiat, une ambition sans faille pour équiper massivement et rapidement notre pays en réseaux télécoms compétitifs : relier chaque foyer, chaque PME à la fibre optique et généraliser la 4G partout où il le faudra ; lancer la 5G en veillant à l’équilibre entre les territoires. Il nous faudra aussi inscrire la technologie dans une responsabilité plus large, particulièrement au plan environnemental. Et remettre sur le métier la nécessaire extension de la régulation des télécoms aux OS des terminaux, puissants points de contrôle des réseaux qu’aucun gendarme ne supervise. Autant de défis auxquels nous répondrons avec une conviction renforcée : les réseaux comme bien commun.

Sébastien Soriano, président de l’Arcep

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Le Post n° 35 - janvier 2020

De nouvelles coopérations entre l’Arcep et le CSA

Du fait de leurs missions respectives, l’Arcep et le CSA sont régulièrement amenés à dialoguer et à coopérer sur les enjeux intéressant les deux autorités. Elles le font tant au sein des réunions périodiques des régulateurs que dans un cadre bilatéral, notamment par le mécanisme des saisines croisées : c’est ainsi que le Conseil a récemment sollicité l’avis de l’Arcep sur la modernisation de la plateforme de la télévision numérique terrestre (TNT), qui fait l’objet d’une consultation publique.

Au-delà, et face aux défis soulevés par la transition numérique, Sébastien Soriano et moi-même avons souhaité développer de nouvelles coopérations dans le cadre d’une convention que nous signerons prochainement. Un pôle commun à l’Arcep et au CSA aura pour mission d’approfondir l’analyse technique et économique des marchés du numérique relevant des champs de compétence des deux autorités, aussi bien en termes d’usages et de diffusion que de relations entre acteurs et de chaînes de valeur. Mettant à contribution les expertises complémentaires des deux autorités, il se concrétisera par des études et publications conjointes. Il pourra associer d’autres parties prenantes, telles que la CNIL ou l’Autorité de la concurrence.

Par ailleurs, nous avons engagé un travail conjoint en matière de protection des mineurs contre les contenus pornographiques sur internet. Réunis en décembre par le Gouvernement, les opérateurs concernés ont, en effet, accepté de se mobiliser sous l’égide de l’Arcep et du CSA. En pratique, ils sont appelés, d’une part, à déployer un portail d’information sur les systèmes de contrôle parental. Et, d’autre part, à développer des indicateurs évaluant le niveau d’utilisation de ces systèmes, qui restent souvent désactivés. L’Arcep et le CSA réuniront ensemble un comité de suivi, afin de veiller à l’avancement de ces chantiers.

Selon la formule de la professeure Frison-Roche, l’inter-régulation, prioritaire aujourd’hui dans l’univers numérique, vise « à dégager des solutions » : c’est précisément l’état d’esprit dans lequel collaborent l’Arcep et le CSA.

Roch-Olivier Maistre, président du CSA

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Le Post n° 34 - décembre 2019

5G : enfin le coup d’envoi…

Lors du dernier Mobile World Congress à Barcelone, un thème  écrasait tous les autres : l’avènement de la 5G allait enfin se produire, avec son lot d’innovations inhérent à chaque nouvelle génération. Mais la 5G, nous prédisait-on, nous fera entrer dans une nouvelle ère : elle permettra l’avènement des objets communicants (le machine-to-machine), elle abolira (ou presque) les délais de latence, grâce à une puissance de calcul distribuée dans tout le réseau (l’Edge computing), ouvrant la voie à une myriade d’applications, tant dans l’univers des jeux vidéo que dans des domaines pointus comme la télé chirurgie. Enfin, cette nouvelle 5G sera un atout crucial pour accompagner et amplifier la mutation de l’industrie et ses usines du futur, communicantes…

L’hymne était tellement puissant qu’il pouvait laisser dubitatif… Et pourtant, le puzzle se met petit à petit en place. L’avènement de la 5G, quand elle aura atteint sa pleine maturité (et se sera affranchie de ses liens avec la 4G) sera bien plus structurant que ne le furent ceux de la 4G ou la 3G. Et c’est pourquoi, en élaborant les conditions d’attribution de ces fréquences, l’Arcep a adopté une approche sensiblement différente de celles des cadres précédents.

Si cette technologie est structurante, si elle est un outil de développement économique, elle devra irriguer les territoires. Et cela doit être pensé et organisé dès la conception. De fait, les engagements de couverture inclus dans les conditions d’attributions des fréquences 3,4-3,8 GHZ sont sans commune mesure avec celles prévues lors du lancement des générations précédentes… et sont sans doute parmi les plus ambitieuses d’Europe, voire au-delà… Ambitieuse, l’Arcep l’a également été sur la couverture des axes routiers et dans la réception des communications à l’intérieur des bâtiments, pour répondre aux attentes concrètes des consommateurs, qu’ils soient particuliers ou professionnels.

Car la 5G ne sera un succès que si tout le monde se l’approprie : cela implique que les questions d‘exposition aux ondes devront être réglées dans le dialogue, la concertation, et par la pédagogie. Cela voudra aussi peut-être dire que l’on devra apprendre à bien utiliser la 5G, de manière responsable, éco-responsable pourrait-on dire, tant nous prenons tous conscience que l’univers du numérique doit désormais clairement se soucier de son empreinte écologique et de sa nécessaire maîtrise.

Donc oui, c’est bien le coup d’envoi de la 5G… mais ce n’est que le début. Oserai-je paraphraser un ancien Premier ministre en disant que « la route est droite, mais la pente est forte » ?

Emmanuel Gabla, membre du collège de l’Arcep

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Le Post n° 33 (novembre 2019)

En route pour la régulation de la distribution de la presse

La loi relative à la modernisation de la distribution de la presse, réformant la « Loi Bichet », vient d’être promulguée. Elle confirme les principes fondamentaux qui régissent ce secteur de la presse tout en introduisant de nouvelles dispositions structurantes pour son bon fonctionnement. Elle en confie la régulation à l’Arcep.

L’Arcep a la culture du dialogue : nous nous attacherons à une pleine et entière écoute de toutes les parties, les éditeurs, tant de la presse quotidienne que des magazines, tant de la presse d’information politique et générale que de la presse spécialisée ou de divertissement. Mais aussi les acteurs de la distribution, les messageries et les dépositaires, et les diffuseurs, marchands de presse qui sont au contact du lecteur, rouages essentiels de l’offre dans les territoires. Les acteurs du secteur peuvent dès à présent prendre contact avec les services en écrivant à l’adresse distribution-presse(@)arcep.fr

En nous appuyant sur les travaux de l’Autorité de régulation de la distribution de la presse et du Conseil supérieur des messageries de presse, nous veillerons à placer au cœur de notre action l’intérêt du lecteur, à la fois consommateur et citoyen, afin que celui-ci ait accès largement sur le territoire à une presse diverse et de qualité, à un prix accessible. L’un des tout premiers chantiers sera d’examiner quel choix offrir au client de la presse papier, avec l’ensemble de la profession mais surtout avec les marchands de journaux, qui ne peuvent pas toujours accueillir tous les titres qui leur sont proposés.

C’est avec humilité et ambition, mais aussi avec fierté, que nous abordons cette mission nouvelle.

Monique Liebert-Champagne et François Lions, membres du collège de l’Arcep

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Le Post n° 32 (octobre 2019)

Les enjeux de la CMR-19

Le défi majeur de la prochaine Conférence mondiale des radiocommunications (CMR-19), qui se tiendra en Égypte du 28 octobre au 22 novembre, sera de faire évoluer le cadre réglementaire de façon à favoriser l’innovation technologique avec le déploiement des IMT-2020 (5G), les stations placées sur des plates-formes à haute altitude (HAPS) et les satellites non-géostationnaires tout en protégeant les services existants. En outre, des questions essentielles liées à la sécurité dans les transports (mer, terre et air), l'observation de la Terre, les prévisions météorologiques et la surveillance du climat seront aussi examinées.

L’intérêt de nouveaux acteurs pour les fréquences au-dessus de 24 GHz fera également l’objet d’échanges. Issus d’autres secteurs économiques (santé, sécurité, industrie automobile, électricité, industrie lourde, etc.) que celui des télécommunications, ces nouveaux acteurs souhaitent accéder à des fréquences hautes. Cette demande est essentiellement liée aux usages prévus dans le cadre de la 5G et qui nécessitent des communications à temps de latence ultra-court et à haute fiabilité, un très haut débit de données et un grand nombre de dispositifs connectés. Les gammes de fréquences entre 24, 25 GHz et 86 GHz offrent la possibilité d’avoir de larges bandes de fréquences qui pourraient satisfaire les besoins en spectre de certains de ces nouveaux acteurs.

Mario Maniewicz, Directeur du Bureau des radiocommunications de l'UIT

Rendez-vous majeurs de l’écosystème international des fréquences, les Conférences mondiales des radiocommunications (CMR) ont pour objectif d’amender le Règlement des radiocommunications, traité international entre États membres de l’UIT visant à faciliter l’accès équitable au spectre des fréquences radioélectriques et à l’orbite des satellites géostationnaires ou non géostationnaires et à lutter contre les brouillages qui pourraient être causés par les systèmes radio d’un pays à l’autre. Elles se tiennent tous les quatre ans sur la base d’un ordre du jour décidé par la CMR précédente. C’est l’Agence nationale des fréquences (ANFR) qui conduit la délégation française à laquelle l’Arcep participe.

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Le Post n° 31 (septembre 2019)

Le bâton qui cache la forêt

Il n'y a pas qu'une manière de réguler. Depuis la décision politique d'ouvrir le secteur des télécoms à la concurrence il y a plus de vingt ans, l'Arcep construit patiemment une régulation que l'on pourrait qualifier de pragmatique. En donnant la priorité au futur plutôt qu'à la sanction du passé ; en ouvrant sans préjugés les portes aux entrepreneurs ; en conjuguant le meilleur de l'investissement privé et de l'initiative publique locale ; en ménageant, aussi, une transition raisonnable à ce qui était alors France Télécom. Nous agissons sans idéologie, avec pour seul cap l'ambition d'apporter aux Français des réseaux de communication performants et pluriels, largement accessibles sur le territoire et à un tarif compétitif.

Le Collège a eu à cœur de creuser ce même sillon ces dernières années : en œuvrant à une évolution exigeante mais progressive de l'accord d'itinérance entre Free et Orange ; en proposant au Gouvernement un " new deal mobile " inédit ; en trouvant un accord avec Orange plutôt qu'en lui imposant des obligations sur sa fibre ; en rendant des avis exigeants mais constructifs dans le cadre des procédures AMII et AMEL...

Chez nos voisins européens, des choix différents ont pu être faits : recours à la séparation fonctionnelle de l'opérateur historique ; déploiement généralisé de la fibre par les collectivités locales ; écrasement des tarifs du dégroupage ; enchères juteuses sur les fréquences...

Le marché des télécoms français est régulièrement cité en exemple à travers l'Europe et le monde. Si les opérateurs, qui en sont les premiers acteurs, peuvent s'en enorgueillir - chaque jour des femmes et des hommes œuvrent au déploiement des réseaux et à l'équipement du pays -, la régulation pragmatique de l'Arcep y a sa part.

Mais le pragmatisme ne se décrète pas. Il suppose que les parties prenantes aient suffisamment confiance dans la solidité du système pour s'y engager, pour " jouer le jeu ". La procédure de sanction de l'Arcep, dont on rappellera qu'elle n'a conduit au prononcé de sanctions effectives que de manière exceptionnelle, est à cet égard décisive. Non pas pour elle-même, mais pour créer cette confiance et cette dynamique collective. Le meilleur exemple en sont les engagements que peuvent prendre les opérateurs, sur des enjeux concurrentiels ou de couverture du territoire. Sans contrôle ni sanction, ces engagements ne seraient que de papier.

Le bâton du régulateur cache la forêt du modèle français. Contester le pouvoir de sanction de l'Arcep, alors même que celui-ci a fait l'objet d'une correction récente suite à une annulation pour des motifs d'inconstitutionnalité - et l'on peut être confiant sur la solidité juridique du texte actuel -, n'est pas une simple procédure contentieuse. C'est défier l'esprit pragmatique de la régulation à la française.

Le Collège de l'Arcep

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Le Post n° 30 (juin 2019)

Développer sa clientèle, s’assurer de sa satisfaction, veiller aux prestations de ses fournisseurs, les diversifier, contrôler la bonne marche de son entreprise et la qualité de sa production, en assurer la gestion financière et comptable, motiver ses collaborateurs, recruter, rester à l’affût des innovations, sont quelques-unes des tâches d’un dirigeant d’entreprise y compris de TPE ou PME.

Toutes ces fonctions font maintenant massivement appel aux outils du numériques : e‑commerce, cloud, outils coopératifs, services de l’État plateforme … et rendent plus prégnante la connectivité apportée par les réseaux. Ces derniers connaissent aussi leur révolution (FttH, IoT, fin du RTC...), au service des usages mais quelquefois au prix d’une certaine complexité.

L’Arcep a fait du marché de l’offre de connectivités aux entreprises une priorité de son action. Elle veut ainsi ouvrir un plus large éventail de choix à toutes les entreprises, tant en termes de technologies que de niveaux de qualité et de prix.

Elle veut également donner aux patrons de PME les moyens de faire jouer la concurrence entre opérateurs : c’est le but du guide « TÉLÉCOMS D’ENTREPRISE – Internet, téléphonie fixe et mobile : guide pratique pour bien choisir ses offres », réalisé en collaboration avec de nombreux partenaires.

La France bénéficie d’un des marchés télécoms les plus compétitifs du monde pour les particuliers : cela doit devenir une réalité pour les TPE-PME !

François Lions, membre du collège de l’Arcep

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Le Post n° 29 (mai 2019)

9,8 milliards d’euros, 40% d’augmentation en quatre ans : le niveau des investissements des opérateurs témoigne d’un effort important et continu, nécessaire pour répondre aux besoins du pays.

Derrière ces chiffres, quelles réalités pour les Français ? Les bénéfices sont là : l’équipement du territoire progresse, les réseaux gagnent en qualité et en couverture, ils se mettent en capacité de suivre les évolutions des usages des utilisateurs et d’accompagner la numérisation des entreprises. Très concrètement, les territoires profitent de plus en plus de la fibre, dont l’ampleur des déploiements en 2018, et le rythme en progression constante, ont porté la croissance des investissements cette année. 13,5 millions de logements sont éligibles à la fibre, ce qui représente 7,9 millions d’accès supplémentaires déployés en trois ans. Côté mobile, l’investissement s’est traduit pour les utilisateurs par une importante progression de la couverture en 4G, qui concerne désormais 65% du territoire (+20 points en un an). Une progression qui répond à l’explosion des usages mobiles des Français et au doublement des volumes de données consommées.

Prochaine étape : la 5G. L’Arcep ne manquera pas de poursuivre sa régulation pro-investissement et pousser à nouveau les opérateurs vers l’équipement et la connectivité du pays.

Joëlle Cottenye, membre du collège de l’Arcep

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Le Post n° 28 (avril 2019)

L’Etat doit savoir se réinventer pour rester à la hauteur

Au cœur de notre relation avec l’Etat se niche une aporie : comme garant de l’intérêt général, l’Etat est à la racine de notre pacte social mais il est aussi vilipendé par ceux qui voient dans l’action publique la source de tous les maux contemporains.

De ce constat découle deux orientations : l’Etat est et doit rester un acteur central de la réponse aux défis que connaît notre pays aujourd’hui ; mais il doit aussi savoir se réinventer et se moderniser pour faire face aux transformations du monde et aux attentes des citoyens.

La naissance des autorités de régulation est un exemple d’évolution réussie dont il faut désormais tirer toutes les conséquences dans le paysage institutionnel : l’essor de ces autorités n’aboutit en effet pas à l’obsolescence définitive de l’Etat « traditionnel » qui reste l’incontournable garant des équilibres fondamentaux.

La culture de la norme qui prévaut trop souvent dans l’administration doit aussi être interrogée dès lors qu’elle n’aboutit pas toujours aux changements nécessaires sur le terrain. Dans un environnement économique, social et technologique en constante mutation, les décideurs publics doivent proposer une action publique responsable, mais aussi plus audacieuse. Cela implique notamment de faire évoluer la gestion de la fonction publique pour encourager l’innovation par les agents publics.

Il existe dans l’Etat de formidables réserves d’énergie et d’intelligence. Ils doivent être mobilisés et surtout mis au bon endroit pour répondre aux attentes des citoyens, au service d’une société plus adaptable et capable de répondre aux défis contemporains.

Par Bruno Lasserre, vice-président du Conseil d’Etat

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Le POST n° 27 (février / mars 2019)

Quand l'Autorité de régulation des télécommunications a été créée, il y a un peu plus de 20 ans, son rôle était d'ouvrir à la concurrence le marché des télécoms. Ses missions se sont depuis multipliées et l'Arcep est devenue un acteur majeur de l'aménagement numérique du territoire. Les enjeux actuels : le développement de la fibre sur tout le territoire et l'amélioration de la connectivité dans les communes et en mobilité.

Grâce aux investissements massifs des opérateurs, à l'engagement des collectivités territoriales et à l'action dynamique de l'État, ces chantiers progressent. L'Arcep tient un rôle important, en incitant les opérateurs à investir, mais aussi en contrôlant leurs engagements et en veillant au bon respect de leurs obligations :

  • sur le fixe, engagements des opérateurs en zones AMII (Appel à Manifestation d'Intention d'Investissement), ainsi qu'en zones AMEL (Appel à Manifestation d'Engagements Locaux), zones d'investissement privé;
  • sur le mobile, contrôle de l'avancée du New Deal mobile, en donnant aux collectivités territoriales et aux usagers les outils pour apprécier les efforts des opérateurs.

Sur nombre de territoires, les investissements doivent être coordonnés ou mutualisés pour éviter toute superposition inefficace de réseaux ou l'existence de " trous dans la raquette " de la couverture. Personne ne doit être oublié, car les réseaux télécoms, infrastructure essentielle pour l'économie et la liberté de communiquer, doivent être au service de tous et se développer comme un bien commun.

Le 26 mars prochain, l'Arcep accueillera décideurs, collectivités territoriales et opérateurs pour la Conférence " Territoires connectés ", dont le thème sera l'Engagement. Engagement de tous, au service de l'économie et de l'aménagement du territoire.

Monique Liebert-Champagne, membre du collège de l'Arcep

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Le Post n°26 (janvier / février 2019)

L’internet que nous avons rêvé est désormais menacé.

Cette plateforme libre et ouverte, bien commun de l’humanité, favorisant le libre accès de tous à l’information, l’éducation et la culture, autorisant l’innovation sans permission, est confrontée aujourd’hui à de nombreux périls :

  • la prolifération des cybermenaces, des manipulations de l’information et ingérences dans les processus démocratiques, des usages d’Internet a des fins criminelles ou terroristes, qui représentent désormais des périls graves, et qui enclenchent une nouvelle forme de course aux armements ;
  • les positions monopolistiques de certains acteurs, face auxquels les outils usuels de régulation semblent parfois dépassés difficiles à appliquer, et les effets induits des modèles économiques fondés sur la captation de l’attention ;
  • les avancées rapides de certains secteurs de recherche, comme l’intelligence artificielle, qui appellent une réflexion collective sur les principes éthiques et les valeurs sociales qui doivent guider ces développements.

Face à ses périls, la France mène une intense action diplomatique au service de l’ouverture, de la neutralité du réseau, de la stabilité et de la sécurité du cyberespace, de la protection des droits fondamentaux, dont la vie privée, et du respect de la démocratie.

Mais cette ambition ne saurait reposer sur le seul engagement de l’Etat. Elle appelle la mobilisation de tous, entreprises, société civile, recherche. La partie n’est pas jouée, mais elle fait rage...

Henri Verdier, Ambassadeur pour le numérique, ministère de l'Europe et des Affaires étrangères

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Le Post n°25 (décembre 2018)

Les régulateurs européens et le Code des télécoms : nouveaux outils, même mission !

En 2018, j’ai pris le relais de Sébastien Soriano à la présidence du BEREC. La priorité donnée aux négociations du nouveau Code européen des télécoms fut un des dénominateurs communs de nos deux mandats. En 2017, le BEREC a adopté sa position sur le projet de la Commission européenne. En 2018, j’avais pour mission de répondre aux multiples propositions de compromis sur le texte, jusqu’à ce que nous parvenions à un accord en milieu d’année. Depuis, le Code est entré en vigueur et attend sa transposition en droit national.

Plusieurs débats sont aujourd’hui en cours sur l’impact des nouveaux outils de régulation prévus par le Code, notamment sur le « wholesale only » (opérateurs purs offreurs de gros), le co-investissement ou la régulation symétrique. Pour moi, ces nouvelles règles sont le signe d'un changement de paradigme visiblement sur le point de se produire sur le marché. Ce qui paraissait impossible d’un point de vue économique il y a quelques années, à savoir le déploiement d’infrastructures alternatives, peut être constaté dans un nombre croissant de marchés. Les opérateurs s’associent pour co-investir dans la fibre. Nous assistons au déploiement de réseaux ouverts en fibre optique un peu partout en Europe, avec le soutien d’investisseurs. C’est une bonne nouvelle pour l’Europe, et une évolution positive qui reste à confirmer sur le long terme.

Toutefois, les enjeux pour les autorités de régulation demeurent les mêmes : rester vigilants et assurer une concurrence effective, car celle-ci reste le moteur essentiel de l’investissement efficace. Avec ces nouveaux outils et nos vingt ans d’expérience, je suis convaincu que le BEREC est fin prêt pour cette mission.

Johannes Gungl, Président du BEREC en 2018, Directeur général de l’Autorité de régulation de la Radiodiffusion et des Télécommunications de l’Autriche

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Le Post n°24 (novembre 2018)

Le premier coup de téléphone mobile a été passé en 1973, il y a à peine 45 ans. Depuis les générations mobiles se succèdent… et face à une demande grandissante d’applications et de connectivité, le rythme s’accélère. La course internationale à la 5G est ainsi déjà lancée que la 4G n’a pas encore fini ses déploiements !

La 5G constitue autant une évolution qu'une révolution. Évolution, car ses premiers usages annoncés consistent surtout à densifier les réseaux mobiles 4G et à compléter les couvertures en très haut débit fixe. Mais, par ses innovations, sa flexibilité et ses gains en débit spectaculaires, la 5G est aussi une révolution industrielle : un formidable levier pour la numérisation des filières industrielles, les « verticales », qui seront son principal marché au-delà des particuliers. Cet enjeu économique rend son déploiement rapide particulièrement important pour la Nation.

En la matière, la France n’est, pour l’instant, pas en retard. L'attribution des fréquences est déjà bien engagée : la bande 700 MHz est déjà allouée, les procédures pour les bandes C et L et les bandes millimétriques pourront être lancées en 2019, pour une ouverture commerciale en 2020. Mais les fréquences ne font pas tout. L’organisation de nouveaux écosystèmes, les expérimentations indispensables de « use cases » nécessitent aussi que les opérateurs comme les « verticales » soient bien au rendez-vous : l’engagement de tous, pour tester configurations économiques d’usage autant que faisabilité technique, est primordial.

L’Arcep est consciente que son rôle ne doit pas seulement être celui d’un allocataire de ressources, mais aussi celui d'un facilitateur. Elle y est engagée avec des moyens et un calendrier exigeant. La balle est dans le camp des acteurs économiques pour ne pas rater le virage des industries et services du futur.

Pierre-Jean Benghozi, membre du collège de l'Arcep

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Le Post n°23 (octobre 2018)

Télécoms et audiovisuel : pour bien nous entendre commençons par bien nous écouter

D’aucuns se représentent audiovisuel et télécoms comme des frères ennemis. Ce n’est pas ma vision. Réseaux et création entretiennent un cercle vertueux dans lequel chacun se nourrit de l’abondance de l’autre. Face à la domination des Big Tech, la future loi audiovisuel est l’occasion de proposer une vision commune, au-delà du « narcissisme des petites différences » auquel nos dossiers du quotidien nous confinent parfois. C’est dans cet esprit que l’Arcep a fait trois propositions pour permettre à l’audiovisuel de maîtriser son destin dans la transformation numérique.

C’est cette même démarche qui anime l’Arcep lorsqu’elle se penche sur l’avenir de la TNT. Tirant les conséquences de l’évolution des usages et de la montée en puissance de la télévision par la box, par mobile ou tout simplement par internet face à la réception par voie hertzienne terrestre (l’antenne râteau), l’Autorité a proposé en juin dernier de mettre fin à 12 ans de régulation de TDF. Quel sens en effet y aurait-il à maintenir ad vitam une action pro-concurrentielle limitée à la seule technologie hertzienne alors que les canaux de diffusion de la télévision se multiplient au détriment de celle-ci ? Ne faut-il pas plutôt garantir aux chaînes qu’elles accèdent aussi dans de bonnes conditions à ces nouvelles options ?

Cette proposition a néanmoins surpris les acteurs concernés et l’Arcep se veut une autorité à l’écoute. Le régulateur se doit d’envoyer les bons signaux pour accompagner les transitions technologiques, mais aussi de le faire dans un tempo adapté. C’est la raison pour laquelle l’Arcep souhaite finalement différer sa décision de deux ans, période durant laquelle sa régulation actuelle va être prolongée, offrant aux acteurs une période de transition utile. Ce choix se traduira par la publication d’un nouveau document dans les prochaines semaines.

Réciproquement, l’Arcep invite les acteurs et les pouvoirs publics à entendre l’alerte qu’elle porte quant à l’émergence de nouveaux intermédiaires entre les chaînes et les téléspectateurs. Aujourd’hui en prise à des négociations commerciales avec les fournisseurs d’accès à internet pour l’accès aux box, les chaînes, qui prendront de plus en plus la forme d’applications au sein des téléviseurs et autres écrans et enceintes connectés, devront demain négocier avec les géants de l’internet pour être accessibles aux téléspectateurs. Avec le risque que notre culture commune doive s’agenouiller devant l’autel de la domination commerciale.
 
Si le foisonnement des innovations est d’abord une bonne nouvelle, gardons à l’esprit qu’autrefois, on a su extraire du jeu du marché les modalités de diffusion des contenus culturels et garantir un principe d’accès libre et universel au savoir. C’est le principe de l’exception culturelle que l’on trouve décliné dans le prix unique du livre, la distribution de la presse, et d’une certaine manière aussi la neutralité du net. C’est ce principe qu’il nous faut réactiver à l’aune du numérique pour, demain, encore faire société autour d’une culture en partage.

L'intervention de Sébastien Soriano au colloque NPA-Le Figaro le 11 octobre dernier

Sébastien Soriano, président de l'Arcep

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Le Post n°22 (septembre 2018)

Le RGPD, nouveau cadre juridique européen sur la protection des données personnelles, a quatre mois à peine et son effet de souffle se manifeste déjà à plein.

Pour les entreprises, il s’agit de finaliser leur adaptation à cette nouvelle culture de la donnée dans laquelle protection des droits des personnes et innovation doivent se conjuguer pour bâtir un environnement de confiance.C’est clairement un effort important, notamment pour les PME, mais je suis convaincue que c’est un pari gagnant pour l’Europe qui choisit ici une voie de croissance éthique et durable.

L’effet de souffle se traduit aussi par une capacité d’influence normative de l’Europe unique sur le sujet. La Californie a adopté récemment une loi s’inspirant du modèle européen ; le Japon vient de signer un accord d’adéquation avec l’Europe afin de favoriser les transferts de données ; l’Argentine travaille à une loi.

Effet de souffle enfin du côté des individus qui se sont jetés sur les nouveaux droits et comptent sur les autorités de régulation pour les faire respecter. La CNIL a ainsi vu ses plaintes augmenter de 56% en quatre mois.

Ce souffle puissant du RGPD, à la hauteur de la force du numérique et des attentes qu’il suscite, la CNIL doit l’accompagner et le canaliser. C’est un enjeu considérable pour notre institution, au carrefour de conflits potentiels importants, économiques ou stratégiques.
Et le jeu est désormais un jeu collectif, la coopération entre autorités européennes étant requise sur tous les sujets transfrontières.
Diplomatie, régulation et pragmatisme vont devoir faire bon ménage pour que le RGPD tienne ses promesses !

Isabelle Falque-Pierrotin, présidente de la CNIL

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Le Post n°21 (juillet 2018)

De la pertinence du débat sur la neutralité du Net

Le 13 juin dernier, le BEREC (le groupe des régulateurs européens) et la TRAI (le régulateur indien des télécoms) ont publié une déclaration commune sur la neutralité du Net.

Pourquoi était-il important que ces deux autorités unissent leurs efforts sur cette question ? Pour de multiples raisons, et en particulier pour faire face aux difficultés et tensions inhérentes à ce concept :

1. La neutralité du Net est facile à expliquer en langage courant, avec les imprécisions que celui-ci permet. Mais plus difficile à décrire avec une rigueur qui résisterait à un contrôle juridique.
2. Si, pour ses partisans, toute dérogation à ce principe relève du blasphème, dans la pratique, certaines exceptions doivent pourtant être admises. Tim Wu lui-même met ce point en évidence dans son article fondateur sur la neutralité du net.
3. Lorsque l’objectif poursuivi est positif, il peut être tentant d’accorder une dérogation exceptionnelle. Toutefois, cette même dérogation, dans d’autres cas identiques, est susceptible d’avoir des effets pernicieux – et c’est souvent le cas.

Cet effort pour trouver un terrain d’entente, tout en considérant nos différences, nous permet d’améliorer notre compréhension mutuelle de la nature du problème. Par exemple, pour faire face au « zero rating », le BEREC favorise une approche au cas par cas, ex-post, alors que la TRAI a opté pour une interdiction ex-ante. Mais en Inde, il est vrai que les prix bas des services de données et les forfaits généreux en volume de data rendent marginal le recours au « zero rating » !

La déclaration commune et le protocole d’accord signés à l’occasion de la 35ème réunion plénière du BEREC permettront aux régulateurs, en Europe et en Inde, de collaborer sur le développement d’outils de détection des violations au principe de neutralité d’internet, et de partager leurs données. Cette collaboration s’avère nécessaire non seulement pour la mise en application, mais également pour pouvoir élaborer une politique mieux adaptée à des « tuyaux » qui, aujourd’hui, sont tout sauf « idiots ».

La neutralité du Net est aux réseaux de données ce qu’est un alliage pour les tuyaux physiques : une protection contre les dépôts de corrosion, qui les conserve propres et robustes.

R.S. Sharma, président de la TRAI, régulateur indien des télécoms

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Le Post n°20 (juin 2018)

Accord sur le code européen des télécoms : quid du déploiement de la fibre ?

Un accord politique est intervenu le 6 juin dernier entre les représentants des institutions européennes sur la révision du cadre européen des communications électroniques. Promouvoir l’accès à la connectivité haut et très haut débit via des réseaux « de grande capacité », fixes ou mobiles, était l’un des objectifs poursuivis.

S’agissant du déploiement des réseaux à très haut débit fixe, l’un des enjeux essentiels pour la France était de préserver le cadre existant, tout en confortant les outils de régulation, notamment symétriques, mis en place depuis dix ans pour faciliter le déploiement de la fibre.

Après des débats intenses entre tenants de la concurrence et partisans des vacances réglementaires pour favoriser l'investissement dans les nouveaux réseaux, le code préserve les capacités d’action du régulateur vis-à-vis de l’opérateur puissant, tout en reconnaissant les bénéfices que des accords de co-investissement peuvent apporter, sous certaines conditions, au marché.

In fine le nouveau code s’inspire, sur ce sujet crucial, de notre expérience française en matière de régulation du FttH. Il n’y a pas à attendre de modifications profondes du cadre de régulation en place en France.

Outre cette question des déploiements des réseaux FttH, le code a également pour ambition de s’adapter aux nouveaux enjeux du numérique. Il vise aussi à créer les conditions d’une coordination plus étroite entre régulateurs en Europe au sein du BEREC.

Philippe Distler, membre du collège de l’Arcep

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Le Post n°19 (mai 2018)

La neutralité du net au Canada et son importance en cette ère numérique

La neutralité du net est un enjeu qui soulève les passions partout sur la planète. La montée fulgurante de l’utilisation de données engendre d’inévitables enjeux de gestion du trafic. Cependant, alors que les consommateurs se tournent vers les plateformes numériques, il est primordial qu’ils puissent faire leurs propres choix, profiter de l’innovation et échanger librement leurs idées.

Au Canada, nous avons un cadre réglementaire clair à ce sujet depuis 2009, année où nous avons commencé à réglementer les pratiques de gestion du trafic des services internet.

Aussi, depuis 2017, une nouvelle politique régit les pratiques de différenciation des prix, enjeu qui survient lorsque des produits identiques ou semblables sont offerts aux clients à différents prix. Lorsque les fournisseurs de services internet établissent des prix différents selon le contenu, ils influencent en quelque sorte les consommateurs dans leurs choix de certains contenus. Conséquemment, le CRTC (régulateur canadien des télécoms) a déclaré que les fournisseurs de services internet devaient traiter l’utilisation des données de manière égale.

Nous avons donc en place un cadre rigoureux et nous soutenons fermement la neutralité du net. Ceci dit, nous reconnaissons aussi que toutes dispositions réglementaires entourant la neutralité du net doivent être suffisamment flexibles afin de pouvoir s’adapter aux changements qu’amènent les nouvelles technologies. L’avenir nous réserve assurément des défis à ce sujet, notamment avec l’évolution de la 5G et de l’internet des objets.

La neutralité du net est essentielle selon nous, car nous considérons qu’elle s’inscrit avant tout dans l’intérêt du public canadien.

Ian Scott, président du régulateur canadien CRTC

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Le Post n°18 (avril 2018)

Les données sont aujourd’hui au centre de tous les débats, économiques ou sociétaux. Nous commençons à peine à mesurer les possibilités qui seront offertes par l’exploitation de vastes ensembles de données, qui s’intègrent de plus en plus dans le fonctionnement des entreprises et des marchés. Mais la prise en compte des modes d’exploitation des données par les pouvoirs publics, sous l’angle de la déontologie, de la protection du consommateur, du droit à la vie privée, du droit de la concurrence, en est également à ses commencements.

L’utilisation des données des utilisateurs pour optimiser la publicité en ligne est un bon exemple de ses évolutions. La capacité à envoyer des publicités ciblées à un internaute en fonction de ses centres d’intérêt, révélés par sa navigation sur internet, a révolutionné le secteur de la publicité en ligne. Dans le même temps, lnternet devenait le premier média publicitaire, signant par là l’importance toujours plus grande prise dans nos vies par les réseaux numériques. La publicité doit en effet aller là où se trouve le consommateur, là où il passe du temps pour s’informer ou se distraire, là où il achète aussi, de plus en plus, des biens et services. Mais en parallèle, la publicité d’aujourd’hui n’est plus celle d’hier : on peut désormais envoyer une publicité bien spécifique destinée à une personne donnée, et à son intérêt du moment. Pour cela, l’accès aux données, et l’accès aux technologies qui permettent cette adaptation en temps réel de la publicité à l’internaute au site qu’il visite deviennent des facteurs concurrentiels incontournables. Pour jouer à ce jeu, certains acteurs sont particulièrement bien armés. L’Autorité de la concurrence a ainsi, après avoir décrypté le fonctionnement du secteur de la publicité en ligne, identifié les raisons du succès actuel d’entreprises telles que Facebook et Google. Mais sur ce sujet pris sous l’angle de la concurrence, comme s’agissant des préoccupations de vie privée ou de protection contre les manipulations à l’occasion d’élections politiques, nous n’en sommes encore qu’au début …

Isabelle de Silva, présidente de l'Autorité de la concurrence

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Le Post n°17 (mars 2018)

L’identification, le cœur des communications : on veut savoir à qui on parle !

Le « 22 à Asnières » identifiait un lieu géographique et une personne (ou un groupe). Avec le mobile, la localisation s’est évanouie pour laisser la place à la phrase « t’es où ? ». Avec les applis du net, le numéro de téléphone a cédé à son tour : le « 06 » remplacé par l’identifiant d’application. Les fonctionnalités se sont enrichies avec, par exemple, la vidéo ou le chiffrement de bout en bout. De nouvelles applis permettent aujourd’hui d’avoir plusieurs numéros sur un même téléphone mobile, d’établir une « ligne de téléphone » à destinataire unique, etc.

Reste que le téléphone « classique » a encore le bel avantage d’interconnecter des systèmes différents, quand les applis demandent encore à tous les participants d’utiliser la même application. Nous devenons alors une palette d’identité : Skype, WhatsApp, G-hangout, Facebook…

Pourquoi ne pas s’interroger alors sur les moyens de faire communiquer ces identités, et ainsi préserver les vertus des systèmes anciens avant de les déclarer obsolètes ?

Serge Abiteboul, membre du collège de l’Arcep

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Le Post n°16 (février 2018)

Et si téléphoner au fond de son jardin avec son mobile, c’était fini ?

Le gouvernement a conclu un accord historique avec les opérateurs, grâce à un très important travail de concertation mené pendant plusieurs mois par l’Arcep. Parmi les mesures, l’une d’elles est passée presque inaperçue : la voix et les SMS sur Wi-Fi. Pourtant, être obligé de sortir sous la pluie au fond de son jardin pour téléphoner avec son mobile est devenu une image d’Epinal, et une critique récurrente adressée aux opérateurs. Certes, la couverture des territoires ruraux va s’améliorer considérablement, mais la connectivité restera parfois limitée à l’intérieur des bâtiments.

C’est pourquoi l’accord conclu prévoit de généraliser la couverture téléphonique à l’intérieur des bâtiments, en utilisant la voix sur Wi-Fi. Quel que soit l’opérateur, vous pourrez téléphoner avec votre mobile à partir de votre box dès 2018 (et fin 2019 chez Free). Mais, me direz-vous, pourquoi téléphoner de son portable si on a une box, et non pas appeler de son fixe ? Car tout le monde a pris l’habitude d’appeler de son portable : aujourd’hui le portable est le mode principal pour passer ou recevoir des appels ainsi que pour surfer sur Internet, et le mode unique pour les sms.

Dès l’activation de l’option « voix et sms sur Wi-Fi » par votre opérateur (option que vous trouvez selon les modèles dans « réglages » ou « paramètres »), vous pourrez téléphoner et échanger des sms sur votre canapé, si toutefois vous avez un téléphone suffisamment récent.

Monique Liebert-Champagne, membre du collège de l’Arcep

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Le Post n°15 (janvier 2018)

2018 : préparer l’avenir

Le « pivot » de l'Arcep lancé en 2015 s'est traduit en actes et en résultats.

La régulation pro-investissement a permis de remettre le secteur des télécoms en ordre de marche. En 2018, l'Arcep poursuivra dans cette voie avec détermination et fera vivre ses orientations sur le terrain. Des étapes décisives sont à franchir sur la régulation de la fibre, le marché entreprises, la régulation « par la data ». L’annonce d’un « new deal » sur le mobile ouvre un changement de paradigme majeur, qu’il faudra traduire en déploiements rapides.

La dynamique positive du secteur nous oblige désormais à préparer l’avenir. La France ne saurait gâcher son talent en réparant constamment les retards du passé.

L’Arcep veut être un régulateur qui libère les énergies et ouvre grand les portes à tous les innovateurs - je dis bien TOUS les innovateurs. En accompagnant les startups de l’internet des objets avec son « bac à sable réglementaire » et un travail de pédagogie sur les fréquences libres. En mobilisant autour de la 5G, non seulement les opérateurs mais aussi tous les utilisateurs potentiels des « verticales » (industries, infrastructures, équipements publics). En garantissant un droit à innover « sans permission » sur internet, à travers le principe essentiel de neutralité du net ; et au-delà en ouvrant la question des terminaux (smartphones, tablettes, assistants vocaux).

Sébastien Soriano, président de l'Arcep

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Le Post n°14 (décembre 2017)

Les adversaires d’un internet ouvert, neutre, innovant, ont plus d’un tour dans leur sac. L’Arcep a voulu, afin d’en débusquer les pratiques, analyser la manière dont les terminaux et leurs systèmes d’exploitation peuvent brider la capacité des utilisateurs à accéder ou à contribuer aux différents contenus et applications de l’internet : des utilisateurs peuvent ne pas avoir accès à l'intégralité des contenus disponibles en ligne, et des contraintes techniques ou tarifaires peuvent limiter le déploiement ou la mise à disposition d’une application. De même, des barrières au changement peuvent entraver la liberté de l’usager qui souhaite passer d’un terminal à un autre.

Dessiner d’éventuelles pistes d’action, c’est un chantier auquel l’Arcep s’est attelée, en consultant les acteurs en jeu, avec l’ambition de mieux comprendre les mécanismes à l’œuvre, d’informer et de favoriser l’émergence des conditions nécessaires à un internet ouvert.

Françoise Benhamou, membre du Collège de l’Arcep

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Le Post n°13 (novembre 2017)

La concurrence et l’investissement dans les industries de réseaux

Aujourd’hui, tout est connecté à internet, de l’e-santé aux véhicules connectés, en passant par l’agriculture de précision. Nous devons fournir des connexions très haut débit et assurer un accès mobile 5G au plus grand nombre.

Il n’y a pas d’arbitrage entre concurrence et investissement, bien au contraire, la concurrence est un facteur clé des investissements dans les réseaux de télécommunications. Une entreprise hautement concurrentielle est une entreprise qui investit et qui, ce faisant, incite ses concurrents à investir. Prenons comme exemple les opérateurs alternatifs qui ont investi des milliards d’euros dans les infrastructures en France, en Italie ou en Espagne.

Nous sommes convaincus que le Code des Communications Électroniques, présenté par la Commission Européenne, réduira les coûts de construction des nouveaux réseaux. Il incitera les entreprises à co-investir dans les réseaux en zone rurale – à l’aide de fonds publics – alors que cela n'aurait pas été rentable si elles avaient dû investir seules. Nos règles en matière d’aides d’État facilitent le soutien à l’investissement par les gouvernements. Nous encourageons la cartographie des déploiements de réseaux, car cela permet d’orienter les aides d’État vers les zones qui en ont le plus besoin.

Néanmoins, l’investissement n’est pas une fin en soi, car l’investissement ne profite pas directement aux consommateurs. C’est l’impact de l’investissement sur la concurrence : la baisse des prix, la qualité de service ou un usage plus large des services télécoms, qui se traduit en avantages pour le consommateur.

Le lancement par l’Arcep d’une plateforme qui permet aux consommateurs de signaler les dysfonctionnements rencontrés avec leurs opérateurs est un bon exemple de la façon dont les autorités publiques peuvent aider plus directement les consommateurs.

Margrethe Vestager, Commissaire européenne à la Concurrence

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Le Post n°12 (octobre 2017)

Pour favoriser la transition numérique dans l’administration publique, Sciences Po et son École d’affaires publiques ont inauguré cette année un « Incubateur de Politiques Publiques ».

Une approche technologique est en effet aujourd’hui insuffisante pour penser l’Etat plateforme du 21e siècle : la révolution numérique est avant tout une révolution politique, sociale, éthique, économique… En rassemblant ces composantes, nous nous proposons de dispenser une culture du numérique sur les grands enjeux, les points de rupture, l’éthique et le droit, les nouvelles technologies et les systèmes d’information, pour former la fonction publique actuelle et les décideurs de demain à la transition numérique, à une nouvelle culture de l’innovation, de l’entrepreneuriat, du design thinking et du management pour laisser émerger la culture de l’innovation et la capacité de co-construire des politiques publiques avec la multitude.

C’est pourquoi il est essentiel de mettre en place un lieu de R&D sur la transition numérique où s’entrecroisent recherche, formation, et dispositifs d’incubation, où les étudiants et les chercheurs travaillent avec l’ensemble des acteurs, publics, privés et de la société civile, pour proposer des solutions concrètes ayant un impact direct sur la vie des citoyens, en partant de leurs besoins.

L’« Incubateur de Politiques Publiques » est un programme d’innovation, ouvert à toutes les administrations, collectivités, entreprises et à la société civile, qui n’attend plus que vos suggestions et contributions !

Yann Algan, Doyen de l'École d'affaires publiques de Sciences Po

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Le Post n°11 (septembre 2017)

Dualité et convergence

L’accès aux télécommunications passe aujourd’hui par une dualité d’infrastructures : réseaux fixes d’une part, mobiles d’autre part. Chacune connait des évolutions technologiques profondes : déploiement de la fibre optique pour le fixe, de la 4G et bientôt de la 5G pour le mobile.

L’Arcep ne privilégie aucune des deux faces du Janus des télécoms : l’effort d’investissement nécessaire dans les prochaines années doit à la fois délivrer à tous le très haut débit permis par la fibre et améliorer significativement la couverture et la disponibilité des réseaux mobiles. Au demeurant, les deux technologies se complètent en une forme de convergence. Un simple exemple : on peut imaginer des terminaux intelligents choisissant en temps réel le meilleur mode d’acheminement des appels et des données, wifi puis accès fixe ou accès mobile.

Jacques Stern, membre du collège de l'Arcep

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Le Post n°10 (juin 2017)

Internet est devenu indispensable dans notre vie quotidienne, infrastructure économique essentielle mais surtout espace de liberté, d’échange et de partage. Certains se souviennent de la formidable révolution du Web initiée par Mosaic il y a 25 ans qui a ouvert l’accès pour tous à une nouvelle bibliothèque d’Alexandrie numérique.

Si internet a été bâti sur une architecture distribuée et décentralisée, garante de résilience, de liberté et d’innovation, l’émergence d’acteurs importants dans la chaîne technique et informationnelle, crée aujourd’hui un risque potentiel de nouveaux points de contrôle.

Le législateur européen a, dans son règlement sur l’internet ouvert de 2015, consacré ce principe cardinal de liberté d’accès et de diffusion des informations et contenus, d’utilisation et de fourniture des applications et services sans discrimination, par l’intermédiaire de leur service d’accès à internet en imposant aux opérateurs des obligations de neutralité des réseaux, sous contrôle des régulateurs nationaux.

L’Arcep, avec ses homologues européens, s’engage résolument dans cette tâche. Elle a publié le 30 mai un premier rapport sur l’état d’internet en France qui traite de cet enjeu majeur.

Philippe Distler, membre du collège de l'Arcep

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Le Post n°9 (mai 2017)

Le numérique et l’anthropologie !

Notre planète émet des signaux faibles que l’Homme ne sait plus ou n’a jamais su décoder. Des milliards de capteurs dispersés sur la planète alimenteront le cloud et nourriront des algorithmes qui permettront d’anticiper les événements, réduire les risques en maîtrisant les causes. L’IA contribuera dans ce sens à réduire le désordre et rendre obsolète le deuxième principe de la thermodynamique, pour un monde moins chaotique !

Dans une telle perspective, on peut considérer l’IoT comme une composante de la réalité augmentée car l’Homme désormais possèdera un interprète des signaux faibles, directement accessible depuis son mobile !

Ludovic LE MOAN, CEO de Sigfox

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Le Post n°8 (avril 2017)

Se plier en quatre pour l'investissement

Existe-t-il un "chiffre magique" pour le nombre d’opérateurs mobiles sur un marché, permettant d'allier prix bas et investissements élevés ? Cette question a longtemps hanté les arcanes bruxelloises, où opérateurs historiques et grandes banques prêchent sans relâche pour davantage de "consolidation". Avec la proposition de "Code des communications" de la Commission pour réviser le cadre européen des télécoms, les institutions de l’UE sont en passe de sortir de ce débat un peu stérile, en posant sans doute la vraie question qui vaille : quel cadre de régulation pour promouvoir l’investissement dans les réseaux du futur, la couverture des territoires et la compétitivité du continent européen ? Les débats promettent d’être passionnants et j’aurai le plaisir d’y revenir au titre de mes fonctions de président du Berec – organe des régulateurs européens - pour l'année 2017.

La France est quant à elle en train de trouver, si ce n'est l’équation parfaite, du moins une dynamique pragmatique. L'entrée d'un quatrième opérateur mobile aura été un grand succès pour les consommateurs en même temps qu'un choc important pour les concurrents et la filière. Mais les chiffres récents publiés par l'Arcep montrent désormais une tendance encourageante à la stabilisation du secteur, tandis que les investissements repartent à la hausse. En France aussi, c'est le moment de mettre en sourdine les idées de consolidation et de se pencher sur les grands dossiers du secteur - couverture mobile, très haut débit fixe, 5G... Alors que le Gouvernement et le Parlement sont amenés à se renouveler, ils pourront compter sur l'Arcep pour y contribuer à la fois comme régulateur pro-investissement et pro-innovation et en tant qu’expert indépendant au sein de la République.

Sébastien Soriano, président de l'Arcep

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Le Post n°7 (mars 2017)

Monreseaumobile.fr est un nouvel outil cartographique disponible depuis le 22 mars sur le site de l’Arcep, pour mesurer très précisément les performances des réseaux mobiles. Encore expérimental sur la région Nouvelle-Aquitaine, il doit remédier au décalage ressenti par les utilisateurs entre les cartes de couverture et ce qu’ils constatent sur le terrain.

Chantier emblématique de la « régulation par la data », il met l’information au cœur de la régulation et donne à chacun les moyens de comparer, donc de faire des choix éclairés. L’Arcep espère ainsi enclencher un cercle vertueux de valorisation des investissements des opérateurs dans leurs infrastructures.

L’enjeu de ce « choc de transparence » sur le mobile est d’autant plus fort qu’il est utilisé au quotidien par 85% des Français et porte aujourd’hui les deux tiers des échanges en voix.

Martine Lombard, membre du collège de l'Arcep

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Le Post n°6 (février 2017)

Bienvenue dans l’ère de la conversation

Facebook Messenger affiche plus d’utilisateurs actifs au quotidien que l’application Facebook elle-même. Alexa et autres assistants vocaux s’invitent dans les foyers de millions de familles. « Alexa, quel temps fait-il ? » « Alexa, commande-nous du lait pour demain » « Alexa… raconte-nous une blague ?».

65% des Européens et Américains ne téléchargent plus d’app mobile. La majorité d’entre nous en utilise seulement 5 régulièrement. Les réseaux sociaux sont saturés, comme la mémoire de nos téléphones. Dans un contexte où le temps passé sur nos écrans devient moins un plaisir qu’une contrainte, où le modèle économique des médias et services repose de plus en plus largement sur leur capacité à capter et retenir l’attention de leurs utilisateurs, une alternative a déjà émergé : la conversation.

Les progrès exponentiels de l’intelligence artificielle, la lassitude envers les trop nombreuses applications disponibles et plus globalement l’usage des smartphones comme outils efficaces et moins gadgets ludiques, ont fait émerger les interfaces conversationnelles - ou plutôt, les non-interfaces. Plus de compte à créer ni d’apprentissage forcé : la complexité est déportée dans la technologie, les machines interagissent entre elles et essaient de comprendre l’intention de leur utilisateur, pour mieux le servir.

Ces petits robots intelligents, nichés au sein de nos messageries préférées, s’améliorent chaque jour et leurs usages se précisent. Grands publics et déjà adoptés par les millenials, ou professionnels au sein des entreprises, les chatbots font parler d’eux par la discrétion de leur interface, l’invisibilité de leur design, leur volonté de rendre le bon service, à la bonne personne, au bon moment, puis de se faire oublier.

Bonne nouvelle pour votre précieuse attention, bienvenue dans l’ère de la conversation.

Marjolaine Grondin, CEO, Jam

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Le Post n°5 (janvier 2017)

Du rattrapage du téléphone des années 70 au plan France très haut débit, la force de mobilisation du pays autour de grands projets d’infrastructure est avérée. Mais la régulation doit aussi se faire agile pour soutenir, au plus près du terrain, développements de réseaux, numérisation des PME, services de qualité et innovants. Elle doit, en un mot, s’ouvrir aux expérimentations et aux projets des opérateurs pour répondre au souci d’efficacité inlassablement rappelé par les citoyens et les entreprises pour qui « c’est indispensable, vital… il faut que ça marche ! »

Pierre-Jean Benghozi, membre du collège de l'Arcep

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Le Post n°4 (décembre 2016)

"User experience rules"

Pardon pour cet anglicisme ; mais il exprime une notion si forte qu'il semblait nécessaire de l'énoncer sous sa forme originale.

Car, lorsque Mark Zuckerberg, lorsque Larry Page affirment que "l'expérience utilisateur" passe en premier, est la toute première priorité, ils n'en expriment pas moins l'une des vérités les plus fondamentales de ce début du XXIème siècle : l'expérience utilisateur est de nature à imposer de nouvelles formes de réalité. Lorsque l'expérience du VTC est tellement supérieure à celle du taxi, on peut interdire le VTC mais ce n'est désormais pas sans conséquence. Lorsqu'une encyclopédie opensource - Wikipedia- est beaucoup plus accessible et documentée qu'une "Britannica", fut-elle faite par les meilleurs scientifiques au monde, cela définit de nouveaux standards. Or, l'approche des Etats ne consiste que trop rarement à partir de l'expérience -que d'autres appellent le design global- mais beaucoup plus généralement d'une vision théorique. Mais la vision théorique s'accommode beaucoup moins bien de la réalité qu'une expérience vécue.

Certes, on peut objecter que les approches de type "user experience rules" ne prennent généralement en compte que l'intérêt de quelques uns et souvent celui de quelques entreprises hautement capitalistes. C'est bien là où il reste du travail : avoir des approches basées sur l'expérience, et prenant en compte l'ensemble des parties prenantes, et finalement favorisant le bien commun. C'est l'esprit d'une initiative que monte actuellement l'Ecole des Affaires Publiques, en partenariat avec l'Institut Montaigne et Epita. Permettre à des équipes, immergées dans un enjeu social fort, de repenser l'expérience, avec l'appui du digital pour permettre une efficacité accrue de l'action publique, et éventuellement proposer de nouvelles approches normatives.

Gilles Babinet, digital champion auprès de la Commission européenne, entrepreneur

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Le Post n°3 (novembre 2016)

Maintes explications sont apportées à la montée des populismes. La crainte du numérique, la destruction d'un modèle laissant nombre de personnes au bord du chemin, sont souvent évoquées : une destruction peu créatrice, à rebours des prédictions schumpeteriennes. On peut à l'inverse avancer qu'en proposant à chacun, individu ou entreprise, une connexion et une qualité de service optimale, on réduit le sentiment de l'exclusion. Cela implique un effort accru d'investissement, particulièrement dans les zones rurales et pour les plus démunis.

Françoise Benhamou, membre du collège de l'Arcep

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Le Post n°2 (octobre 2016)

La loi pour une République Numérique en quelques mots
La loi pour une République Numérique promulguée il y a quelques jours, vient encourager la croissance numérique mais aussi l'encadrer pour qu'elle respecte des principes fondamentaux tels que le droit à la vie privée ou les droits d'auteur. Elle développe l'accès aux technologies des territoires et des personnes en situation de handicap ou en précarité. Plusieurs de ses dispositions renforcent le rôle des organismes de contrôle type CNIL ou CADA. L'Arcep quant à elle voit ses missions confortées et augmentées grâce à la loi.

Luc Belot, Député, Rapporteur de la loi pour une République Numérique

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Le Post n°1 (septembre 2016)

Bienvenue sur LE POST, notre nouveau rendez-vous mensuel. Vous y retrouverez de la régulation (beaucoup) et du numérique (partout). Architecte et gardien des réseaux d'échanges internet, télécoms fixes, mobiles et postaux, l'Arcep inscrit avec enthousiasme son action dans la dynamique plus vaste de révolution numérique.

Sébastien Soriano, président de l'Arcep

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